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L’idée d ’une civilisation antique p ro p re à ce p euple
et différente de la civilisation des peuples de l’Asie,
est u ne chimère des e th n o g rap h es ; rie n n e la
p ro u v e.
Les seuls vestiges de civilisation ancienne q u ’on
tro u v e p armi les Malais so n t évidemment dus aux
p rem iè re s colonies indoues q u i , avec la religion
de Boudha, y in tro d u is ire n t l’idée de l’é c riliire ,
idée qui se modifia suivant le génie des différents
peuples ; tels sont les Rejangs et les Rattas de Sumatr
a , qui tra c en t su r des bambous, avec la pointe de
le u r kriss, comme les Chinois, u n a lp h ab et différent
de celui des a u tre s n a tio n s. De cette même source
indoue v in re n t ces fragments de litté ra tu re et de poésie,
e t ces temples grandioses de Roro-Bodor e t de
B ran b an an , co n sacrés à Boudha, et d o n t on voit e n core
les restes dans l’île de Java ®
Depuis cette époque, l’intro d u c tio n de l’islamisme,
les conquêtes et les colonies européennes et chinoises,
le développement du commerce, les rela tio n s fré quentes
avec les Indous, les Arabes, les E u ro p é en s et
les Chinois, e n tre tin re n t p a rm i le peuple malais un
c e rta in degré de civilisation; mais on p eu t d ire
q u ’elle est restée sta lion n a ire depuis de longues a n nées,
et que, loin de p ren d re au cu n développement,
elle décline de jo u r en jo u r,
« « Le r.oudhisme pénétra aussi dans l’archipel d’Asie ; il dut compter
de nombreux prosélytes à Java, si l’on en juge par les restes des monuments
de ce culte qu’on y rencontre à chaque pas, et par finlluence
qu’il exerça sur le développement de la littérature javanaise. {Mém. sur
les langues et la lit térature de l ’archipel d’Asie, par M. Ed. Dulaurier,
Aujourd’hui, les Malais o n t d ans to u t l’Archipel les
mêmes m oeu rs et les mêmes coutumes, q u ’ils soient
soumis aux Européens ou à leu rs chefs ou rajah s,
réu n is en populations nombreuses ou en pe tites
peuplades ; q u ’ils se liv ren t à la p ira te rie su r leurs
longs prao s, comme aux îles Solo et dans les d é tro its ;
q u ’ils cultivent le riz et le poivre, comme à S um a tra ,
ou q u ’ils p a rco u ren t les mers p our p ê ch e r le tripang ;
p a rto u t les Malais sont les mêmes, o n t les mêmes h a bitudes
e t le même g en re de vie.
Ils sont indolents, p a resseux, jo u eu rs , lu x u rieu x ,
perfides e t féroces. S o n t-ils certain s d’avoir leu r
subsistance du jo u r, ils se rep o sen t. Or, p o u r q u e lques
centimes, ils se p ro c u re n t assez de riz ou de farin
e de sagou p o u r le u r ñ o u rritu re d ’u ne jo u rn é e .
Alors, ils s ’é te n d e n t, m âch en t le b é te l, et rien au
monde ne les fo rc e ra it à trav a ille r *.
« Les Aîalais, dit Marsden", sont fo u rb e s, ru sé s e t
fau x ... La v é ra cité, la g ratitu d e e tr in té g r ité sont des
v e rtu s inconnues parmi e u x ... Ils sont jaloux e t vindicatifs.
L eu r v a leu r est passagère et l ’effet d ’u n e n thousiasme
momen tan é , qui les ren d capables d ’actes
incroyables de d é sesp o ir... Cependant, ils souffrent
la m o rt avec une constance e t une tran q u illité é to n n
an te s. On a comparé le Aîalais au buffle ; indolent,
o piniâtre e t voluptueux dans son é ta t domestique;
« A Batavia, il y a un dicton populaire, trivial et grossier ; mais qui n’eu
est pas moins caractéristique. « Lorsqu’un Malais a faim, il va au bord
de la mer, dépose ses excréments, s’en sert d’appât pour ses hameçons,
prend du poisson, le vend, achète du riz et se repose. »
3 Ouvr. cité, p. 320.
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