
que ceux qui sont envoyés de Cayenne, et
quej’avois vus dans ma jeunesse à .Surinam,
J’y découvris aussi la grande aigrette • mais
elle y étoit plus rare.
Les bois fournissent en abondance' du
menu gibier, du buffle et quelquefois des
éléphans. On voit éparses, à de longues distances,
deux ou trois misérables habitations
réduites au triste et pénible commerce du
bois et du benrre avec le Cap.
Je demeurai dans ce beau pays jusqu’au i 5. |
Nous traversâmes , par des chemins détes-i
tables, une forêt nommée lePoort (le Port).
De-là, en sept heures de marche, nous nous
rendîmes à la rivière le JP'itte-Dreft ( du
Gué blanc). Je vis encore, en divers endroits
, deux ou trois habitations non moins
chétives et maigres que les autres; félon
gnement, les difficultés invincibles pour ces
malheureux colons , et les risques de la
route, ne leur permettant que très-rarement
de conduire au Cap quelques boeufs qui y
arrivent toujours en mauvais état, et sont
par conséquent mal vendus et plus mal payés.
A mon passage, plusieurs de ces habitans
n’avoient pas mis les pieds au Cap depuis
nombre d’années.
J’avançois toujours ; mais, soit que les
fatigues et les traverses multipliées qué je
venois d’éprouver coup sur coup eussent un
peu dérangé ma santé, soit que je dusse
payer le tribut à ces nouveaux climats, et
que leur température eût agi sur moi fortement,
je fus soudain frappé de maladie et
de l’idée cruelle que je laisserois mes cendres
a deux mille lieues de ma famille. Mon imagination
trop active s’exagéra ce malheur ;
je laissai mon ame s’abattre et se décourager.
La plus noire mélancolie vint s’emparer de
mes sens, et je me vis en effet arrêté. J’éprou-
vois des maux de tête vio lens, une pesanteur
extraordinaire, un mal-aise général
qui m’annonçoit de pressans dangers. C’étoit
l’unique malheur que j ’avois redouté en
partant. Je sentis qu’il étoit à propos d’enrayer
, afin de me rasseoir, et je pris enfin
mon parti : la maladie la plus sérieuse de voit
Là, tout aussi bien qu’au milieu des fourrures
doctorales, prendre un cours heu-
ïeux, ou finir par la mort.
Je me traînai donc comme je pus, et v isitai
promptement les environs. Le voisinage
d’un petit ruisseau m’offrit un emplacement
heureux pour mon camp ; j ’y fia