la potence ) à cinq heures du soir ; le lieu ne
manquoit pas d’agrémens; de charmans bo—
cages séparés par autant de petites plaines
verdoyantes, me prorüettoit d’amples moissons
pour mes collections. J’y aurois volontiers
séjourne quelque temps ; mais il n ’y
couloit pas un seul ruisseau. Nous allâmes
donc a trois lieues de la passer la rivière de
Van-Staade, dont nous avions admiré les
sinuosités à travers un .charmant vallon ,
qu’on découvrait du haut de la plate-forme
de Gaîge-Bosch, et nous dételâmes sur le
bord d une mare qui pouvoit abreuver toute
la caravane.
De combien de procédés et d’inventions
utiles le hasard n ’est-il pas souvent la cause ?
Presque toujours il nous sert m ieux, et par
des moyens plus simples qu’aucun de ceux"
qui nous sont suggérés par nos propres'lumières,
nos combinaisons, notre intelligence
: je reçus la preuve^ de cette vérité-
dans 1 endroit meme où je m’arrêtois.
La horde dont je venois de me séparer
étoit venue dès le matin m’apporter, dans^
mon camp, une bonne provision.de lait; j ’en
. avois placé une cruche presque remplie sur'
pion chariot dans l ’intention de m’en ser—.
vir en route pour me désaltérer ; l’orage que
nous avions essuvé m’avoit tellement ra- %i
fraîchi que je n’y avois pas touché|le soir,
. après les feux faits, je voulus distribuer ce
lait à mes gens, mais il,étoit tourné*; je le
fis jeter dans une chaudière pour en régaler
mes chiens; combien ne fus-je pas émerveillé
d’y trouver le plus excellent et lè
plus beau beurre; j’en étois redevable aux
cahotemens de la voiture qui l ’avoit battu
pendant la route. Cette découverte, que je
mis en pratique dans tout mon Voyage ,
me procuroit, outre le beurre frais, un petit
lait salutaire dont je faisois fréquemment
usage, et qui sans doute contribua à me tenir
vigoureux et bien portant.
Le jour suivant, un second orage nous
empêcha de partir ; il étoit affreux. I l tom-1
boit des grêlons aussi gros que des oeufs de
poules; mes bestiaux en souffraient de manière
à m’inquiéter beaucoup. Je fus obligé
de tuer une de mes chèvres mortellement
blessée ; ce fut une perte réelle. Je la regrettai
beaucoup ; elle étoit prête à mettre bas.
Mais enfin, le temps ayant changé nous
abandonnâmes notre mare ; e t , vers le milieu
de la, journée, après avoir traversé les