60 VOYAGE AU POLE SUD.
telles n ’agir que sur les caractères les plus superficiels,
la couleur, l’abondance du poil, la taille de
l ’animal.
« Le loup et le ren a rd habitent, dit-il, depuis la
« zone torride jusqu’à la zone glaciale, et dans cet
« immense intervalle, ils n ’éprouvent d ’autre variété
« qu’un peu plus ou u n peu moins de beauté dans
« leur fourrure. Une c rinière plus fournie fait la seule
« diiférence entre l’hyène de Perse et celle de Maroc.
« Que l’on prenne, a jo u te -t-il, les deux éléphants
« les plus dissemblables, et que l’on voie s’il y a la
« moindre différence dans le nombre et les a r t ic u la -
« tions des os, dans la s tructure des dents, etc. »
« Les variations sont, il est vrai, beaucoup plus
grandes dans les animaux domestiques, mais elles
sont toujours superficielles. Celles du mouton portent
principalement sur la laine, celles des boeufs sur la
taille, su r des cornes plus ou moins longues ou qui
manquent, sur une loupe de graisse plus ou moins
forte qui se forme sur les épaules, etc. Là est le maximum
des variations connues dans le règne animal ;
et, quant à l’opinion de quelques naturalistes qui se
rejettent sur l’effet du temps pour changer le type
des espèces, non-seulement cette opinion est sans
preuves, mais elle a même contre elle des preuves
formelles et décisives. « L’Egypte nous a conservé
« dans ses c a ta comb e s , dit M. Cuvier, des chats, des
« chiens, des singes, des têtes de boeuf, des ibis, des
« oiseaux de proie, des crocodiles, e tc ., et c e r ta in e -
« ment on n ’aperçoit pas plus de différence en tre ces
« êtres et ceux que nous voyons qu’entre les momies
« humaines et les squelettes d ’hommes d ’an jo u r -
« d’iiui. » (Guvier, Discours sur les révolutions de la
« surface du globe.) »
C’est à ces influences que Blumenbach attribuait
toutes ces variétés de forme, de stature, de coloration
si nombreuses et si diverses q u ’on rema rq u e chez
les animaux domestiques, et il se fondait sur ces différences
pour expliquer celles qui existent chez les
divers rameaux du genre humain. On croirait p eu t-
être que ces déductions sont rigoureuses, que les
liens qui unissent les effets aux causes sont montrés
d’une manière nette et précise ; il n ’en est rien. En lisant
le livre de Blumenbach *, on ve rra que cet auteur
s’est borné à grouper, à réu n ir en u n seul faisceau
tous les exemples qu’il a pu trouve r de variétés, de
dégénérescences des animaux domestiques , quelles
qu’en fussent les causes. Parmi ces exemples, les uns
sont e r ro n é s , d ’autre s sont pour ainsi dire puérils ;
d’autres enfin ne sont que des monstruosités accidentelles
: souvent aussi il rapporte à la même espèce
d ’antres espèces distinctes. En un mot, il serait facile
de réfuter un à un chacun de ses exemples. Quant a
mo n tre r la concordance qui existe entre les causes
et les effets, entre les influences toutes puissantes du
climat et les variétés qui en résultent, il ne le peut, et
les trouvant insuffisantes, il termine en disant que :
« Les influences médiates de semblables causes p e u -
t De generis humani varietate nativâ.