possesseur de cet oiseau fut si viv e , que je
lié* fis qfo’mt attention que la marée étoit
haute ;le fusil sur ^épaule, je cours me jeter
à l ’eau. Je n’ouvris les yeux sur mon étourderie
que, lorsqu’au milieu de la rivière je
me sentis gagné jusqu’au menton; j’étois
seul, je ne sais point nager; En retournant,
la rapidité du courant m’eut fait infailliblement
culbuter. Sans trop savoir ce que j’allois
devenir; je poursuivis machinalement
mdh chemin, et j ’eus le bonheur, le nez au
vent, de gagner la rive opposée. Un pouce
de plus m’auroit infailliblement noyé. Je
sautai sur mon aigle; et le plaisir de tenir
ma proie effaça bien vite la peur et 1® danger
; je fus contraint de me déshabiller pour
étendre tout ce que j’avois sur le corps; pendant
ce temps je m’amusai à faire l’examen
de ma prise ; après avoir fait sécher mes
vêtemens, je rejoignis sans péril mes dieux
pénates; à mon arrivée, on me dit que plusieurs
de mes gens étoient à la poursuite
d’un buffle qui venoit de s’offrir à leur rencontre.
Vers le soir, ils arrivèrent chargés
des quartiers de l’animal qu’ils avoient dépouillé
sur la place. Le lendemain de grand
ïpatin, je ne négligeai pas d’envoyer cher-!
cher tous les rebuts qu’ils avoient abandonnés,
afin d’attirer les oiseaux de proie. Ce
moyen me procura mon aigle mâle. I l ne
différoit de sa femelle que par le caractère
général des oiseaux carnivores, d’être toujours
un tiers moins gros. Je donne le dessin
et la description de ceux-ci sous le
nom de vocifer- Voyez dans mon Histoire
naturelle des Oiseaux d’A frique, le n° 4
des planches coloriées. •
Dans la même matinée, comme j’étois
tranquillement assis sur une chaise, à l’ouverture
de ma tente, ayant devant moi une
table,sur laquelle je dissëquois le vocifer
que j’avois tué la veille, tout-à-coup une
gazelle, de l’espèce appelée bosch-bock, traverse
mon camp, passe comme un éclair
entre mes voitures, sans que mes chiens qui
l’avoient entendue les premiers et qui se
présentent au-devant d’elle puissent lui faire
rebrousser chemin; elle va donner dans un
filet étendu pour sécher à la lisière de mon
camp, le déchire, en emporte quelques
lambeaux, et, suivie de toute ma meute,
se jette à corps perdu dans la rivière. Au
même instant, je vois arriver neuf chiens
sauvages qui lui avoient probablement