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i :
arbres h fruits, légumes, graminées, croissent égale-
men ten Asie, en Europe, en Amérique, à la Nouvelle-
Hollande; partout ils sont les mêmes, quel que soit le
plus ou moins de développement donné à leurs tiges
ou h leurs fruits, soit par la culture, soit pa r un sol
plus substantiel et plus fertile. Les changements q u ’ils
ont éprouvés sont, pour ainsi d i r e , inappréciables et
ne d étruisent en rien leurs carac tère s spécifiques, qui
les feront toujours reconnaître, même aux yeux les
moins exercés.
Une foule de plantes des tropiques, d ’utilité ou
d’agrément, transportées dans nos climats, ne p ro duisent
point de fruits, se rabougrissent, mais c epend
an t conservent toujours leurs formes; d ’autres languissent
et meurent, mais ne changent point.
S o u v e n t, le botaniste est surpris de ren c o n tre r certaines
plantes à de grandes distances de leur habitation
originelle; quelle q u ’en soit la cause, elles sont
les mêmes dans ces conditions différentes ‘.
Enfin, les plus grands changements que peuvent
présenter certaines plantes, suivant M. W. Edwards,
sont ceux-ci ^ : « Des plantes se couvrent ou se d é -
« pouillent de poils et d ’épines, leurs feuilles se d é -
« coupent, leurs fleurs se colorent diversement, leurs
« pétales se multiplient, leurs fruits changent de s a -
1 C’est ainsi qu’à la baie de l’Astrolabe à la Nouvelle-Zélande, on trouve
les Typha angus tifolia, Scirpus lacustris, Triticum repens, Plantago
major, Alsine media, Ranunculus acris, etc. (Voyez la botanique du
Voyage de \'Astrolabe, 1832).
* W. Edwards, Des caractères physiologiques des races humaines,
page 8.
« veur, et le u r taille s’élève ou s’abaisse, suivant la
« te r r e et le ciel de leur nouvelle p a tr ie .................... .
« Elles peuvent donc s’a ltére r profondément, mais
« elles conservent presque toujours quelques uns de
« leurs traits primiiifs qui rappellent leur origine, »
Ajoutons que ces changeùients ne sont pas dus seulement
au c limat, mais à plusieurs autres influences
bien plus puissantes, telles que les divers procédés de
culture*.
De même que l’homme a transporté partout les
végétaux utiles, de même aussi i! a mené h sa suite
plusieurs espèces d ’aniinaiix; mais ici, d’autres influences
viennent se mêler h celles du climat ; parmi
les nombreuses variétés que présentent les animaux
domestiques, plusieurs nous paraissent dues surtout
aux croisements d’espèces différentes. Je m’efforcerai
plus loin de traiter la question encore si obscure
des animaux domestiques; jiarnii ceux qui me paraissent
purs de tout mélange, je citerai seulement ici
le buffle, qui a été transporté d ’Asie en Grèce et en
Sicile vers le vu® siècle. Depuis celte époque, il n ’a
* « c ’est ainsi que riiomme inquiet et laborieux, en parrourantles diverses
pariiesdu monde, a forcé un certain nombre de végéiaux d’babi-
ter tons les climats et toutes les hauteurs, mais cet empire exercé sur
les êtres organisés n’a point dénaturé leur structure primitive. I a pomme
de terre, cultivée au Chili, à 3,600 mètres de hauteur, porte la même
fleur que celle que l’on a introrlnite dans les plaines de la Sibérie. L’orge
qui nourrissait les chevaux d’Achille était sans doute le même que nous
semons aujourd’hui. Les formes caractéristiqncs des végétaux et des animaux
que présente la surface actuelle du globe ne paraissent avoir subi
aucun changement depuis les époques les plus reculées. » Al. de Humboldt,
Géographie des plante s , page 2 7 .