A R T I C L E I I .
Des vaisseaux hépatiques des crustacés et des
insectes.
Q uoique les crustacés aient encore un coeur et
des vaisseaux, la plupart n’ont déjà plus de foie
proprement dit ; leur organe générateur de la bile
est composé d’une quantité de petits tubes aveugles.
C’est apparemment comme le pancréas des poissons
, que l’on juge être remplacé par cette multitude
de cæcums qui s’ouvrent à l’origine de l’intestin.
Les cæcums hépatiques des crustacés décèlent
aisément leur nature; ils sont de couleur jaune ;
leurs parois semblent spongieuses ; la liqueur qu’ils
produisent est brune et amère ; c’est elle qui donne
son amertume à ce que l ’on nomme la farce dans
les écrevisses ; car les cæcums hépatiques remplissent,
avec l’estomac , presque tout le thorax de ces
animaux : et dans le bernard-hermite, ils remplissent
encore presque toute la queue.
Les mantes de mer ( squilla. Fab. ) font exception
à la règle ; elles ont un foie , rangé par lobes
des deux côtés de toute la longueur du canal, et
qui est solide et tout-à-fait semblable à une glande
conglomérée.
II y a encore moins d’apparence de foie dans les
insectes proproment dits, que dans les crustacés
Sect. II. Art. II. Vais, hepat. des ins.
ordinaires 5 comme le défaut de vaisseaux sanguins
les empêche d’avoir aucune glande , la bile es ,
produite chez eu x , comme toutes les autres sécrétions
, par des vaisseaux minces, à parois spongieuses,
lesquels flottent dans le fluide qm baigne
toutes les parties , et y puisent, par l’orgamsaüon
de leur tissu, les élémens propres a former cette
liqueur. • '
Ces vaisseaux existent également dans 1 état de
larve et dans celui d’insecte parfait ; la liqueur
qu’ils produisent et qu’ils contiennent les teint de sa
propre couleur ; le plus souvent ils sont jaunes ;
quelquefois, comme dans les scarabés et les ce-
rambyx , ils sont d’un blanc opaque ; d’autres fois,
comme dans , les ditisques , d’un brun fonce. Leur
goût amer est dû à cette même liqueur ; et il est
probable qu’elle auroit beaucoup des qualités de la
bile, si l’on pouvoit en obtenir assez pour l’analyser.
Les vaisseaux varient pour le nombre ; quand ils
sont plus nombreux , ils sont aussi plus courts; ,de
manière que la totalité de leur surface reste à peu
près la même. Ils aboutissent quelquefois tous à un
canal excréteur commun, qui se rend dans l ’intestin.
C’est le cas du grïllo-talpa. Leur insertion se
fait d’ordinaire après les estomacs ; quelquefois cependant
elle n’a lieu, comme dans les sauterelles,
que vers le milieu du canal intestinal; ou même ,
comme dans les demoiselles , vers la fin. Les cloportes
seuls les ont insérés tout prè^s de l’oesophage.