leurs de la compagnie, pour son propre service
, font partir tous les ans d’Amsterdam
des navires chargés de planches, de hois
quarré de toutes les espèces pour les. envoyer
à plus de deux mille lieues, dans un
pays qui voit croître des forêts immenses
et les plus beaux arbres du monde? Au reste
ces abus n’ont rien qui doivent étonner. La
compagnie fournit gratuitement au gouver-
neur et à ses officiers tout le bois dont ils
ont besoin. On le leur livre dans leurs hôtels
sans aucun frais, et ce sont les nègres
de la compagnie qui sont chargés de cette
besogne; le gouverneur n’a donc aucun intérêt
personnel qui l’engage à étendre jus-
ques-là ses vues d’administration, et à détruire
cet abus si contraire au soulagement
de la colonie.
Tout le pays d’Auteniquois, depuis la
chaîne de montagnes jusqu’à la mer, est habité
par plusieurs colons qui élèvent quantité
de bestiaux, font du beurre, coupent du
bois de charpente, ramassent du miel, et
transportent le tout au Cap par terre.
J’étois en quelque sorte indigné de voir
des gens qui ont le bois à leur portée, en
débiter pour le commerce, et n’avoir pas le
courage de se bâtir pour eux-mêmes des
maisons logeables. Ils habitent sous de mauvais
halliers çnduits de terre. Une peau de
buffle attachée par lés quatre coins à autant
de poteaux, leur sert de lit; une natte ferme
la porte, qui est en même temps la fenêtre ;
deux ou trois chaises démembrées,,quelques
bouts de planches, une manière de table, un
misérable coffre de deux pieds en quarré,
forment tout le garde-meuble de ces vraies
tanières. C’est ainsi que Limage de la misère
profonde contraste désagréablement avec
les charmes de ce paradis, torrestre ; car* la
beauté des ; lieux que j ’ai crayonnés plus
haut, se prolonge au-delà même d’A iiteni-
quois. • ' 1 ' - - ' ■
Au surplus, ils vivent fort bien. Ils ont
en abondance le gibier et- le poisson de mer j
et jouissent exclusivement à tous les autres
cantons des colonies de l’agrément d’a v o ir ,
toute l’année, sans interruption;!deslégumes
et des plants de toute espèce dans leurs
jardins. Ils doivent; ces précieux avantages
à l’excellence du sol et aux arrosemens naturels
des petits ruisseaux qui se Croisent
en mille sens divers, et mettent, pour ainsi
dire, à contribution les quatre saisons pour