para : le chasseur m’assuroit cependant
qu’après avoir tiré son coup , il l’avoit vti
s’enfoncer dans l’eau , et qu’en même temps
i f avoit remarqué beaucoup d’ébullitions et
plusieurs taches de sang à la surface; il ajoutait
que le courant étant très-fort | l’animal
avoit peut-être dérivé entre deux èaux , ce
que je trouvai plus croyable : il partit dont
dans l’espérance de le rencontrer plus bas ;
moi, je regagnai le camp pour y disséquer
les oiseaux que j,’avois tués.
Vers les trois heures après midi, nous
fûmes assaillis par un orage terrible, et le
tonnerre tomba plusieurs fois sur la forêt
qui bordoit la montagne. Un de mes gens
revint avec une gazelle qu’il avoit tuée , et
celui qui avoit tiré l’hippopotame arriva
fort tard sans avoir rien vu ; on se moqua
beaucoup de lui ; il fut l’objet des sarcasmes
de mes beaux - esprits ; chacun disoit son
mot : onvouloit lui persuader que c’étoit sur
un légouane qu’il avoit lâché son coup de
fusil (1). Les plaisanteries faisant insensible*-
ment place aux injures, je vis l’mstant où
(1) Le légouane est une espèce de gros lézard assez
commun dans les rivières d’Afrique.
les épigrammes allôient se terminer par un
noble combat aux coups de poings ; je mis
fin , par un mo t, à leur verve bilieuse, et
contraignis les orateurs au silence.
Le l é , la pluie tomba toute la nuit avec
une telle abondance , qu’elle éteignit nos
feux sans qu’il fût possible de les rallumer.
Nos chiens faisoient un vacarme affreux, qui
nous tint tous éveillés; cependant nous ne
vîmes aucun animal féroce. J’ai observé que,
dans ces nuits pluvieuses, le lio n , le tigre et
1 hiene ne se font j amais entèndre ; c’est alors
que le danger redouble ; c a r , comme ces
animaux ne cessent pas pour Cela de rôder ,
ils tombent sur leur proie sans s’être annoncés,
et sans qu’on ait le temps de les prévenir.
Ue qui ajoute encore à l ’effroi que dé-
vroit causer cette circonstance fâcheuse ,
c est que 1 humidité ôtant le nez aux chiehs,
leur secours est presque nul • mes gens
n ’étaient que trop instruits de ce danger :
lorsque la pluie éteignoit nos feux pendant
la nuit, ils avoient beaucoup de peine à
prendre sur eux de les rallumer, tant ils
craignoient les surprises.
I l faut convenir que les nuits orageuses
des déserts d’Afrique sont l’image de la dé*