
M. de Fourcroy, dans les Annales de Chymie,
T . V , établit que l’oxigène influe fur la coloration
de quelques matières végétales ; les étoffes
teintes en indigo fortent vertes des cuves , &
devienneot bleues par le contaél de l’air : les
byffus & les mucors qui croiffent blancs dans
,1e vuide fe colorent à l’air : l’étiolement prouve
l’influence de la lumière fur la coloration des
plantes. Et M. Berthollet montre la caufe de
ce phénomène , dans le dégagement de l’air vital
que la lumière occafiônne. La préfence de l’air
vital n’eft pas au-moins douteufe dans les végétaux
, & fi l’on croit avec, moi que l’air fixe qu’ils
boivent avec l’eau fe décompofc à la lumière :
fi l’on penfe à la formation des acides végétaux,
on reconnoîtra bien-tôt l’importance & la nécef-
fité de fon rôle.
On fuit agréablement avec M. de Fourcroy,
comment les différentes uofes de l’air pur font
varier les Couleurs, une partie d’air pur ajoutée
à la Couleur bleue de l’indigo' la verdit ;
mais fi on lui enlève cet air p u r , elle redevient
bleue ; fi au contraire on en ajoute davantage
que dans la première fo is , elle devient jaune,
& elle ne change plus : la Couleur jaune efi la
feule que l’air pur n’altère pas : elle efi comme
je l’ai d it , la toile que la lumière peint.
M. Fourcroy fait voir encore que la plupart
des décoélions de bois, ou d’écorces jaunes ou
rouges , expofées à l’air fe troublent , & fe
couvrent d’une pellicule grenue , qui paffe
fucceffivement par les nuances du brun n o ir ,
du brun pourpre ; du rouge marron ; de l’orangé
& du jaune : l’altération s’arrête à ce dernier
terme. Les nuances indiquées font produites par
des dofes d’air pur, qui croiffent depuis le brun
foncé jufqu’au jaune.
Ce Chymifte a découvert encore que la Couleur
bleue du tourne - fol étoit produite par le carbonate
de foude, puifque cette fécule fait effer-
vefcence avec les acides.; aufli elle rougit quand
la foude eft diffoute : mais ce n’eft point l’aétion
de ces acides qui caufe cette rougeur ; car en
mouillant le papier teint avec le tourne-Coi dans
l’acide muriatique , & en le lavant enfuite dans
l’efcu avec foin, pour ôter le muriate de foude,
la Couleur rouge qu’il avoit prife repaffe au
bleu par le contaél de l’ammoniac : & fi l’on
fait évaporer celui-ci à l’air , le papier redevient
rouge. Ce font donc les acides qui faturent la
foude contenue dans le papier, qui rendent
ainfi la Couleur rouge , parce que la foude eeffe
d’être .combinée avec la partie colorante.
M. Berthollet éclaire ce fujet avec le regard
du génie , dans une fuite d’expériences très—
curieufès enrreprifes pour montrer i’aétion de
l’acide muriatique oxigené fur la partie colorante
des végétaux ; il fait voir que cette partie colorante
eft le tiers pu le quart de leur poids ,
qu’une petite portion eft diffoluble par i’alkah ;
mais que l’oxigènc feul de I’atffiofphère, ou de
la rofée , ou de l’acide îru.e iatique oxigené , rend
cette partie colorante diffoluble , elle fe précipite
par l’eau de chaux, ou elle fe combine
. avec les acides métalliques. Les acides précipitent
ces parties colorantes des alkalis, le précipité
devient fauve brun , & paroît noir quand
il eft fec. Les parties colorantes qui paroiffent
blanches, avant leur diffolution dans l’a lkali,
deviennent fauves par la chaleur de la leftive.
L ’acide muriatique oxigené blanchit également
les parties vertes des végétaux, mais l’ébullition
les rend jaunes.
il paroît que l’oxigène agit fur les parties colorantes,
en le combinant avec elles -, & il affoiblit
leurs Couleurs en les blanchiffant ; où il détruit
une partie de l’hydrogène, & il change la Couleur
, ou en jaune , ou en fauve plus ou moins
foncé ; ou il agit peut-être des deux manières.
