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86 VOYAGE AU POLE SUD.
produites p a r la domesticité, telles que l’albinisme,
la mélanisme , et des monstruosités de toute espèce.
Un exemple frappant de ce qui a eu lieu pour
la dégénération du coq existe de nos jours.
Deux espèces de faisans, le faisan argenté et le
faisan doré venant de la Ch in e , sont réduites en
domesticité; on est parvenu à allier ces espèces, dont
tout le monde connaît la beauté du plumage, au faisan
commun, et à en obtenir des métis*. Si, pa r suite
de soins et d’artifices, on parvient quelque jour à r e n dre
ces métisféconds, on conçoit de suite quelle nombreuse
série de variétés sera produite par l’alliance
de ces trois types de couleurs si diverses , et de leurs
métis à différents degrés.
Le pigeon domestique est extrêment v a r ié , aussi
les espèces sauvages en sont très -nombreuses .
« Un fait des mieux constatés, dit Pallas", est celui
des oies domestiques , auxquelles on donne fréquemment
pour mâles l’oie de la Ch in e , d’où résulte une
belle race mito y en n e , q u ’on élève en Russie pour
donner des combats. »
(( Un autre exemple connu est la fécondité du
canard musqué avec la cane ordinaire. »
En nous ré suman t, nous voyons les espèces d o mestiques
descendues d ’un type unique, ne se res sentir
nullement de l’influence du climat, et montrer
seulement les quelques changements dns à la domesticité.
Au contra ire , les espèces composées de plii-
1 On peut voir plusieurs de ces métis au Jardin-des-Plantes.
2 Mém. cit.
sieurs ty p e s , offriront nécessairement u n grand
nombre de variétés dans la forme, la taille et la
coloration.
Nous avons dit plus h au t que l’homme n ’avait pas
le pouvoir de c ré e r des espèces nouvelles ; en effet,
ces altérations artificielles des espèces persistent, tant
qu’elles sont soumises au x mêmes conditions de mélange
et de domesticité ; mais ren d e z -leu r la liberté,
remettez-les dans les conditions primitives où la
n a ture les avait p la c é e s , et elles ne ta rd e ro n t point
à recouvrer leurs types primitifs, plus ou moins lentemen
t, selon le plus ou moins d ’altération et de
profondeur des mélanges. La variété des c o u leu r s ,
s ’effacera peu à peu pour faire place à celte couleur
fauve ou noire qui est la m êm e , à quelques nuances
près, pour la plupart des mammifères ; les espèces
descendues d ’un seul type y reviendront promptem
e n t , celles provenant de plusieurs types, mais voisines;
me ttro n t plus de temp s , c ar il faudra que le
type le plus nombreux prédomine. Enfin, les métis
d ’espèces éloignées e t , pa r conséquent, peu fécondes
ou s tériles , s’éteindront dans l’im ou l ’autre de
leurs types.
Ceci est prouvé p a r p lusieurs exemples. En Amériq
u e , plusieurs animaux domestiques ont été ren dus
à l’état sauvage ; a in s i, les Pampas du Chili et
de Buenos-Ayres sont parcourus pa r des troupes de
chevaux sauvages, e tc .*; ils pré sentent tous les phénomènes
que lions venons de citer.
1 Voir le mémoire déjà cité, de M. Roulin.