
foute la quantité qui s’en échappera, j e fuis
parvenu 5 faire connoître l’organe qui fournit
cet a ir , par l'expérience fuivante. Je pris une
feuille de joubarbe que j’analyfai : je lui enlevai
fon épiderme-, & je vis que cette épiderme,
âinii féparé de la 'feu ille , ne donnoit point
d’air fous l’eau au foleil : je remarquai de même,
en d’autres feuilles, que les nervures des feuilles
bien féparées de tout ce qui elf verd, ne don-
ïïoient point d’air dans les mêmes circonftances.
L'expérience _ m’apprit donc que le parenchyme
vert, qui reftoit à éprouver, devoir être la fource de
Tair rendu fous l’eau , par les feuilles qui étoient
cxpofées au foleil ; & je vis alors que lorfqu’il
étoit écorché & féparé des groffes nervures, il
fourniffoit l’air fous l’eau, au fo le il, comme
fês feuilles. C’eft fans doute pour cela que
toutes les parties vertes des plantes qui contiennent
du parenchyme , donnent de l’air fous
l’eau au fole il, comme les tiges vertes, la partie
verte de l’écorce, &c.
Je dois obfervér ici que les pétales & les
racines ne produifent point d’air par ce procédé,
quand ils ne fermentent pas. Les fruits verts
reflembfent parfaitement aux feuilles -, mais les
fruits mûrs donnent un air gâté.
M. Ingéniions a fait voir que les feuilles dès
plantés expofées à la Lumière , par leur furface
fupérieure, donnent un air meilleur que celles
•qui font expofées ainfi à la Lumière, par leur
furface inférieure. Et n obferve , à cet égard,
avec raifon, que le vernis des feuilles, dans
leur furface' Iupérieure, facilite la réflexion
des rayons, empêchent- qu’ils n’échauffent trop
les feuilles, & qu’ils ne les defféchent. J ’avois
fait cette recherché en 178 2., & je l’avois
publiée dans mes Mémoires phyjicd-chimiqùes, T.
f > p . 8.9 ; j’avois eu les mêmes réfultats.
Mais je voulus voir fi cette obfervation étoit
générale, comme celle de M. Bonnet, qui avoit
prouvé dans fes Recherches fu r Vuf-ge des feuilles,
que toutes l'es feuilles des plantes n’ont pas la
rrième faculté, pour tirer l’eau par leurs deux
furfaces; mais que celles des arbres & des ar-
buflés nroient plus d’eau, par leur furface inférieure,
quepar leur furface fupérieure; tandis qu’il
y en avoit qui tiroientplus d’eau par leur furface
iupérieure. Je voulus voir fi la faculté des feuilles,
pour tirer l’eau, par leurs différentes furfaces,
avoit quelques rapports avec celle qu’elles ont
de laiffer échapper l’air fous l’eau au foleil. L ’ortie
dont la feuille vit deux mois, en tirant l’eau par fa
furface fupérieure, & feulement trois femaines
en pompant l’eau par fa furface inférieure ,
m’offroit un fujet important pour mes expériences
: j’expofai donc les feuilles d’orties au
foleil fous l’eau, de manière qu’il y en eut qui
n’offrirent à l’aétion de la Lumière que la
furface fupérieure, tandis que d’autres feuilles
lui préfentoient feulement leur furface inférièure
; & je trouvai que cette furface inférieure
donnoit plus d’air que l’autre -, je conclus
de tout cela que fôrganifation de la feuille,
dansv ces' deux furfaces, étoit différente-, que
chacune avoit une dtftination particulière. Et
& on le foupçonne plus fortement, quand on
fait que les feuilles font formées par deux ou
plufieurs réfeaux différens, dont l’exiftence, me
paroît très-bien prouvée. Voye[ F fuilles. D’ailleurs,
comme il me paroît que cette dernière
organifation varie dans les ciiverfes efpèces de
plantes, il en rëfulte ce qu’on obferve ; c’efl
que ;les différentes efpèces de feuilles ne four-
niffent pas la même quantité d’air, quand elles
font expofées fous la même eau au foleil.
