de coûdottx et d’hippopotames ; nos provi-
sions touchoient à leur fin 5 le temps étoit favorable.
Je résolus de donner cette journée
à la chasse.
Mes gens se répandirent sur les bords de
la rivière, pour tâcher de découvrir le lieu
précis où setenoientles hippopotames; moi,
je pris d’un autre côté, dans l’espérance de
trouver des coudoux (1) ou d’autre gibier;
je ne vis que des gazelles spring-boken et des
troupes d’autruches ; j ’étais à pied 5 il n’y
avoit nul moyen de les approcher 5 je corn—
mençois à craindre que toute la journéë he
se passât en contemplations et en coursés ;
j ’avois arpenté et battu bien du pays, lorsque
tout - à - coup dans une plaine, dont
l ’herbe était haute et qui portoit quelques
arbrisseaux, j’apperçus un groupe de sept
coudoux; ils ne me virent point heureusement;
j ’approchai avec précaution suivi
d’un homme que j ’avois mené avec moi ;
lorsque nous fûmes à deux cents pas, je lui
(1) Le coudou est cette belle gazelle d’Afrique à
cornes en spirale, que décrit Buffon sous le nom de
Condoma. Le mot Coudou , précédé d’un claquement
de langue, est le nom hottentot de cette espèce.
if
dis de tirer le premier; plus sûr d’atteindre
ces animaüx à la course, je Voulois réserver
mon çoup pour ce moment plus douteux;
il tira et les mit tous en fuite ; comme jé
m y etois attendu ; par ün bonheur étrange ;
ils vinrent passer à trente pas de moi; je
jetai bas le seul mâle qüi fût .dans la troupe;
mon Hottentot eût beau me soutenir quë
tfétoit le même qu’il avoit visé; nous ne lui
trouvâmes qu’une seule blessure et qu’unë
seule balle, Nùus le couvrîmes dé quelques
branchages; Après avoir attaché mon mouchoir
au b ou t'd ’une perche, et fiché en
terre cet épouvantail pour écarter les bêtes
féi oces j nous nous mimes à la poursuite des
autres coudoux, parce que le mâle étant
tué , j ’étais certain que les femelles n’iroient
pas loin; nous apperçûmes des traces de sang
qui dénotaient que l’une d’elles avoit. été
touchée ; à quatre cents pas en effet, nous la
trouvâmes qui rendoit les derniers soupirs ;
mon Hottentot, à qui j ’avois reproché sa
mal-adressé, paroissoit flatté de la rencontre
; mais il avoit tiré le mâle, et c’est par
hasard qu’il avoit touché cette femelle;
Nous la dépouillâmes. Ellè fut vidée; par ce
moyen nous pouvions à nous deux, n’étant