osé d’avance compter ses pas. J’ai toujours
soigneusement évité les routes battues; etiie
me suis cru complètement libre , que lorsqu’au
milieu des rochers , des forêts et dés
déserts d’A friqu e , j ’étois sûr de ne rencontrer
d’autres traces d’ouvrages humains, que
cellés que j’y avois laisséés moi-même, Aux
signes de ma volonté qui commandoit alors
souverainement , à la plénitude de mou
indépendance, je reconhoissois véritablement
dans l’homme, le monarque des êtres
Vivans, le despote absolu de la nature. On
trouvera plus d’une fois alarmante tinë
position que je trouvois délicieuse. Ces bizarreries
découlent des premières impressions
de. ma vie. Elles ne sont que le sentiment
pur et naturel de la liberté, qui repousse
sans distinction tout ce qui> pAroît
vouloir lui prescrire des bornes. Trop de
raisons m’attaehoient à mes principes, pour
ne pas les observer religieusement; ét, si j’en
excepte une seule fois o ù , par politique, il
me fut impossible de refuser ouvertement
l ’hospitalité , je ne me suiè jamais écarté de
mon plan dans mes voyages.
Je distribnois l’emploi du. temps , et Voici
l’ordre ordinaire de mes occupations, La
nuit, lorsque nous ne marchions pas, je
couchois dans ma tente ou sur mon chariot;
au point du jour, éveillé par mon coq,
je me met lois tout de suite en devoir d’apprêter
moi-même mon café au lait , tandis
que mes gens, de leur coté, s’ooeupoient a
nettoyer et à panser toutes mes bêtes. Au
premier rayon du so le il, je prenois mon
fusil ; nous partions, mon singe et moi ;
nous furetions à la ronde jusqu’à dix heures.
J)e retour à ma tente, je la trouvois toujours
propre et bien balayée. Elle était particulièrement
à la garde d’un vieux Africain
nommé Swanepoel ,* n’étant plus capable -de
nous suivre dans nos courses à pied , clest
lui qui restoit pour garder le camp ; il y eomr
tretenoit le bon ordre. Les meubles de ù b
tente n’étoient pas nombreux; -une ohadse
pliante ou deux, une table qui servoit u n i-
quement à la dissection de mes animaux ,
ét quelques ustensiles nécessaires à leUr prér
paration, en faisoient tout l’ornement. Je
•m’y mettais donc à l ’ouvrage depuis dix
heures jusqu’à midi. C ’est alors que je cl assois
dans mes tiroirs les insectes que j’avois
rapportés ; la cérémonie de mon dîner était
tout aussi simple. Je plaçois. sur mes genoux