gouverneur ne présume pas la ruse, oU feint
de n’y rien comprendre; il adhère à tous les
faits exposés dans la requête qu’on lui ‘met
sous les yeux*, il ne voit rien que d’équitable
dans la demande de l’imposteur; les
informations préalables exigeroiemt de trop
longs délais; elles seroient pénibles, embarrassantes.
Une permission est si facile à donner
! elle coûte si peu ! c’est un mot î On
écrit ce mot fatal, et l’on ne se doute pas
qu’il est l’arrêt de mort d’un millier de sauvages
qui n’ont ni la même défense ni les
mêmes ressources. Le monstre qui trompe
ainsi la religion du gouverneur s’en retourne
satisfait au milieu des complices de
sa cupidité, et donne à son commando toute
l ’extension qui convient à ses intérêts. C’est
un nouveau massacre qui n’est que le signal
de plusieurs autres boucheries ; c a r , si les
Caffres ont eu l ’audace de récupérer par force
ou par adresse les bestiaux qu’on leur avoit
enlevés, en vertu de cet ordre qui vient
d’être surpris au gouvernement, et qui
n’aura de fin que lorsqu’il n’y aura plus de
victimes, à quel affreux carnage les colons
ne se livrent-ils pas !
C’est ainsi qu’a continué cette guerre, ou
plutôt ce brigandage, pendant tout le temps
démon séjour en Afrique. Ce ne sont point
des spéculations de commerce, ni l ’amour
d’aucun service qui m’ont conduit au Cap;
l’impulsion seule de mon caractère, et le de-
sir de connoître des choses nouvelles ont
dirigé mes pas dans cette partie du monde*
J’y suis arrivé fibre et dans toute l ’indépendance
du génie. Je suis plus familiarisé avec
1 intérieur du pays et les nations étrangères
fiui l ’habitent, qu’avec aucune des colonies
du Cap, et lé Cap lui-même que je n’ai guère
connu que dans mes retours. Nul intérêt
personnel ne me fera soupçonner de partialité.
Mais j ’ai vu qu e , par toute sorte de
raisons, l’oeil prévoyant de la politique s’est
ouvert trop tard sur les établissémeris qui
se sont éloignés et s’éloignent encore tous
les jours de la métropole; j ’ai vu que toute
1 autorité d’un gouverneur ne s’étend pas
assez loin pour arrêter jusques dans leur
source les désordres affreux qui se perpétuent
et se multiplient dans l ’intérieur dii
pays. S’il arrivait que, continuellement
vex é s , les Caffres fissent jamais causé com-
inune avec les nations voisines qui Com-
ihencent aussi à se plaindre des colonies,