x iv P R É F A C Ë.
quelques déserts ignorés de l ’Afrique :
j ’ai conquis une petite portion d e là terre.
Je ne songeois point à la réputation;
je ne connoissois point en moi de titres
pour y p a rv en ir ; je ne m’oecupois que
de mes plaisirs.
Mes amis et ma famille ont voulu mé
persuader que la relation de mes v o y a ges
et le détail de mes découvertes en
histoire naturelle pourroientêtre de quel-
qu’utilité : je leur livre cette relation et
ces découvertes telles qu’elles son t, et
pour ce qu’elles v a len t, n ’entendant y
attacher d ’autre mérite que la complaisance
, et renonçant à toute espèce de
prétention littéraire dont je ne serois pas
en état de porter le fardeau. C e que je
su is , ce que j ’ai v u , ce que j ’ai f a i t , ce
que j ’ ai pensé , vo ilà tout ce que je me
suis p roposé de leur apprendre.
P R E F A C E . XV
On trouvera p eu t-ê tre étrange que ,
pour donner la relation d’un V o y a g e récemment
entrepris en A fr iq u e , j ’aie été
forcé de me rep lie r sur le p a s s é , et de
conduire mes lecteurs dans l ’Amérique
méridionale sur les premiers pas de mon
enfance ; j ’ai cru qu’il ne s e ro itp a s malà
propos de justifier , p a r le s commeu-
cemens de ma v ie , ma manière de v o ir ,
de penser et d ’a g i r , qui conservera toujours
le goût du te r r o ir , et q u i, ju g é e
peut-être avec sévérité , ne manqueroit
pas de choquer ces esprits intolérans qui
ne souffrent jamais sans humeur qu’on
leur enlève leurs p r é ju g é s , et qu’on ose
heurter de front les principes et les usages
ju sq u e s - là généralement ad o p té s ;
mais de quelqu’oeil qu’on envisage cette
hardiesse à rendre mes pensées , à prétendre
redresser jusqu’ àux erreurs même