lèvres qu’on est obligé de serrer l’une contre l’autre,
et de roidir, semblent remplir 1’office des anches
des instrumens précédens j c’est meme par leur
prolongation , ou par leur raccourcissement, qu on
rend les sons graves et aigus.
L e tuyau ne paroît donc point produire de son
lui-même ; et il ne fait que modifier, diriger ou
augmenter celui qui est produit a son embouchure
par le corps sonore qui y brise l’a ir , et qui communique
ses vibrations à l ’air contenu dans le
tuyau, comme il le feroit a la ir extérieur.
Mais il y a cette différence, que l’air libre transmet
des vibrations de toutes les vitesses, et par
conséquent des sons de toutes les hauteurs : tan-
dis qu’un tuyau d’une longueur donnée ne peut
transmettre qu’une certaine suite de sons , qui
sont au plus grave d’entre eu x , comme les nombres
naturels 2 , 3 , 4 , 5 , etc. sont à l’unité, et qu’on
nomme, les sons harmoniques , de ce son le plus
grave, lequel s’appelle le sonfondmnentçil. Cela
pourroit venir de ce que l’air libre peut elre considéré
comme un assemblage de tuyaux extrêmement
longs, dont le ton fondamental est extrêmement
grave , et tel que tous ceux que nous pouvons
apprécier et distinguer sont ses multiples.
Ce principe posé, si nous comparons l’organe
vocal des quadrupèdes avec celui des oiseaux, nous
apercevrons bientôt la différence de leur nature.
L a trachée-artère des mammifères est un tube
continu, sans aucun rétrécissement , ni sans aucune
lame susceptible de vibrer , excepté à son extrémité
supérieure où est la glotte. L e son ne se formant
qu’à l’issue de la trachée , ce tuyau ne peut servir à
le modifier : il 11e peut être comparé qu’au tuyau du
soufflet de l ’orgue ou à tel autre canal qui amène-
roit l’air à l’embouchure de l’instrument ; et la seule
partie de l’organe vocal des mammifères que nous
puissions comparer au tube d un de nos instrumens
à vent , c’est celle placée au-devant de la glotte,
je veux dire la bouche et la cavité nasale.
O r , en considérant non-seulement la dissimilitude
de ces deux cavités avec tous les instrumens qui nous
sont connus, mais encore les moyens presque infinis
que nous avons d’en changer la longueur, le
diamètre, la figure et les issues, moyens qu’il est
presque impossible de déterminer assez exactement
pour en tirer des conséquences physiques, on ne
s’étonnera pas des difficultés que présente la théorie
de notre organe vocal.
Dans les oiseaux, il y a au bas de la trachée , à
l’endroit où elle se partage en deux pour pénétrer
dans les poumons, un rétrécissement, dont les bords
sont garnis de membranes susceptibles de tensions
et de vibrations variées ; en un mot, il y a là une
vraie glotte, pourvue de tout ce qui est nécessaire
pour former un son. Et ce n’est pas seulement par
l’inspection des parties que je me suis assuré de ce
fait ; l’expérience me l’a confirmé.
J ’ai coupé la trachée-artère d’un merle vivant,
à peu près au milieu de sa longueur ; et j’ai secoue
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