
nez. Quelquefois, prenant la chose au vif
je les voyois s’indigner, hausser les épaules,
éclater eu imprécations. Jfe me rappelle que,
voulant, pour les piquer au je u , rabaisser
leurs facultés et leur intelligence, je les com-
parois à celles qui , dans la capitale d’un
grand pays, dans Paris, par exemple, procu'
rent sans travail une subsistance brillante à
une tourbe prodigieuse de vauriens, et qu’on
décore du nom modeste d'industrie. Je leur
présentais sous mille formes les ressources I
habiles de ces caméléons, et rehaussois de j
beaucoup leur mérite ; avec quelle satisfaction
je les voyois préférer, d’un accord
unanime, la simplicité de leur vie cham- j
pêtre et douce à mes tableaux séduisans, et
regarder ces ressources comme des moyens I
vils et mesquins pour un peuple qui se
vante de sa supériorité sur les peuples de la
nature ! Braves humains, qu’on nons peint
dévorant leurs scmblahles, et qu’un enfant
auroit conduits ! paisibles Hottentots, couvrez
les 4e vos mépris ces mortels qui vous
réduisent en esclavage, etne vous distinguent
des bêtes que parles traitemens cruels qu’ils
leur épargnent pour vous en accabler !
Mes animaux étoient si bien habitués à se
mêler parmi nous, que souvent j’étois contra
in t d’en faire lever plusieurs pour arriver
jusqu’à ma tente. J’avois quelques moutons,
que je ménageois comme une ressource
co n t re la disette ; mais j’en conservais toujours
d’anciens pour habituer les nouveaux
yenus.
Le canton que nons habitions étoit rempli
Je perdrix de trois espèces différentes, l’une
entr’autres de la grosseur de nos faisans.
C’étoit notre nourriture ordinaire. ¡Nous les
mettions par vingtaine dans nos marmites ;
elles nous donnoient d’excellens consommés
et de bons bouillis, Noirs trouvions aussi
dans les forêts de Mimosas, une espèce de
gazelle , que les colons nomment bosch-
bock (bouc dés b o is ) ; elle est de la grandeur
de ntos chèvres d’Europe ; sa peau est
d’un bnin noirâtre, et porte quelques taches
blanches sur la cuisse. Je ne connois point
de mets plus exquis p j’en tuai plusieurs ,
ainsi qu’une antre espèce plus petite, nommée
grys^bock ( houe gris) , dont je donnerai
la description par la suite.
Mon séjour dans cet endroit «voit considérablement
augmenté ma collection en insectes
et oiseaux précieux. Un particulier