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clüée aux bords ou même au centre dp pétale,
qui s’eft développé : le nombre de ces Monf-
traçfités eft très-grand dans ces fleurs, & je puis
aflurer , d’après des obfervations fuivies, que
l'étamine eft une véritable étamine , tout
comme le pétale un vrai pétale. Cependant aucun
de ces pétales monflrueux n’a la forme des
vrais pétales de la fleur : il fembleroit que ces
pétales font formés par la grande dilatation du
filet. Je ne dis- pas cependant qu’il ne fe développe
des pétales indépendants des étamines;,
mais il paroît que la'convention des filets des étamines
en pétales eft inconteftable.
On conçoit comment les piftils peuvent devenir
des feuilles ou des branches, parce que les
fibres des branches fe prolongent dans les queues
& arrivent quelquefois jufqu’aux piftils * ou ils
peuvent fe développer ; & ,ceci explique les feuilles
qu’on obferve dans les fleurs des cerifiers
à fleurs doubles dont je viens de parler. J ’ai
trouvé un fouci dont fa fleur m’a paru deffé-
chée ; en voyoit fortir de fon calice onze petits
foucis qui l’entouroiem & dont la tige,qui
étoit fort longue, s’implantoit entre la fleur &
le calice. On connoît aufli une efpèce de marguerite
qui offre ce phénomène:
Quant aux fa it s leurs monftruofités font rrès-
communes, elles font toutes , pour l’ordinaire ,
par excès ; & une greffe naturelle femble leur
donner naiflance. On fait que-toutes les parties
parenchymateufes fe foudent facilement en-
femble.
Quand on adopte le fyftême de la préexiffence
des germes la plupart des cas .que les Mcnffruo-
ffcés préfentent s’expliquent aifémenr. La con-
fufton des foetus dans leur état de mollefle favo-
rife le mélange des tiges des feuilles, & produit
ces plantes bizarres qu’il eft fouvent fi difficile
de reconnoître. Deux Ou plufieurs germes peuvent
fe fouder ; & , s’ils peuvent végéter dans cet
éta t, on en voit fortir ces êtres rares qui nous
étonnent. Il n’eft pas improbable encore que
les branches d’une plante foient inégalement-
nourries , alors cette inégalité de nourriture doit
favorifer un développement plus ou moins grand
dans certaines .parties qui reçoivent cette fura-
bondance d’alimens, en forte qu’elles croîtront
extraordinairement aux dépens des autres. Il y a
môme des obftruétions caufées par les dégars des
infeéles qui font capables de donner naiflance
à dès effets pareils.
Mais, il faut l’avouer, ces' principes ne fau-
rbient rendre raîfon du phénomène offert par
les Monftres qui ont des tiges fur lefquelles font
entées des tiges des plantes différentes, à moins
d’imaginer qu’il s’eff fait une-greffe par approche.
Ce qui n’a pu avoir lieu pour la tige de fro-^
ment qui portoit une tige dè feigle y puifque
cette tige fut anaromifée, & que l’on ne vit rien
de remarquable dans le point de réunion ; car,, ;
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en fuppofan t que la greffe fe fût faite -quand la>
plante fortie de terre éroit encore fort tendre ,
on remarqueroit toujours la place de la . greffe-
Je ne m’arrête pas à expliquer les autres cas?
monflrueux qui font tout-à-fair Amples, & qu’oit
peut facilement produire foi-même fur lès feuill
e s & les fruits.
Dans les fleurs on peut/concevoir» qu’une
nourriture abondante ou une difpofttion heu—
reufe des vaifleaux alimentaires favorife la végétation
des pétales plutôt que celle des étamines,,
ou qu’elle dilate les filets des étamines au point
d’en faire des pétales ; alors on aura des fleurs?
doubles. Il peut arriver la même chofe pour
les piftils qui fe changent en feuilles.
On pourroit fuppofer enfin que les germes-
font naturellement monflrueux ; mais cela ne
paroît pas vraifemblable, parce qu’alors ils au-:
raient donné naiflance à des efpèees particulières.
/D ailleurs on fent bien-tôt que leur emboîtement
n’auroit pu fe faire aufli facilement, & ici'
il n’y a ponit de place à perdre.
