Tant que je restai dans ce canton, je variai
mes campemens avec mes occupations ;
mais toujours je m’attacliai aux bords, rians
du Gamtos. J’y iis une ample moisson de raretés
, et ma collection s’y accrut sensiblement
Le 11 septembre, à six heures du matin,
nous décampâmes; j ’en avois donnéeonnois-
sance à la horde voisine ; c’étoit avec le plus
sincère et le plus v i f regret qu’elle nous
voyoit partir ; moi-même je m’en séparois
avec peine. Ces bonnes gens m’avoient inspiré
de l ’attachement : « Tant de douceur et
» de simplicité, me disois-je, peuvent-ils
» attirer tant de mépris ? Sont-ce donc là
» ces sauvages de l ’Afrique , avides du sang
» des étrangers, et qu’on n’aborde qu’avec
» horreur » ? Cette bonhommie et cette affabilité
me donnoient d’autant plus de confiance,
que j’étois réellement alors plongé
dans le désert, et que rien ne me promettoit
de dangers pour la suite. Tout ce pays, qui
n’est habité que par des hordes de Gonaquois,
diffère essentiellement de celui des Motten-
tots de la colonie. Ces peuples ii’ont entr’eux
aucune relation directe. Ceux-là sont appelés
Hottentots sauvages. Je n’irai pas plus
avant, sans donner sur eux en général des
apperçus certains, sans lesquels on n’a p u ,
jusqu’ic i, s’en former que des idées imparfaites.
Ils ne composent plus, comme autrefois,
une nation uniforme dans ses moeurs , ses
usages et ses goûts. L ’établissement de la
colonie hollandaise a été l ’époque funeste
qui les a désunis tous, et des différences qui
les distinguent aujourd’hui.
Lorsqu’e n i65a , le chirurgienRiébek, de
retour de l’Inde à Amsterdam, ouvrit les
yeux des directeurs de la compagnie, sur
l’importance d’un établissement au Cap de
Bonne-Espérance, ils pensèrent sagement
qu’une telle entreprise ne pouvoit être mieux
exécutée que par le génie même qui ffavoit
conçue. A in s i, chargé de pouvoirs, bien
approvisionné, muni de tout ce qui pouvoit
contribuer à la réussite de son projet, Riébek
arriva bientôt à la baie de la Table. En
politique adroit , en habile conciliateur, il
employa toutes les voies détournées propres
à lui attirer la bienveillance des Hottentots,
et couvrit de miel les bords du vase empoisonné.
Gagnés par de cruels appâts, ces maîtres
imprescriptibles de toute cette partie