Enfin tout cela fe confirme, quand on voit
les canaux excrétoires, qui fe réunifient, fur-
tout pour s’buvrir près des nervures. On peut
néanmoins dire avec raifori que la feuille d’ortie
périt plutôt, lorfqu’elle eft appliquée fur l’eau
par fa furface inférieure, préciiément parce
qu’elle pompe plus d’eau par cette furface; &
que la fupérieure étant moins propre à l’évaporation
de'xette eau, elle s’engorge, fe corrompt,
& entraîne la mort de la feuille; tandis que,
dans les cas ordinaires, la feuille en pompé
moins, & en évapore plus. Cet équilibre,
entre la recette & la dépenfe, affufe la con-
fervation de la feuille, d’une manière plus
égale dans les deux polirions. Mais, en recon-
noiffant la folidité de cette explication, il s’enfuit
toujours que la différence obfervée dans les
réfultats de l’aélion de l’eau fur les deux fur-
faces des feuilles, autorife également le lbup-
çon d’une organifation particulière & rend né-
ceffaire la recherche que j’ai faite ; d’autant plus
que, comme je ne l’ai pas bornée à l’ortie, j’ai
eu occafion d’obferver que la furface inférieurè
des feuilles, étoit en général plus propre que la
fupérieure, à donner de l’air au foleil, & qu’elle
y en donnoit réellement davantage.
On peut affurer que les feuilles vertes de
toutes les plantes terreftres, aquatiques, fubaquéés
donnent de l’air fous l’eau au foleil; mais les.
feuilles des plantes, qu’on appelle graffes, en
fourniflent fur-tout avec la plus grande abondance.
On pouvoit aifément le foupçonner,
puifqu’elles contiennent une plus grande quantité
de parenchyme.
Cet air produit par les feuilles des plantas
expofées au foleil, eft quelquefois beaucoup
meilleur que l’air commun, comme on s’en
apperçoit par le moyen des efiais eudiométriques,
faits avec l’air nitreux- Une feuille de framboi-
. fier, mife fous l’eau commune au foleil, pendant
dix heures, 'fournit, en air, environ le
volume de foixante grains d’eau. Une mefure
dé cet aiiL, mêlée avec une mefure d’air nitreux,
fut réduite à o , p l. Une feuille femblable,
éxpofëe pendant le même fems au foleil, fous
peau, chargée d’air fixe, fournit en air le volume
de 1720 grains d’eau, dont une mefure,
pour quatre inefures d’air nitreux, furent réduite^
à 1 , ép ; ce qui eft une très-grande pureté. 1
Je rappellerai ici le fait nouveau que -j ai
raconté précédemment, parce qu’il me paroît
fondamental dans cette matière; c’eft que des
feuilles pareilles aux précédentes, épuifées A air
avec un très-lgrand loin par le moyen de la
pompe pneumatique, m’ont fourni une quantité
d’air à-peu-près égale à celle des feuilles
qui n’a voient pas été foumife a cette opération;
et que l’air que je recueillis fut également bon.
Quoi qu’il en fo it, dans ces expériences, 1 air
commun, éprouvé par l’air nitreux, lorfquon
les mettoit dans des quantités égales, étoit réduit
précifément à là moitié dif*%iêlange*, deux mesures
étoient réduites à une. Mais dans le cas
où les feuilles furent mi fes dans 1 eau aérée, j
l’air produit fut infiniment meilleur; en forte
que l’a i r , rendu par les feuilles, ne pouvoir
être l’air commun, ni l ’air fixe, que les feuilles ;
dévoient avoir pris ; cétoit réellement un fluide ;
particulier qùïne reffemblok pas aux deux autres.
Ce phénomène vraiment remarquable , méri-
toit bien d’être approfondie La première queftion
qu’on devoir fe faire, pour le pénétrer, devoir .
être celle-ci : quelle eft la fource de cet air,
& de cet air pur que les feuilles rendent fous -j
l’eau, quand elles y font expofées au foleil?
Comme il n’y avoit à confidérer que les feuilles ;
& le milieu où elles fe t.ouvqient, il n étoit
pas difficile de trouver fa folution.
