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dé la feuille * alors l’infeéle qui l'aura fuivle en-
dedans ne fera plus dans le plan de la furfâce
inférieure de la feuille qui lui avoir fervi d’entrée:
cette ouverture fait un enfoncement ; & comme
l ’infeâe s’éloigne toujours de cette ouverture, rien
ne contribue à là conferver ; les parties repliées
fe rapprochent & l’ouverture fe fermé. Le puceron
donné naiftance à des petites qui fücent à
leur tour la feuille de toutes parts, & cette fuc-
tion uniforme dans tous les points donne à la veffie
ou à la Galle une forme plus ou moins arrondie'.
Il feroit impoflible d’expliquer de même toutes
l#s variétés de ces Galles, parce qu’il n’eft pas
aifé de les fuivre dans leur développement qui eft
extrêmement rapide ; d’ailleurs quand on réfléchit
à leur prodlgieufe variété foit pour leur
forme , leur dureté, leur nature , on lent combien
il feroit difficile de rendre raifon de toutes
ces différences, à moins d’étudier chacune d’elles
féparément.
On s’en perfuadera d’autant plus que la partie
de la plante fur laquelle fe forme la Galle, pa-
•roîf avoir peu d’influence fur fa nature : les
feuilles fourniffent au moins comme le bois dés
Galles ligneufes : il eft vrai que les feuilles offrent
dans leurs nervures des filets ligneux qui peuvent
fe développer plutôt que les autres ; mais ne fem-
•bleroit-il pas auffi que toutes les Galles doivent
peut-être leur origine à une fibre - que l'abondance
du fuc nourricier développe éminemment,
comme on l’obferve dans les excroiffances dont
•j’ai parlé? Voye{ Excroissance.-Gela pourvoit
être ', cependant cela né ' fâuroit fuffire pour expliquer
ce phénomène; car enfin les fibres végétales
font feules fufceptibles de végétation;
ce n’eft pas le parenchyme qui s’accroît , ce
font les libres, qui le forment ; & puifqu’il y a
des Galles dures & des Galles molles fur les feuilles
des mêmes arbres, il faut qu’il y ait quelque chofe
de particulier dans l’aétion de rinfeéie pour produire
ces différences.
Ne pourroit-on pas imaginer encore que chaque
infeéle en piquant la fibre qui lui convient,
pique des fibres différentes ? La chaleur de Tin-
feéle ne pourroit-elle pas auffi contribuer à ces
variétés, en déterminant plus particulièrement'
vers lui les fucs nourriciers ? Ce qu’il y a de;
bien sûr, c’efl que fi l’on fait des entailles aux’
bords des fe u i l le s c e s bords groffiffenn, parce,
que le fuc y eft alors fur-tout attiré.
En général pourtant'la forme extérieure des!
Galles doit être très-dépendante des circonftances;
extérieures, de l’état de la feuille , de la qualité
de la piqutire , &c. on peut juger d’après cette;
idée combien lès Galles doivenr, à cet égard, varier
dans leurs efpèces. Mais, comme il y a pourtant
auffi une grande reffemî5ïance dans cette
variété , comme les Galles ligneyfes ou chevelues
font toujours ligneufes ou chevelues, il paroît,
Suivant l’opinion de l’Auteur du Dictionnaire
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£ Agriculture, que les variétés de cette efpècç
dépandent fur-tout de l ’aétion des infeéles.
Les Galles nuifent aux feuilles & aux tigeï
for lefquelles elles fe forment ; dans le chêno
les feuilles fe defféchent à l’entour des Galles«
Les Galles ligneufes & en boule de bois s’appro*!
prient tous les fucs deftinés à nourrir un bouton,:
auffi c’eft aux dépens du bouton que ces Galles
croiftent & fe nourriffenf.
