bêtes inaccoutumées qui entendent cet animal
dangereux pour la première fois, saisies
de frayeur, elles cherchent à s’échapper de
l ’enceinte , et deviennent par-là bientôt la
proie du féroce glouton , q u i, toujours aux
aguets, saute sur sa victime au moment où
elle croit lui échapper. Enfin', l’hiène n’est
à craindre que pour les animaux q u i, au
lieu de se défendre, cherchent leur salut
dans la fuite. Cela est si v r a i, qu’un cheval
ayant le pied attaché à son licou , comme le
pratiquent les colons du Cap pour l’empêcher
de s’éloigner de la pâture, obligé de se
défendre, ne pouvant fu ir , devient bien
rarement la proie d’une seule hiène. I l est
donc prudent d’attacher pendant la n u it ,
dans l ’intérieur du camp , les jeunes bêtes
craintives, afin de les empêcher dé s’évader
et de sortir dès enceintes.
Si ce sont des jakals ( espèces de renards),
les chiéns les poursuivent avec vigueur et
le plus loin possible, à moins que, pour le
salut de ceux-là, il ne sé trouve dans les environs
des hiènes ou des lions; car, dès
qu’ils en ont cdnnoissance, la peur force les
plus lâches à rebrousser chemin, et les ramène
bientôt au gîte.
Les Hottentots prétendent que le jakal est
l ’espion des autres bêtes féroces ; qu’il vient
agacer et défier les chiens pour s’en faire
su iv re , afin que le lion ou l ’hiène saisissant
leur avantage, puissent plus facilement
s’emparer de leur proie qu’ils partàgent amicalement
avec lu i, en reconnoissance du
service qu’ils en ont reçu.
Ce que j ’ai vu vient assez à l’appui de
cette assertion, peut-être un peu exagérée;
il est certain, quoi qü’il en soit, que du moment
que les jakals commencent leurs concerts
; on ne tarde pas à entendre arriver les
hiènes ; elles ne se montrent cependant à
découvert que lorsqu’elles voient les chiens
bien engagés. Nous en gardions toujours
deux à l’attache, pour aboyer en l ’absence
des autres5 afin d’empêcher que l ’hiène ,
qui craint le feu moins que le l io n , ne
nous approchât de trop près.
Le lendemain, i 5 du mois, à peine fai-
soit-il jour , què nous étions tous sur pied.
Après le déjeuné, je fis partir trois chasseurs
pour le bois et pour la plaine, avec
ordre de chercher des buffles, des gazelles
de parade, des gnous et des coudoux ; d’une
antre part, je pris avec moi quatre des meil