On voit bien-tôt que les feuilles rendoient
ïion-feulement l’air qu’elles pouvoient contenir, j
mais beaucoup au-délà, comme il a paru
dans l’exemple que j’ai donné; puifqu’une
feuille de fraïnboifier, c’eft-à-dire les trois
folioles qui la forme-, ne me donnèrent fous la
pompe pneumatique, après avoir été foigneufe-
ixient purgées d’air, qu’un volume d air égal à celui
de cent huit grains d’eau; & que cette même
feuille,'épuifée d’air parla pompe pneumatique,
fans avoir éprouvé le cOnraét de 1 air 3 me
fournit, dans Peau chargée d’air fixe, lorfqu elle
y fut expofée au fole il, un volume d air, égal
au volume de mille fix cent foixante-quatre
'grains d’eau. D’ailleurs, puifque les feuilles abfo-
fument privées d’air par la pompe pneumatique ;
-^donnent au foleil de l’air p u r , comme celles
qui n’en font pas privées; il en réfuie clairement
que F air pur, fourni pàr la ' feuille, ne
faiaroit être ni l’air commun, ni 1 air fixe ;
mais qu’il doit avoir été élaboré par elle. Cependant,
fi nous fàvons, par ces expériences,
que l’air , rendu p ar le s feuilles, ne fauroit y
être contenu lorfquon les expofe fous 1 eau
au foleil ; elles ne nous apprennent pas encore
quelle eft la fource de cet air ; je pour-
■ Ûiis donc tette recherche.
Cétoit un fait déjà .connu par M. Ingenhous
que les feuilles qe donnoient point dair au foleil
dans l’eau bien bouillie , & je l’ai vérifié fou-
vent. C’éroit un fait auflî bien connu de M. Gneot-
ley & Ingenhous que les eaux de fource fraîchement
tirées étoient plus propres que les autres
à favorifer la production de l’air fourni par les
feuilles qui y étoient expofées au foleil.
Le problème fe réduifoit donc à chercher la
différence qu’il >y avoit entre l’eau bouillie &
l’eau de fource pour favorifer i’émiflion de l’air
dans les feuilles qu’on y expofoit fous l’eau au
| foleil : la différence devoir donner la folution
i de la quefiion que je me fuis pfopofée.
. J ’imaginois donc ce que l’expérience m’ap -
prenoit déjà; c’eft que comme l’eau de fource
fraîchement tirée ne diffère de cette eau bouillie
que par une certaine quantité d’air & fur-tour
d’air fixe , qui eft contenu dans la première &
qui a été absolument enlevé à la fécondé par
l’ébullition. Cette différence obfervée dans les
réfultats que fourniflent les feuilles expofées au
foleil fous l’eau fraîchement tirée & cette eau
bouillie annonce clairement que l’air fixe diffous
dans l’eau de* fource fraîchement tirée, étoit la
caufe de l’air pur fourni par les feuilles expofées
au foleil dans l’eau commune ou dans l’eau
-de fource.
Pour établir avec folidité cette conclufiojf
importante, je chargeai d’abord l’eau d’air fixe
en diverfes proportions, & je plaçai dans cette
eau des feuilles que j’expofai ainfi fous cette
eau au foleil j j etiS'foin de faire la même expérience
en employant l’eau commune & l’eau
bouillie.
Voici les réfultats généraux de ces expériences
que j’ai faites de toutes fortes de manières, comme
on peut le voir dans mes Mémoires Phyjîco-chi-
. miqu.es , dans mes Recherches fur l'nflue .ce de la
■ Lumière folaire dans la végétation, & dans mes
j ExpériencesJurl'aSion de la Lumière folaire dam
la végétation. Les feuilles expofées fous l’eau
bouillie au foleil ne montrent pas un atome
d'air ; celles 'qui y furent mifes dans l’eau commune
en fournirent peu : toutes celles qui
furent placées dans l’eau plus ou moins chargée
d’air fixe en différent échapper davantage ; à
l’exception de quelques plantes fubaquéés qui en
donnèrent alors moins que dans l’eau commune.
. J’obfervai néanmoins que fi quelques feuilles
foumiffoient leùr maximum d’air pur lorfqu’elles
étoient dans l’eau faturée d’air fixe, il y en
avoit d’autres qui le produifoient feulement
lorfqu’ elles étoient .dans une eau qui ne conte-
noir que les trois quarts, ou la moitié, ou le
quart de l’air fixe que l’eau pouvoit difloudre :
ce qui dépendent fans doute de la nature des
feuilles qui étoient plus ou moins propres à
fupporter l’aftion de cet air fixe. ' _
Mais il falloir -démontrer cette vérité avec