On pourroit dire que les infeéles mineurs ne
détruifenr pas les feuilles où ils cherchent leur
nourriture ; mais il faut obferver que les in-<
feéles dévorent quelque partie du parenchyme,’
fans-nuire. au refte de la feuille; au lieu que
les Galles s’approprient la nourriture de la feuille
elle-même , en s’appropriant les ; fucs roulant
dans les fibres qu’ils piquent. •>—*
• * Cette monftruofité des feuilles & des tiges produire
de cette manière., apprend comment on"
peut faire couler le füc d’un arbre ou d’une
"tige prefque à fa volonté. On voit par là que le
fuc, qui pénètre jufques aux feuilles, y eft d’autant
plus abondant quelles en ont un plus grand
befoin ; ce qui fuppofe que ce fuc eft afpiré par
les feuilles fuivant l’ufage quelles peuvent en
faire. Les Jardiniers habiles fauront profiter de
cette remarque pour dévier les fucs avantageufe-
ment à leurs vues;,
Enfin le fuc , que les Galles fourniffent, eft
un fuc très-aftringent ; il donne éminemment
l’acide gallique. Seroit-ce la première ébauche
ffaline du végétal r Cet acide ferôit-il le premier
produit d’un fuc qui ne feroit pas fuffifamment
élaboré ?.Quoi qu’il en foit, la plaie qui donne
naiffance à la Galle change l’organifation de la
feuille , & par conféquent fes réfultats. C’eft
fans doute pour cela que la Galle contient une
fi grande ; quantité de fucs. aftringents ou mal digérés,
tandis que les feuilles ordinaires en contiennent
fi peu. Le fuc de ces Galles parôîtroit
donc exiger une préparation poftérieure pour
devenir l’acide du tartre. Mais il fe préfente
ici unfujet très-curieux de Chymie végétale.
Il y a des productions du genre des Galles qu’on
a cru de vraies Galles j quoiqu’elles n’en., (oient
pas. MM." Albretif & Reynier ont fait voir que
les Galles, prétendues du feule ne . contiennent
point d’infeéles mais quelles font plutôt l’embryon,
d’un bourgeon qui pouffoit: dont 1»
gelée a arrêté la végétation. M. Reynier a. fur~~’
tout obfervé ces excroiffances, fur lesJalix alba
& falix capreay mais il a remarqué auffi que ces exj-
croiffances fon t,fo r t rares dans les pays plus
■ chauds que le nôtre. Le même Botanifte a vu
ces Galles fuppofées fur les tiges de quelques
plantes printannières, & en particulier fur le
quercus ccrris ; elles étoient formées de feuilles
féchées qui donnoient naiffance àuneelpèce dç
protubérance & qui étoient étroitement ferrées 4
leur extrémité.
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GELEE. Pour traiter ce fujet'd’une manière
tonvenable au but que je me îpropofe , je dois
écarter tout ce qui tient au phénomène proprement
dit de l’eau changée en glace ; je n’en
chercherai point la caufe(5 je 'n ’enffuivrai pas
les effets ; il me füffira de fa voir que. l’eau devient
folide quand le thermomètre d£ Réaumur
eft à zéro , & que la glace occupe alors un plus
grand elpace que l’eau avant de fe glacer. Enfin
j!obferverai, que quoique l’eau fe; gele communément,
loTique le thermomètre eft ;à zéro', il y
a pourtant des cas où l’on voit le thermomètre def-
cendre beaucoup plus bas, avant que l’eau commence
à fe changer en glace. C’eft ainfi qu’on voit
l’eau fe geler feulement quand elle eft dans le
plus parfait repos à 9 degrés \ du thermomètre
de Kéauçuir au-deffus de zéro. J ’ ai vu de l’eau
renfermée dans des tubes capillaires qui ne s’eft
pas Gelée, quoiqu’elle, eût éprouvé pendant plu-
ïieurs heures un froid qui faifoit .defeendre le
mercure du thermomètre à 7 degrés & 8 au-deffous
du terme de la glace.
Je ne veux confidérer à préfent ici que les effets
de la Gelée & du froid fur les plantes expofées à
fon aélion, en profitant néanmoins des lumières
que la Phyfique préfente fur cet objet. inté-
reffant.
< Pour faire connoître les effets de la Gelée ou
des grands froids fur les plantes, je les diftin-
guerai en plantes ligneufes & en plantes herbacées
; mais je regarderai toujours les jeunes pouffes
des plantes ligneufes comme des plantes herbacées
auxquelles elles reffemblent beaucoup.
