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II
Distribution géographique des Bimanes.
En examinant l’o rdre des bimanes sous ce point
de vue de distribution géographique, viendra -t-il
faire exception aux principes que nous avons posés
pour les» autres ordres de mammifères? Retrouvero
n s -n o u s chez l’homme cet instinct qui retient au
sol les autres animaux? Sans nul doute! cet instinct
existe chez l’homme comme chez les animaux, et
rien ne peut l’effacer; il y est peut-être plus puissant
encore. Dans l’état voisin de n a tu re , qu’on appelle
sauvage, l’homme tient à son pays, à son climat;
ceux q u ’on en retire languissent et meurent la plup
a rt du temps. Quelle que soit l’aridité du sol, l’in tempérie
et la rigueur du climat, le sauvage ne cherche
point à le quitter p o u r des contrées plus douces
et plus fertiles, e t le Groënlandais préférera ses fri-
mats éternels et son huile de baleine aux régions
tempérées et à toutes les douceurs de la civilisation.
Si de l’état sauvage nous nous élevons à u n degré de
civilisation plus avancé , nous voyons encore cet
instinct dans toute sa force. Qui ne connaît les funestes
effets de la nostalgie? Souvent, le jeune paysan que
les lois de son pays a rra ch en t à son village , languit,
dépérit de jour en jour ; il meurt, il s’éteint en répétant
le nom de son p a y s , dont la vue seule l’aura it
guéri !
Chez les nations qui ont atteint le summum de la
civilisation, cet instinct se retrouve encore ; il prend
alors le nom d’amour de la patrie, et sa puissance est
telle, que pour lui on n ’hésite pas à verser son sang
et à sacrifier sa vie !
Mais ce n ’est qu’u n in s tin c t, avons-nous d i t , et
chez l’homme l ’intelligence l’emporte. Néanmoins,
lorsque, entraîné p a r la passion des découvertes, le
désir des r iche sse s, l’homme abandonne sa patrie, il
pa rt toujours avec fe sp o ir d ’y revenir, de la revoir
u n jour.
C’est en grande partie à la puissance de cet instinct
q u ’on doit a ttribue r fimmobilité de plusieurs r a meaux
du genre huma in. De nos jours, une foule de
peuples habitent encore les lieux qui furent leur b e r ceau.
Cela pa ra îtra hors de doute pour la plus grande
partie du globe; ainsi, pour F Amérique, l’Océanie,
l’Afrique presque entière. Le peu de progrès en civilisation
des peuples qui les h a b ite n t , l’absence de
toute histoire et de toute tradition, tout doit faire supposer
qu’ils n ’ont jamais quitté les pays où on les voit
de nos jo u rs ; l’homme à l’état de n a tu re n ’est point
cosmopolite. Mais il n ’en est pas de même de l’ancien
continent, c ’est-à-dire de l’Europe et l’Asie. L à , les
guerres sans n omb re , les migrations, les invasions
d’espèces étrangères , donneraient à penser qu’on ne
doit plus retrouve r que des mélanges, et que la trace
des types primitifs s’est perdue au milieu de croisements
sans nombre.
Il ne paraît point cependant en être a in s i , et sui