donné la chasse, et la suivoient à la piste
A la vue de mon camp ces animaux s’arrêtèrent
tout eouyt, et faisant un crochet i]8
gagnèrent une petite «oUine contre laquelle
j ’étois adossé. Ils pouvoient de là , mieux
encore que moi , observer le spectacle de leur
proie , arrêtée par mes chiens et mes Hot-
tentots qui faisoient tout ce qu’ils pouvoient
pour la tirer de leurs dents et me l ’amener
vivante. Ils y réussirent effectivement après
lui avoir mis des jarretières. Rien n’était plus
plaisant que l ’air capo t de ce&chiens sauvages,
q u i, toujours spectateurs de cette scène appétissante,
n ’avoient point quitté la colline;
et (dolemnient assis sur le c u l, montraient
assez par des mou vemens d’impatience toute
notre injustice et tous leurs droits sur le
repas dont nous les privions. J’aurois bien
voulu en attraper un.; quelques-uns de mes
gens se glissèrent de coté et d’autre pour
les joindre ; mais, plus fins que nous, ils se
doutèrent de leurs manoeuvres et gagnèrent
au large. Une balle que je leur envoyai pour
les remercier du service qu’ils venaient de
me rendre, fut une balle perdue.
Je voulois garder et apprivoiser cette gabelle
• mais elle était si farouche -} la vue
E N A F R I Q U E . 2o3
seule de mes chiens lui inspiroit tant de
crainte ; elle se débattait avec tant de mou-
vemens et des soubresauts si violens, qu’elle
se seroit infailliblement détruite. Nous lui
épargnâmes cette peine > elle fut mangée.
Cette aventure servit de matière, pendant
plus de huit jours, aux bons mots de mes
beaux-esprits. Us plaisantaient les pauvres
chiens sauvages d’avoir fait lever le lièvre
pour se le voir souffler sous la moustache.
11 faut pourtant convenir que si mes
chiens n’avoient point été soutenus par mes
gens, la gazelle, à coup sû r, n’eût pas été
pour eux , quoiqu’ils se trouvassent en
nombre plus grand que les neuf sauvages ;
ceux-ci sont forts, farouches, intrépides ;
j’aurai occasion d ’en parler dans la suite, et
de relever, à leur égard, des erreurs bien
grossières consacrées par les plus grands
talens. Mais comment parler sainement des
objets qu’on n’a pas vus par soi-même, et
qu’on est réduit à copier d’après Geux qui
n’en savoient pas davantage ?
Jusqu’au 2,5 ju in , je fis plusieurs campe-
mens aux environs de la haie, dans différens
endroits.
Résolu de continuer mes incursions entre