Quand l’acide muriatique oxigène jaunit, brunit
les végétaux, il y'fait prédominer le charbon,
comme lorfqu’on les foumet à une forte chaleur
, ou à une légère combuftion ; c’eft ainfi
que cet acide agit fur le fucre & l’indigo*, l’acide
nitrique , les oxides métalliques, caufiiques
produifent les mêmes effets par les mêmes caufes.
La partie verte des feuilles, la fécondé écorce
des arbres font, comme M.'Berthollet l’obferve,
la principale ffource des parties colorantes du
bois, de l’écorce ; l’oxigène rend fauve la partie
verte, en lui faifant éprouver une efpèce de
eombuflion immédiate,* cette partie verte perd
alors fur-tout dans l’écorce la propriété de circuler
dans les vaiffeaux; elle eft rejettée à l’exté*-
rieur, & elle fait la plus grande partie de la
fubfiance folide des écorces. Voyej^ Annales de
Chimie, Tome VI. Cela fe conçoit d’autantmieux
que cette matière eft réfineufe, & qu’elle doit dé^“
jà fa forme de réfine à l’air pur qu’elle a pris.
Je n’ajoute qu’un mot. M. Vafiàlli prouve
que l’éledricité colore un peu en verd les plantes.
Voyei Giornale Jcientifico de Turin, Tome I I I ,
pag. n .
* COULURE des fleurs & des fruits. Accident
qui arrive aux plantes, quand les fleurs ne donnent
pas naiffance aux fruits & aux graines qu’elles
dévoient produire, ou quand le fruit nouvellement
formé fe defsèche & difparoît.
On obferve que la gelée , le froid, les vents
chauds & fecs, la pluie produifent cet effet.
Le froid agit fur les fleurs, en empêchant le
développement des étamines, en arrêtant une
évaporation néceffaire pour rendre les fucs propres
à la formation du fruit, en détruifant les
organes de la fruélification par la gelée : le froid
& la glace arrêtent lafuéKon des fucs qui doivent
nourrir le fru it, dérangent fa tendre or-
ganifation, & le font tomber.
Les vents chauds & fecs defsèchent les fleurs
avant qu’elles aient formé le fruit ; il$ oDt la
même
c o u
Blême influente fur ie fruit lui-même, qui tombe J
altéré&épiiifé. Lespluiesnqient les liqueurs qui ,
doivent fefvir à la fécondation des fleurs & à la
nourriture des. fruits.
Les remèdes font difficiles, quand les maux ne
les permettent pis ; & il n’y a que la reffource
des paillafles & des planches. ;
COURONNE. Hill donne ce nom a une zone
mince qui fépare la moêlled’avec le bois. Comme
elle ne reffemble ni à l’une, ni à 1 autre, elle
méritoit d’être nommée. ' .
Cette Couronne eft un corps très-différent, tui-
vant les arbres ; mais il éil toujours très-compofé.
L a Couronne eft cette zône plus ou moins
circulaire, placée entre le bois & la moelle ; la
couche extérieure eft formée par des utncules,
& des vaiffeaux , comme l’écorce, avec cette
différence qu’on voit à certaine, diftance, environ
huit ou dix grouppes obiongs de vaiffeaux dtr-
férens, formant les angles de la Couronne. Ils
ne font point uniformes; à l’extérieur, ils ref-
femblent aux vaiffeaux de l’aubier ; dans 1 intérieur,
à ceux dubois ; on y trouve des vaifleaux
plus larges que ceux de l’aubier & du bois.
Cette Couronne renferme ainfi la branche.
Toutes les tiges & toutes les branches qui ont cette
Couronné , font aufli toujours prêtes à pouffer
de nouvelles branches; on trouve au moins,
dans ces huit ou dix grouppes, les appareils
néceffaires pour former des boutons. -
On obferve ces huit ou dix grouppes de vaiffeaux
dans une feélion tranfverfale d’une branche
de chêne ; mais on la remarque mieux dans
une fe&ion femblable dé la bocconia, ou dans
celle de la grande celandine.