Je diftinguerai auffi par cette raifon les Gelées
d’Hiver de celles du Prîntems ; car quoique leur
caufe efficiente foit rigoureufement la même, les
effets qui en réfulcent ne fe reffemblent pas. En
Hiver , les plantes & leurs branches ont toute la
force & la folidi té qu’elles doivent avoir; privées
de leurs feuilles elles contiennent la moindre quantité
poffible de fève» Ces circonftances font tont-
à-fait différentes au Printems ; les nouvelles pouffes
font extrêmement tendres, extrêmement humides
& pleines de fucs : le Gel détruit la plupart
des'plantes ou des.parties,des plantes qui y font
alors expofées. C’eft encore par la même raifon
que les Gelées ne font jamais plus fâcheufes en
Automne que lorfque les feuilles tombent fubi-
tement par une Gelée blanche ; les plantes (ont
dans ce moment remplies de fève que les feuilles
toujours attachées à la plante avoient attirée :
& le froid , en convertiffant, en glace cette fève
qui eft fort aqueufe , brife les fibres qui s’op-
pofent a fa dilatation & dérange entièrement les
organes que ces fibres a voient formé.
; De même quand les Hivers font très-rudes,
& quand la rigueur du froid fe combine avec
l'humidité ou un dégel conftdérable qui l’a précédé,
toutes les- plantes fouffrent davantage , &
les plantes ligneufes font (tir-toui fingulièrement
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affeélées. On découvre au-moins deux vices bieti
marqués dans plufieurs arbres, atteints par ces
froids violants.; ces vices paroiffent. feulement
quand ori débite leur bois ; on trouve alors ;ce
qu’on appelle le .faux aubier ,, la gelivure, la
gétivure entrelardée & les fentes. Çes défauts
diminuent beaucoup la valeur des bois qu’on vou-
droit employer.
On a vu que l ’aubier étoit le paffage d’une-
partie de l’écorce à l’état ligneux , qu’il envelop-*
poit le Vrai bois, & qu’il étoit lui-même recouvert
par l ’écorce : dans les arbres où l’on trouve
le feux aubier, on obfervé une couche d’aubier
entre deux couches de bon bois ; de manière
qu'il a fallu une circonftance particulière , pour
empêcher ce.t aubier de fe changer en bois comme
l’autre / & pour l’enfermer ainfi, fous la couche
nouvelle d’aubier, que forme l’écorce vigoureufe
dont le précédent étoit recouvert.,
Il paroît donc que l’aubier feu 1 doit avoir
fouffert par le froid, car le bois qu’il recouvre
eft parfaitement foin i & Fécorce dont il eft recouvert
eft très-végétanre ,• il eft d’ailleurs le feul
dans l’arbre qui n’ait pas fuivi fa deftinée. M. Duhamel.,
qui a étudié ce faux aubier fur des vieux
arbres , s’eft convaincu qu’il avoit été altéré dans
fa nature, puifqu’il la trouvé plus léger ,
plus tendre & plus foible que le véritable ; ce
qui annonce la déforganifation de cette fubftance;
Il y a plus ; le nombre des couches qui reéou-
vroient ce faux aubier , lui a fait vo ir , que ce
faux aubier s’écoit probablement formé pendant
l ’Hiver de 1709. Cè favanr Académicien avoit
encore remarqué que le faux aubier n’étoit ni
également mauvais ni d’une femblable épaiffeür
dans tous les arbres & dans toutes leurs parties ;
..ce qui prouvéroit que l’aélion du froid n’avoit
pas été uriiverféllemènt la même , puifqu’elle
n’avoit pas également déforgauifé l’aubier dans
tontes les circonftances^ On ne peut douter, au
refte, que cet accident ne foit l’effet .du froid,
puifque les racines de ces ^arbres garanties de fou
âpreté par la couche de terre qui les recouvroit
étoient en bon état ; puifque les arbres ifolés
qui étoient le .plus, expofés à.l’aélion du froid,
en étoient auffi les plus àffeélés & puifque
les arbres plantés dans les terres légères a voient
le plus fouffert, parce qu’ils avoient tiré moins
de chaleur d’une terre qui’ l’avoit laiffêe pluà-
facilement s’échapper par toutes fes ouvertures.
Il faut pourtant obferver que l’arbre n’avoit
pas péri quoiqu’il eût extrêmement fouffert ;
que l’écorce n’avoit pas été détruite, puifquë
l’arbre a vécu long-rems après ce Gel qui l’avoic
pénétré. Mais ne fembleroit-il pas que l’aubier
devoir fouffrir moins que l’écorce , puifqu’il
étoit moins expofé à I’âélion du froid, & puifque
fon tiffù étoit plus ferré r en yréfléchiffant
un peu, on découvre bien-tôt que l’aubier devoit
fouffrir davantage du froid que l’écorce, parce