
goutois tous les jou rs, sous d’aussi bons •
maîtres f des plaisirs nouveaux ; je les en- j
tendois disserter, d’une façon qui étoit à ma |
portée, sur les objets acquis et sur ceux
qu’on espéroit se procurer dans la suite.Tant
d’idées et de rapports s’amassoient dans mai
tête, confusément à la vérité dans les com-
mencemens , mais peu à peu avec plus d’or-|
dre et de méthode. La nature a donc été
ma première institutrice, parce que c’est
sur elle que sont tombés mes premiers |
regards.*
Bientôt le désir de la propriété et l’esprit |
d’imitation, passions favorites de l ’enfance,!
vinrent donner de l’impétuosité, je pourrois
dire de l’impatience, à mes amusemens. Tout|
disoit à mon amour-propre que je devoisi
aussi me faire un cabinet d’histoire natu-|
relie : je me laissai caresser par dette, idée!
séduisante ; et , sans perdre de temps , jel
déclarai traîtreusement la guerre aux ani-j
maux les plus foibles, et me m is à la pour-1
suite .des chenilles , des papillons , des!
scarabées, en un mot de toutes les espèces
fl’insectes.
Lorsqu’on travaille pour son propre
compte, on peut, avec des moyens bornes;
des talens novices et peu développés, faire
Un mauvais ouvrage ; mais on a, cè me semblé,
toujours assez bien réussi pour soi-
même , si l’on n’a négligé ni temps, ni soins,
ni peiiies , et si l’on y a déployé toutes ses
facultés, toutes ses forces. D ’après ces dispositions,
indices presque certains des succès,
je voyôis se former sous mes mains, et s’accroître
de jour en jo u r , ma jolie collection
d’insectes. J’en faisois le plus grand cas ; je l’es-
timois outre mesure : j’en étois l’unique créateur
; c’est dire assez combien je la trouvais
supérieure à celle de mes parens. L ’orgueil
est un aveugle qui fait marcher de pair les
chef-d’oeuvres de la sottise et du génie. -
Tout cdncehtré dans ma jouissance q je
n’avoispas encore senti que toujours l’obstacle
se présente et vîëht se placer entre l’entreprise
et le succès. ; > r" -