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son ne monte pas à proportion qu’on ouvre un
plus grand nombre de ces trous ; il paroîl qu’on
doit les considérer, dans le plus grand nombre
des cas, comme des moyens de raccourcir le tube
de l’instrument.
J ’ai fait faire un instrument , en forme de flûte à
b ec , ou un sifflet, dont le tube étoit cylindrique ,
et sans trous latéraux, et à l’extrémité duquel pou-
voient s’adapter des rouelles de bois, dont l’une
étoit pleine, et le fermoit complètement, et dont
les autres avoient chacune dans leur milieu un
trou d’une grandeur déterminée. Lorsque le bouchon
plein étoit placé, le son baissoit d’une octave;
mais, lorsqu’on y mettoit les bouchons percés, il
montoit ou il descendoit entre l’octave fondamentale
et l’octave au-dessous , selon que l ’ouverture
étoit plus grande ou plus étroite ; en sorte qu’en
ajustant bien les ouvertures, on auroit pu produire
les notes de cette octave-là par ce seul moyen.
L a pratique des joueurs de cor nous apprend
la même chose, car ils font un peu baisser leur instrument
en enfonçant la main dans le pavillon ;
mais cet abaissement est borné , dans le cor , à un
ton, ou à peu près , sans doute , parce que sa
forme fait qu’on ne peut en fermer l’ouverture ,
qu’en enfonçant la main assez avant, et par conséquent
en raccourcissant l’instrument, ce qui diminue
l’effet de la fermeture en produisant un
effet contraire.
L e larynx supérieur des oiseaux, ainsi qu’on
le verra par la description que j’en donnerai , a
une ouverture qui peut s’élargir ou se rétrécir ;
mais il n’y a point de partie qui puisse vibrer , en-
core moins qui puisse s’allonger ou se raccourcir ,
se tendre ou se relâcher, de manière à produire
et à varier un son ; je crois donc que son usage est
de fermer ou d’ouvrir plus ou moins î’orifice supérieur
de la trachée. Or, vous voyez, par les expériences
précédentes, que ces diverses ouvertures
peuvent faire parcourir au son toutes les notes
d’une octave quelconque, pour laquelle lu trachée
et ses anches seroient disposées.
Il n’en faut donc pas davantage pour donner a
la voix des oiseaux toute la perfection imaginable
, puisque dans toute l’étendue de leur voix il
ne sera pas une seule note par laquelle ils ne
puissent passer.
Si l ’oisçau veut chanter le si de sa première oc *
tave par exemple, qu’il ne pourroit produire que
très-difficilement par le raccourcissement de sa trachée
, il disposera son embouchure de manière à
chanter Vut au-dessus ; ce qu’il fera facilement, cet
ut étant l’octave , et par conséquent un harmonique
du son fondamental. Alors il fermera un peu son
larynx supérieur , et en baissant ainsi d un semi-
ton majeur, il donnera le si demande.
S ’il laisse à sa trachée toute sa longueur , et à
son embouchure, sa disposition pour le ton le plus
bas qui corresponde à cette longueur-là, l’oiseau
pourra encore baisser presque d’une octave, en