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64 VOYAGE AU POLE SUD.
Ainsi, des espèces voisines ne peuvent-elles p ro duire
des iiiélis féconds, ou bien, en s’alliant à l’une
ou à l’autre des espèces primitives, ces métis ne peuvent
ils altérer ces espèces?
Le climat et les autres intluences sont-ils réellement
les seules causes de la variation des animaux
domestiques? Ou b ien , suivant le grand naturaliste
Pallas, ces variations ne sont-e lles dues qu’à des
croisements d’espèces?
E n f in , ces variations expliquent-elles celles que
présentent les races humaines?
Telles sont les questions que nous allons examiner.
Nous avons vu que les lois de la na ture se trad u isaient
chez les animaux par des forces invincibles, auxquelles
ils obéissaient aveuglement, et auxquelles on
a donné le nom d ’instincts. Parmi ces instincts, l’un
des plus puissants est celui de la reproduction. Cette
force, que Blumenbach appelle impulsion génératrice,
s’exerce chez les animaux libres et à l’état sauvage
d’une manière régulière et constante ; mais la pe rversion
en est facile. Si un animal, jusqu’alors vivant
en liberté, vient h être enfermé, au moment fixé par
la nature, l’iiupulsion génératrice se fera sentir d’autant
plus vivement que Tanimal est isolé ; si alors on
lui présente une femelle d ’une espèce voisine, l’animal
obéira aveuglement à rins tinc t qui le domine ;
quelquefois l’accouplement aura lieu; il sera souvent
fécond, et un nouveau ty p e , type métis participant
également du père et de la mère, sera produit.
Il n ’en est pas ainsi dans tous les c as ; souvent
l’accouplement n ’a pas Heu; d ’autres fois, il n ’est
point fécond.
En liberté, à l’état de n a tu re , ces accouplements
d ’espèces à espèces doivent être fort rare s *. La plupa
rt des exemples q u ’on cite ont eu lieu chez des
animaux captifs. Ainsi, laissant u n instant de côté
les animaux domestiques chez lesquels la perversion
de l’impulsion génératrice est plus facile, nous tro u verons
des métis chez les animaux les plus sauvages.
« Le lion a produit dans notre ménagerie, le tigre
a produit à Londres; et ce qui est hien plus notable,
c’est qu’on y a vu, dans ces derniers temps, un mulet
né du mélange de ces deux espèces
«L e loup, le chacal pi’oduisent avec le chien®.
F. Cuvier a vu naître dans la ménagerie du Muséum
un métis ou mulet de singe. Ce métis provenait de
l’union croisée de deux espèces de macaques, le
honnet-chinois et le macaque proprement dit
«L e chacal du Sénégal et celui de l’Inde sont
deux espèces très -dis lincte s , toutes deux sauvages
i « Les espèces pures cl originales, qui sont l ’oeuvre de la création, ne
se mêlent jamais dans l’état de simple nature; l’instinct, tes inimitiés réciproques
les tiennent éloignées. (Pallas, Mémoire sur les var iations des
an imau x . )— On cite pourtant quelques exemples du contraire, notamment
chez les insectes.
A Flourens, De l'insline t et de Vintdligence des animaux, p. 89.
- i d . , p. % .
4 îd . , {), 8o.