Hill croit que ces appareils de vaiffeaux renferment
les moyens reproducteurs desplantes, & que
chacun d’eux peut former une plante, une branche
; comme ces appareils fe trouvent par-tout,
ils peuvent déterminer par-tout la produélion
d’un arbre ou d’une branche ; c’eft de ces appareils
de vaiffeaux que font fortis les boutons
épanouis au Printems, & développés par de
nouveaux fucs. C’eft'pour cela que ce développement
des boutons & des branches eft le plus
prompt dans les arbres fpongieux, & que la
promptitude du développement diminue à mefure
que la dureté du bois augmente.
Mais, quand on coupe les arbres ou leurs
branches par de grandes feélions, pourquoi les
branches ne fortent-elles pas de cette Couronne ?
Pourquoi ffécartent-elles pas les fils du bois pour
fortir? Pourquoi les racines n’en fortent-elles
pas dans les boutures ? je ne nie pas l’exiftence
de cette Couronne ; mais elle ne me paroît pas
fçlidement établie.
D.
DIRECTION des tiges & des racines. I l'fe
Phyfiologie végMçf Tojnç f e s f e a Partit*
D I U 4f ,
préfente ici ce? deux phénomènes différents : là
premier eft celui des racines qui s’enfoncent en
terre, tandis que la tige s’élance dans 1-air : lé
fécond, la fituation des branches & des racines
relativement à la tige & à la racine principale.
Je rapporterai ce qu’on a dit & ce qu’on a
fait de plus fenfé fur le premier phénomène ;
M. Dodart, qui le découvrit, en 1699; n’en favoie
pais mieux la caufe qu’on la fait aujourd’hui.
Si l’on amaffe des glands dans une ferre où
l’air circule, fi l’on y entaffe de même quelques
marrons, quelques pommes de terre, quoique
toutes ces graines foient placées dans toutes les
1 polirions relativement à la tige & à la racine qui
doit en fortir, quoique mille polirions différentes les
écartent de celles qu’elles devroient toutes avoir ;
j cependant on obferve une uniformité d’effets ;
' toutes les radicules gagnent la terre en fe cour-’
bant plus ou moins, pour y arriver, quand elles
ne font pas' placées pour faire ce chemin tout
droit; toutes les plumules s’élancent vers le ciel
après avoir vaincu tous, les, obftacles.
J ’ai néanmoins obfervé que dés haricots mal
recouverts de terre , laiffoient échapper quelquefois
leurs racines hors de 'terre f mais elle
étoit arrêtée dans fon erreur & la plante périffoit.
J ’ai Vu, entre diverfesobfervations pareilles d’hà-'
ricôtsignorants de leur route, une radicule qui
avoit acquis dans l’air la longueur de pouces ;
fon extrémité laiffoit appercevoir trois petits
mammelons affez blancs : en trouvoit en terre
une tige qui étoit longue de 10 lignes; on y
voyoir une petite feuille affez mince,; mais elle
a bientôt féché.
Je veux effayer d’élever ainfi des haricots :
peut-être ce phénomène étoit-il produit par
l’état fouffrant de la graine ; j’ai du moins beaucoup
de raifons,pour le foupçonner. .
Cette exception qui n’en eft pas une à la
rigueur, n’empêche pas que le phénomène dont
je m’occupe ne foit général, & voici le problème
dont il faut fouhaiter la folution : quelle eft là
caufe de la tendance univerfellé des plumules
vers le ciel Se; de la radicule dans la terre ? ƒ
Quand j’ai dit que ce phénomène étoit uni-
verfel, je devois ajouter que la violence même
qu’on peut faire aux plumules & aux radicules,
n’empêchoit pas ce phénomène d’avoir Heu. Si
l’on prend un marron , un gland, une fève, il
on les place dans la terre renfermée par un tube,
de manière que la radicule puiffe gagner la terre
& que la plumule puiffe s’élancer vers le ciel ; B
le tube e(ft difpofé de façon qu’on puiffe changer
fa pofition, en forte que la radicule qui avoit
pouffé regarde le ciel& que la plumuie s'enfonce
vers la terre , dès le moment que la radicule &
la plumule auront pris cette pofition forcée ,
elles, tendront à la changer pour revenir à leur
(première fituation & elles y réuffironr. On ne
peut tromper ce penchant ni en inclinant ce