féerie» Le calice de presque toutes les fleurs
est chargé de sucs exquis, dont les mouches
composent leur miel qu’elles vont déposer
par-tout dans des creux d’arbres et de rochers.
Mes gens auroient désiré de s’arrêter
dans ces beaux lieux. Je craignis pour eux
le séjour de Capoue; et, sans perdre de
temps, je donnai l’ordre pour continuer la
route, et me hâtai vers la rivière
Else. Elle tire son nom des bois blancs qui
bordent son cours. Nous n’avions fait alors
que sept lieues depuis la grande rivière San-
mâche.
Le 9, nous traversâmes encore plusieurs
petits ruisseaux, qui tous descendus des
montagnes, se rendent dans l’océan par cent!
canaux divers.
Toutes les eaux de ces différentes rivières
ont la couleur ambrée du v in de Madère. Je
leur trouvois un goût ferrugineux. Cette
couleur et ce goût leur viennent-ils de leur
passage sur quelque mine, ou des racines et
des feuilles des arbres qu’elles arrosent et
charient avec elles ? Je ne me donnai pas le
temps d’approfondir ce problème : je tou-
chois au dernier poste delà compagnie.Nous
y arrivâmes enfin après trois heures d’une
marche un peu vive. J’allois donc entiè-'
rement me soustraire à la domination de
fhomme, et me rapprocher un peu des con->
ditions de sa primitive origine.
Le sieur Mulder, commandant, vint me
recevpir, et me fit beaucoup d’amitié. Il n’a
sous lui qu’un bas-officier et une quinzaine
d’hommes, qui tous ont été ou soldats ou
matelots sur les navires de la compagnie. Ce
sont ces hommes qui coupent le bois de
charpente dont elle a besoin, et qui cons-i
truisent fes chariots destinés à le transporter;
opération absurde : car si l’on faisoit de
ce bois un dépôt à la baie Mossel, une chétive
barque en rendroit au Cap, par mer, en
un seul voyage , plus que les chariots n’en
voiturent en trois ans» Ce seroit assurément
une épargne considérable pour la compa^
gnie, et un bien générallpour les'colonies.
Ajoutez à cela que les citoyens du Cap ne se
verroient point réduits à ne brûler que du
fagotage, qu’ils font ramasser à grands frais
de tous côtés par des esclaves , qui n’ont
d’autre emploi ; ce qui coûte au moins le
double de ce qu’on paie le plus beau bois
dans les chantiers de Paris.
Croira-t-on, par exemple j que les. dkec-*