dernière tentative, accablé par sa propre!
fatigue, par celle de son cheval, et le poids!
des malheureux qui s’étoient jetés en foule!
sur lui, dans la crainte qu’il ne retoqrnâti
plus au vaisseau avant qu’il fût entièrement!
submergé. On peut voir une description!
très-détaillée et très-attendrissante de cette!
catastrophe, dans le Voyage au Cap, du!
docteur Sparmann.
Enfin 5 le vent s’étant déclaré favorable!
nous levâmes l ’ancre le 19 décembre 178i l
à onze heures du matin, veille précise délai
déclaration de guerre de la part des Anglais!
à la Hollande. Vingt-quatre heures plu!
tard , la compagnie ne nous auroit pas peri
mis de partir j ce qui seroit venu fort mal!
à-propos me contrarier et renverser peut!
être toutes mes résolutions, et plus encore!
mes espérances. Un très-gros temps , et une!
brume fort épaisse nous permirent de tra!
“verser la Manche sans être apperçus ‘ del
Anglais ; nous gagnâmes la pleine mer, fen!
dant les îlots en toute sécurité, et ne sôupl
çonnant pas que le feu de la guerre se fût!
embrasé de toutes parts. Nous allions tantôt!
bien, tantôt m a l, et suivions le Mercure 1
autre vaisseau de la compagnie, qui-faisoitl
même route que noua, et nous commandoit.
Jusques-là, notre voyage ne nous offrit nen
de remarquable ; mais nous devions nous
ressentir bientôt de l’ebranlement général.
¡t Je savois que, dans une traversée de trois
ou quatre mois, peut-être de six, j eprou-
verois plus d’un instant de désoeuvrement et
d’ennui5 en conséquence, je m’étois précautionné
là-dessus, avant de pa rtir, et
j’avois emporté quelques livres , parmi mes-
Traités ¿’Histoire naturelle et mes Relations
de Voyages, j’avois celui de la Caille
au Cap de Bonne-Espérance; Je m’amusois
de préférence à le lire ; mais je me rappelle
qu’un jour, tombant sur un passage antiphilanthropique
, et plein de fanatisme, je
jetai tout-à-coup le livre avec humeur , et>
me promis bien de n’en pas continuer la lecture.
V oici ce passage : <c L ’usage d’aller a.la
»chasse des Nègres fugitifs et brigands,
» comme à celle des animaux sauvages, n’a
» rien qui puisse choquer la délicatesse eu-
» ropéenne • du moment ou des hommes
» utiles dans la société rènoncènt à leur état,
» par un esprit de libertinage et de cupidité,
» ils sedégradent au+desgous des bêtes, et
» méritent les plus rigouré^X traitemens t e