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encore ces importantes questions? on ne peut les
a ttribue r à la diiïicullé des moyens d ’inves tigation,
ou bien au défaut d’habileté et de science des voyageurs!
nous avons été vivement préoccupés de cet
état de la science, et, dans les études préliminaires
que nous avons dû faire pour nous me ttre à même
de publier nos observations su r les races océaniennes;
il nous a été démontré que la véritable cause était
dans l’imperfection de l’anthropologie e lle-même.
Cette science est des plus vastes; elle embrasse à
la fois l’histoire morale et physique de l’homme. Ces
deux parties se présentent elles-mêmes sous plusieurs
faces, qui, vu la difficulté et l’importance de leur
étude, demandent à être traitées d ’une manière tout
à lait spéciale.
D’u n c ô té , c’est l’étude de l ’histoire qui prend les
sociétés humaines à leur b e rc e a u , les suit à travers
les siècles, constate leurs progrès et leurs développements,
note avec soin tous les événements qui peuvent
changer leurs moeu rs et leu r physionomie. Près
d ’elle et comme auxiliaires, se placent, l ’archéologie
ou l’étude des monuments a n c ie n s , qui indique les
diverses phases de la civilisation; la linguistique
q u i, là où l’histoire manque^ indique encore les rap ports
et les alliances des divers peuples en tre eux.
D’un autre côté, c’est l’étude de l’homme physique :
i’anatomie ou la connaissance détaillée et approfondie
du corps de l’homme et de ses organes ; la
physiologie qui étudie les fonctions de ces mêmes
organe s, aux différents âges et dans les différents
états de la vie. Vient ensuite l’histoire naturelle de
l’homme. C’est l’homme considéré sous le point de
vue zoologique, et comparé aux autres an imaux, re lativement
à son organisation et à. sa place dans la
classification des êtres.
C’est cette science dont nous nous occupons ici, et
qui jusqu’à présent a été si négligée.
L’ensemble de toutes ces sciences, qui emp ru n ten t
encore à la philosophie u n nouveau secours, constitue
la véritable anthropologie : mais chacune d ’elles,
en particulier, a été étudiée avec soin dans toutes ses
branches d’une manière spéciale, et forme un tout
complet possédant ses lois, ses règles, ses axiomes.
L’histoire zoologique seule de l’homme est restée en
arrière, comme si, occupé de connaître et d ’étudier
tout ce qui l’entoure, le roi des créatures avait dû
négliger sa propre étude. Cette science est encore
dans l’enfance. On la voit s’avancer incertaine, et ne
pouvant ma rche r avec ses propres forces, s ’appuyer
à chaque pas sur les sciences ses soeurs, tantôt empru
n tan t le secours de l’histoire, tantôt celui de l’étude
des langues ou des monuments.
C’est donc cette science naissante que Ton doit
s’efforcer de mettre au niveau des autres sciences, et
à la place élevée qu’elle doit occuper parmi les connaissances
humaines. L’histoire naturelle de l’homme
est assez vaste pour constituer à elle seule une science
à pa rt, ayant ses règles fixes, et féconde en résultats
et en conséquences. Ce n ’est pas q u e lle doive n é gliger
le secours et l’appui des autres sciences r e la -