Cette obfervation des Monftres fait remarquer
la permanence des efpèees. En effer, fi cette
permanence peut être altérée dans l’individu,,
il eft évident que Fefpèce eft immuable. On'
| comprendaufli que les précautions les plus.'
grandes & les plus fûres doivent avoir été prifesr
pour éviter ces accidents rares, qui donnent
naiflance à ces Monflruofirés; le défordre prouve
1 ordre : on .n’auroit jamais fu en quoi confifloit'
l’ordre, fi l’on n’avoit pas été dans- le cas de
connôître fa poflibiliré de fon dérangement.,-
Le fyftême de la préexiffence des germes fuppofe
la néceftité de la permanence des efpèees que:
! I on obferve. Tous ces germes; qui fe dévelop-
■ Pqnt ne peuvent fe développer que d’une ma-:
nière, puifque toutes les parties font faites avec:
leurs rapports entr’elles, &. lès affinités pour les-
fucs alimentaires. qui doivent les développer de*
la manière qu’elles fe préfentent à nous ; en:
forte qu’elles* ne faurôient être autrement fans-
périr, ou fans donner naiflance à des- êtres*
totalement différents dè ceux qu’on: avoit lieu;
d’attendre.
Il faut pourtant- remarquer ici. que les pro—r
duélions Monftnieufes fe perpétuent quelquefois?
dans lapoftëriré d’une même efpèce. On obfervo."
que la graine des-girofliers, qui ont quelques*
pétales furnuméraires, eft plus-fitjette à donner"
dès girofliers à fleurs doubles que la graine ra—-
maflée fur lés pieds des girofliers Amples., Les:
graines? dès renoncules femi-dbnblès. donnent',
des plantes qui'ont des fleurs très- doubles. On’
pourroit imaginer que, dans ce c a s , tous les?
germes dë cette nouvelle race ont reçu de la pre--.
mière fécondation" une influence particulfêre,^
Cela eft certainement pcflible & probable. Mais>
tout cela- eft encore- bien obfcur*.
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MORT. Les plantes font fujettes- à des maladies
qui détruifent leur ôrganilatipn & qui terminent
leur vie , foit en leur ôtant les .rapports
qu’elles doivent avoir avec les fubflances propres
à confervcr leur exiflencé, foit en détruifant
eu en dérangeant leurs organes. Mais, quand aucun
de ces aecidens ne nuirait à leur fan té , leur
durée feule amènerait leur fin , tantôt plus vite,
8c tantôt plus lentement, fuivant leur nature.
D’abord' leur développement eft proportionnel
à la grandeur des mailles de leur réfèau primordial
, au nombre des couches ou feuillets
qui peuvent fe gonfler pour faire, les couches
qui augmentent leur grofleur. Aufli , quand toutes
ces couches font développées , quand ces mailles
font remplies, quand leurs parties ont acquis la
rigidité qui fufpend ou diminue la circulation ,
la plante périt. C’eft ainfi que nous voyons finir
les plantes annuelles. G’eft ainfi que finifient
dans les forêts les chênes, oubliés. Ces végétaux
ne different entr’enx pour la fin de leur vie
naturelle, que par une durée plus ou moins longue.
Mais ces deux efpèees fe détruifent de la même
manière. Les éléments qui ont concouru à leur
nourriture concourent à leur deftruélion ; l’eau
s’évapore, la lumière diflipe les réfines quelle a
formées : elle agit au moins fur le phofphorifme
du bois pourri. Suivant les belles obfervations
de M. Giobert, l’air pur fe combine avec l’écorce
des plantes & il les confirme. Enfin cette maffe
Confidérable de matière, qui formoit ce chêne
antique, rentre dans la circulation générale ,
pour pourvoir à la reproduction de tous les
êtres par l’affinité qu’ils auront avec les particules
de cette matière qui fc font réduites à leurs
premiers éléments.
MOUVEMENT. J’avois long - tems héfité fi
je parlerais du Mouvement des plantes 'en
général, après avoir parlé de leurs Mouvemens
particuliers. (Cependant, en y réfléchiflant, il
m’a paru convenable de faire eonnoître les idées
des Phyfiologiftes fur cette matière curieufe.
