
m appesantir sur le détail des moeurs, des
usages et coutumes des habitans du Cap •
bien moins encore sur les formes de son
gouvernement politique, civil et militaire.
C’est, je l ’avoue, ce qui m’a le moins occupé
, et ce que je décrirois avec le plus de
répugnance, quand celam’auroit en quelque
sorte intéressé. J’ai mes. raisonspour garder
cette réserve a-peu-près de la même manière
que le lecteur peut avoir les siennes^pour
etre curieux ; et ni les lecteurs ni moi
n’avons besoin de les connoître. Au reste,
on p eut, des rêveries même de K o lb e , extraire
des faits certains qu’un séjour de dix
ans à la ville avoitmis continuellement sous
ses yeux. Il n’en a pas tant imposé sur ce
point qu’on l ’imagine. Son livre contient
peut-être des vérités qui n’ont plus lieu de
nos jours, et sont prises pour des fables.
.Mais, avec le temps., les moeurs, les caractères
, les modes, les loix, les empires même
changent et varient a l’infini. C’est un visage
qu a défiguré la vieillesse, et qui ne ressemble
plus au portrait qu’on en fit autrefois.
- I l n en est pas de meme de ce que ce voyageur
sédentaire a platement avancé sur les
Hottentots et les cérémonies de leur religion.
Si ce qu’il en dit a existé, il faut bien
que l’esprit philosophique qui plane impérieusement
sur l’Europe, ait un peu rafraîchi
l’air brûlant des climats africains ; car je
n’y ai vu aucune trace de religion, rien qui
approche même de l’idée d’un Etre vengeur
et rémunérateur. J’ai vécu assez long-temps
avec eux, chez e u x , au sein de leurs déserts
paisibles ; j’ai fa it , avec ces braves humains,
des voyages dans des régions fort éloignées ;
nulle part je n’ai rencontré rien qui ressemble
à de la religion ; rien de ce qu ’il dit de
leur législation, de leurs enterremens ; rien
de ce qu’ils pratiquent à la naissance de
leurs enfans mâles ; rien enfin, et sur-tout
de ce qu’il se plaît à détailler, de la ridicule
et dégoûtante cérémonie de leurs mariages.
On n’a point oublié au Cap le séjour de
cet homme dans la colonie. On sait qu’il
n’avoit jamais abandonné la v ille , et cependant
il parle de tout avec l’assurance d’un
témoin oculaire. Ce qui n’est pas douteux
néanmoins, c’est qu’après dix années de résidence,
n’ayant rien fait de ce qu’on l’avoit
chargé de faire, il trouva plus prompt et
plus commode de ramasser tous les ivrognes