noit caché dans un trou; il y fut malheureusement
découvert par un homme du détachement
de colons, qui, le voulant garder
comme esclave, l’emmena au camp avec lui ;
le commandant, qui le trouvoit à son gré,
déclara qu’il prétendoit s’en emparer. Celui
qui l ’avoit pris refusoit obstinément de le
rendre; on s’échauffa des deux côtés; le
commandant alors, outré de colère, et comme
un forcené, courant à l ’innocente victime,
crie à l ’adversaire : cc Si je ne puis l ’avoir, il
» ne sera pas non plus pour toi ». Au même
instant il lâche un coup de fusil sur la poitrine
du jeune enfant, qui tombe mort.
J’appris encore que plusieurs fois, pour
s’amuser, ces scélérats avoient placé leurs
prisonniers à une certaine distance, et dis-
putoient d’adresse entr’eux à qui tireroit le
mieux au blanc. Je ne tarirois pas si je vou-
lois rapporter en détail les atrocités révoltantes
qu’on se permet chaque jour contre
ces malheureux sauvages, sans protections
et sans appui. Des considérations particulières
et de puissans motifs me ferment la
bouche ; et, d’ailleurs, qu’est-ce que la réclamation
d’un particulier sensible contre le
despotisme et la force ? I l faut gémir et savoir
E N A F R I Q U E * 5o5
se taire. 3’en dis assez pour faire connoître
ce que sont les colons dans cette partie de
l’Afrique, que l’inertie^ du gouvernement
abandonne à leurs propres ejccès, et crain-
droit même de punir. C’est-là que se commettent
toutes les horreurs inventées par
l’enfer ; c’est dans un état républicain, qui
se distingue plus qu’auCuil autre*par la simplicité
de ses moeurs et de son esprit philanthropique,
c’est-là que l ’iniquité la plus
coupablè demeure impunie, parce qu’on ne
daigne pas .étendre ses regards au-delà des
objets dont on est environné. Si quelquefois
le gouverneur reçoit quelques nouvelles de
ces déportemens a ffreux, la distance , le
temps qu’il faut pour qu’elles arrivent jus-
qu’à lu i , d’autres raisons peut-être qu’il est
prudent de ne point approfondir, les amènent
à la ville tellement déguisées ou dénaturées,
qu’elles sont à peine le sujet des conversations
du j our.
Un colon arrive de deux cents lieues
loin ; il se plaint au gouverneur que les Caf-
fres lui ont enlevé tous ses bestiaux ; il demande
un commando, c’est-à-dire la permission
d’aller avec le secours de ses voisins
reprendre le vol qu’on lui a fait. Le