plus de gibier ; ce que nous en tuions sursoit
à peine à notre subsistance, parce que,
resserrés par le torrent qui grossissoit chaque
jour davantage, nous n’avions pas même
la ressource de nos voisins pour en obtenir
quel qu’assistance. Quelle position et que]
affligeant appareil ! On eût dit qu’un déluge
universel alloit inonder l’Afrique. Je ren-
fermois au-dedans une partie de mes alar-j
mes; je voyois mes tristes compagnons promener
leurs regards inquiets, et m’attester,
par leur silence, tout ce qu’ils éprouvoient
de craintes par eux-mêmes. Jamais spectacle
ne vint s’offrir Sous des couleurs plus
sombres : en un moment, nos charmantes
promenades ravagées,dévastées par les eaux;
ces jardins délicieux et rians changés en un
désert inhabitable et noir ! Dans cette de-j
tresse, je rassemblai toutes mes forces, et
conjurai mes amis de chercher au moins
nos boetifs dispersés et perdus, et de se déterminer
à traverser l ’un des torrens, au
risque de tout ce qui pourroit en arriver.]
Par la plus étrange bizarrerie du sort, l’évé-j
nement fatal qui nous menaçoit d’une perte
prochaine, causa une partie de notre salut
D’un de mes Hottentots, en cherchant ntt
passage, apperçut au milieu des éaux un
buffle qui s’étoit probablement noyé la veille
en voulant traverser un torrent ; car il étoit
encore assez frais. I l v in t, avec des cris de
joie, nous apporter cette heureuse nouvelle.
R i e n n’arrivoit plus à propos. Nous tirâ-
jnes, non sans quelque p é r il, l’animal à
bord ; il fut dépecé sur la place4 On en leva
les parties les plus saines ; mes7 chiens, qui
jeûnoient depuis long-temps , trouvèrent
dans pelles que nous leur abandonnâmes de
quoi se refaire et se ravitaillée un peu. Nous
les voyions revenir dé la curée avec des
ventres qu’ils avoient peine à porter.; :Un
dernier trait ne sauroits échapper à mà plu*
me, il peindra mieux encore l ’état cruel où
nous nous voyions réduits ; nos chiens, qui
n’étoient plus qufe des squelettes ambalans,
épioientnos démarches , et se tramaient Sur
nos pas , lorsque l’un: de nous, plour obéir
aux besoina de la naturet,; étoit forcé de
s’éloigner ;i je lés ai -vus su disputer avec
acharnement cette nourriture révoltante.' a
Rien n’est durable. Il'e s t un terme; au
malheur comme à là félicité. La fin de mars,
amena du changement dans là, saison; les
pluies! devinrent inojmà fréquentes.; les tor-'