le fertiliser : c’est la Limagne d’Afrique. Ces
arrosemens, qui ne tarissent jamais, n’ont
pas lieu dans ce pays de prédilection sans
une cause connue. Ce sont les hautes montagnes
couvertes de forêts à l ’ouest qui arrêtent
les nuages et les brouillards, que le
vent d’est enlève à la mer ; ce qui leur pro
cure des pluies très-fréquentes.
XI entra dans mes vues de demeurer quelques
jours chez le commandant, et c’est ici
la seule fois que je me sois écarté de mon
plan. Mais, outre les raisons particulières
qui m’attiroient chez lu i, des raisons de politique
m’y retinrent, et je ne pouvois m’excuser
avec décence. On a voit envoyé partout
l ’ordre de me laisser passer, de m’aider,
et de me fournir tous les secours dont
j ’aurpis besoin. M. Mulder, comme occupant
le dernier poste, avoit reçu de plus
vives instances que les, autres ; je cédai à son
désir. Le m otif honnête de son procédé m’in-
vitoit assez, et peut-être comptoit-il lui-
même sur lç bon témoignage que rçndroit
de lu; ma reconnoissançe lorsque je serois,
de retour au Cap,
Je me mis,dès mon arrivée, selon ma çou-
Xtime, en deyoir de parcourir le terrein. En
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visitant les bois, je tombai sur des pas de
buffles et d’éléphans, qui me parurent assez
frais. Je vis de leurs famées ; j’apperçus aussi
un grand nombre de différens oiseaux que
je n’avois point encore rencontrés, entr’au-
tres des touraeos, que les habitans nomment
louris } il n’en falloit pas tant pour m’arrêter
dans ees environs : à quatre ou cinq
lieues de la demeure de M. M ulder, je trouvai,
sur la lisière d’une forêt , un endroit
tout-à-fait avantageux et commode pour
plaper un camp.
M. Mulder se préparoit à partir pour le
Cap. I l me céda une vingtaine de livres de
poudre ; je prôfitai aussi de l’occasion pour
écrire à mes amis, et pour envoyer à M.
Boers une centaine d’oiseaux avec un coffret
d’insectes. J’augmentai mon train de
quelques boeufs; j’enrôlai encore trois Hot-
tentots ; je fis emplette d’un jeune cheval de
course que je me proposois de dresser moi-
même à la chasse ; et, le 9 février, je saluai
M. Mulder et madame la commandante, pour
.aller prendre possession de ma fo r ê t , et
m’établir dans l’emplacement que je m’étois
choisi.
l ’avois d’avance enyoyé plusieurs de mes