Les opinions, les idées des hommes ne changent
pas la nature ; mais les opinions & les idées
qu’on adopte empêchent fouvent de voir; la
Nature telle qu’elle eft , & de la reconnoître
quand on l’a peinte avec des couleurs imaginées.
Les plus grands Phyfiologifles des. végétaux
ont attribué le Mouvement aux plantes; quelques
faits les ont engagé à prëfumer que^ les
plantes étoient douées de ,ia faculté locomotive.
Mais cette faculté eft trop noble pour en priver
les végétaux, fi elle leur appartient & pour
la leur donner gratuitement, fi elle n’eft pas
un de leurs attributs. Il eft donc important de
rapportée les faits qui fervent de bafe à certe
opinion 8c les obfervations qui l’appuient.
Il eft intéreflant de préfenter au Philofophe
obfervateur ce qu’on a penfé fur ce beau fujet j.
M- O U - t 'Stf
poux l’engagcr.à y :penfer encore ; pour le déter~
miner à pefer avec attention les penfées des
autres & leurs obfervations ; pour le forcer k
les fuivre avec plus d’afliduité, â les chercher
avec plus de foin , à les établir avec plus d’évidence
, à en augmenter le nombre; & en dé-?
duire, s’il eft paffible, quelque chofe de certain,
gui puifle mettre, en état d’attribuer ou d ôter
avec fondement le Mouvement aux plantes..
C e fuj.et eft bien propre à animer les efforts
du Philofophe fenfible, parce que la fenfibihté
& la fpontanéité du Mouvement font prefqu’in-
féparahles. Perfonne n’a traité ces beaux fujets
avec plus de philofophie & d’éloquence que
M. Bonnet , dans la P alingénép.ephilojopkique ,
partie IV ; dans la Contemplation de la Nature ,
partie V I , chap. 4 , & partie X , châp. 30»
M. Defauflure s’en eft occupé, avec le même
intérêt, dans un Mémoire fur deux nouvelles
efpèees dç Tremellcs , publié dans le Journal
de Phyfiplogie, four le mois de Décembre 2 7.90.• Enfin je dois dire que M. Hedwig adopte abfo-
Iument l'opinion de ceux qui croyant que les
végétaux ont des Mouvemens fpor.tanés.^
Les plantes - ont des Mouvemens qu’on ne'
peut • fe d iffim n le r te ls font ceux que mani-
feftent les parties du végétal qui s’alonge & qui
greflir. On a mefuré l’aiongemcm ,d’un farinent
de vigne, dans le moment où la végétation
étoir la plus forte , il fut de 1 pouces i dans
Z i heures, ou d’ i ligne \ dans une lieure : ce qui
ferait pourtant perceptibîe.j puifqu’on diftingue
avec les verres la partie d’une ligne. Xes
racines des- végétaux offrent les mêmes phénomènes;
elles s’étendent dans la terre comme les
branches dans ; l’air. Mais, je ne veux point
parler de ces Mouvemens ; ils font un effet
de I’organifation que toutes les parties du végétal
■ déployent-en croiflan.|| ce font des parties de
matière qui en pouflent d’autres. D’ailleurs ce
Mouvement eft b o rn é p e n d a n t toute la vie
des plantes-,,* par l’efpace que les racines o.ccu-r
pent dans la terre, & par celui que les branches
rein pii fleur dans l’air.
Parmi les Mouvements des végétaux, qui annonceraient
davantage la fpontanéité du Moü-r
vement,, on obferve celui de la plumule & de
la radicule des graines germantes, qui fait tendrç
conftamment, dans tous les cas , la plumulf
vers le ciel & ' la radicule vers la teçre. Voyez
Direction- pes T iges , Plumule , Radicule.
...
II en. eft de même du Mouvement des bran-
| ches inclinées par force, qui font effortpour
| fe redreffer ; . celui des feuilles tournées, de
i manière que leur; fnrface inférieure regarde le
; c ie l, 8l qui. reprennent d’abord leur première
pofitiort.. Vby e i F euilles.
Il faut en dire autant du Mouvement de
» toutes les .plantes qui courent après U lumière