rent d’un ton hardi, qu’ils n’étoient point
d’humeur à se faire écharper par des milliers
de Caffres; tous ensemble, avec des cris,
me déclarèrent affirmativement qu’ils ne me
suivroient pas, et qu’ils alloient plutôt sur-
le-champ se remettre en route pour les colonies,
Je tenois toujours ferme, et leur fis
tête jusqu’à la fin. Mes représentations, les
instances do mon Klaas, n’en ébranlèrent
que deux, qui consentirent à se hasarder
avec moi. Le vieux Swanepoël en étoit un;
mais que pouvions-nous faire à nous quatre?
Vainement je remontrai à ces sauvages, de
quelle ingratitude ils payoient la complaisance
que j ’avois eue de les laisser venir
avec moi ; qu’ils oublioient bien vite les
soins, les vivres et la protection que je leur
avois accordés ; vainement je leur dis que
je les tenois tous pour des traîtres, des lâches,
et mes ennemis plus odieux que les
Caffres; je ne fis que redoubler leur crainte,
et leur inspirer de la haine contre moi-
même ; !?épouvante s’étoit assise au milieu
d’eux ; je la lisois sur tous les fronts. Je pris
le parti de me taire ; la nuit S’avançoit; après
avoir recommandé la plus sévère garde,
j’allai m’enfermer dans ma tente. On m’ayer*
tit, au point du jour, que ces étrangers dé-
logeoient, entraînant leurs femmès, leurs
enfans , leurs bestiaux, tous leurs effets
après eux ; je défendis qu’on leur dît un seul
mot d’adieu; et moi-même, sans perdre de
temps, je donnai l’ordre pour le départ, et
me mis en route de mon côté. En quatre heures,
nous traversâmes la montagne d’Agter-
Bruyntjes-Hoogte ; puis rafraîchis par un
orage, qui sembloit arriver à souhait, après
quatre heures, nous campâmes pour passer
la nuit. Nous vîmes toujours, chemin faisant,
quelques habitations désertes , dont
les propriétaires sans doute étoient du nombre
des confédérés Le so l, dans cet endroit,
me parut généralement bon ; les montagnes
étoient couvertes de beaux et grands arbres;
les plaines parsemées de mimosa-nilotica ,
regorgeoient de gazelles, spring-boken, et
de gnous, que les habitans nomment wilde-
beest; ces derniers animaux, quoique très-
bons à manger, sont cependant inférieurs
aux autres gazelles.
Par tous les renseignemens que j’avois
pris des quinze Hottentots qui avoient soulevé
la horde et me l ’avoient enlevée , j ’esti-
moia que je ne devois pas être loin de l ’en