Ce n ’est point ici le lieu de re ch e rch e r si les lois
qui président à la distribution géographique des
mammifères régissent aussi les animaux des autres
classes. Plus t a r d , je m ’efforcerai peut-ê tre de tra ite r
cette importante question; seulement, je citerai ici
quelques exemples, pris surtout parmi les êtres q u i ,
au premier ab o rd , paraîtraient en être les plus éloignés,
et qui c ep en d an t, quelque étendu que soit leur
h a b ita t, n ’en franchissent point les liiniles.
Quoique, en général, la plupart des naturalistes
n ’aient point approfondi la question de dislribuüoii
géographique des oiseaux, en les voyant doués de si
puissants moyens de locomotion, il n ’est point douteux
cependant que leur habitalion ne soit soumise à
des règles analogues à celles qui régissent les mam-
mifè re sb Malgré la puissance de leur vol, a-t-on vu
le lammer-geyer abandonne r les cimes des Alpes, et
le condor celles des Cordillères? Mais citons u n
exemple qui prouve de la manière la plus frappante,
cette puissance des lois de la nature. Une nombreuse
famille d’oiseaux, celle des procéda ridées ne touche
la terre que pendant quelques jours de l’a n n é e , et
seulement p our y pondre ses oeufs. Ces oiseaux passent
le restent de leu r vie à la mer. Leur puissance
de locomotion est immense ; elle su rp a s s e , sans con-
1 M. Desmoulins lui-même, dans son excellent mémoire sur la D i s tribution
géographique des animaux vertébrés, ou il établit que ;
« chaque forme paraît avoir un centre propre d’existence, » en excepte
cependant les oiseaux, « à cause de l’extension indéfinie des roules que
l’atmosphère leur ouvre autour du globe. »
tred it, celle de tous les autres oiseaux, car elle
s’exerce continuellement. Cependant, malgré ces
puissants mo y en s , malgré des abstinences réitérées
de plusieurs jo u r s , on ne voit point ces oiseaux abandonner
leurs localités. 11 y a des espèces au nord et
au s u d , elles diffèrent les unes des autres , et entre
ces deux extrêmes se trouvent d’autres espèces également
différentes C Aucune espèce d ’oiseaux n ’est
commune à l’ancien et au nouveau continent, et
les genres et les espèces qu’ils ren fe rmen t sont
limités , non à leur é ten d u e , mais à quelques points
seulement de leur surface. Bien plus, la p lupa rt des
petits archipels de l’Océanie, si n om b r e u x , souvent
si r a p p ro c h é s , dont toutes les productions sont à
peu près les m êm e s , offrent c ependant des espèces
d’oiseaux différentes les unes des a u t r e s , et p ro pres
à leur sol.
La nombreuse classe des poissons paraîtrait devoir
faire exception aux règles que nous avons exposées,
vu les circonstances où elle se trouve , subordonnée
ii la fois, aux vents , aux courants qui peuvent
transporte r des espèces ou leurs germes loin des
climats qu’elles habitent ordinairement. 11 n en est
cependant point ainsi; chaque mer a ses poissons, on
pêche dans la Médiierranée des espèces qu’on n a
jamais rencontrées su r les côtes de l’Océan. Les stations
des poissons sont bien plus nombreuses qu on
1 Voir notre Mémoire sur les Procellaridées. (Comptes-rendus de
l’Académie des Sciences, Mai 1844.)
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