
au milieu de deux fluides qui les enveloppent,
l’air & l’eau, & il paroit quelles fe pénètrent
plus ou moins de l’eau qui les touche immèdia-'
temcnt -, on voit de même que les plantes peuvent
arracher à l’air ou à la terre , Peau qu’elles
contiennent quand elles peuvent les toucher.
Quant à l’air dans lequel les plantes font plongées
, je ne vois pas trop comment il pourroit
pénétrer les plantes qui en font déjà remplies,
à moins de chaflèr préliminairement l’air qu’elles
renferment : & comme l’air qui pèfe fur le col
d’une bouteille ouverte, ne chaffepas celui qu’elle
contient , je né vois pas trop comment l’air
extérieur chafleroit hors des plantes celui qui y
efl renfermé ; fi les plantes ne s'appropriaient pas
cet a ir , ou une des parties qui le conftituent,
en vertu de quelque affinité particulière, ou de
quelqu’autre moyen qui nous efl inconnu. Mais,
•quand cela, feroit, on ne fauroit croire que l ’air
des plantes fubaquées leur vînt de l’atmofphère,
fans imaginer que ces plantes arrivent à la fur-
face de l’eau pour le refpirer, ou fans fuppofer
qu’elles le prennent dans l’eau , qui en tient
diflbute une quantité très-petite : ce qu’on pourroit
facilement obferver -, car , enfin , lorfque
les plantes font pleines d’air , elles .ne fauroient
en recevoir dé nouveau , qu’en perdant celui
qu elles/con tiennent • alors cet air nouveau reçu
par les plantes, remplaceroit celui qui en feroit
forti ; mais on verroit fortir, jaillir hors de la
fe u ille , cet air qui s'échapperoit avec quelque
régularité, ou dans des circonfiances données ;
d’ailleurs cet air, qui auroit quitté la feuille ,
feroit l’air commun qu’il feroit facile de recon-
poltre.
Cependant, dans toutes les circonfiances où
les plantes rendent de l’air, cet air. rendu eft rarement
l’air commun ; car l’air que les plantes
fourniflent par le moyen de la pompe pneumatique
, eft d’abord dé l’air commun; & enfuite ,
pour l’ordinaire, de l’air plus ou moins mauvais,
comme j’ai eu occafion de le voir dans un très-
grand nombre d’expériences : ce qui montre
déjà que l’air commun n’eft pas feulement contenu
dans les plantes , mais qu’il peut y en
avoir une autre efpèce ; & que cet air commun
n’eft peut-être ici qu’un air iaélice , qui acquiert
par des mélanges, les propriétés de l’air commun.
J’ai élevé fous l’eau, des plantes de menthe,
qui n’ont jamais fenti l’air, & qui ont toujours
fourni de l’air trè s -p ur ; ce qui annonce que
l ’air contenu dans les plantes ' tèrreftres tire
aufti fon origine d’une autre fource, que de l’air
Commun.
11 eft vrai.que M. Ingerihous a fait desexpé-
riences qui paroifloient prouver que les plantes fe
chargent, au bout d’un tems affez cou rt, de ivair
qui leur fert d’atmofphèré : qu’elles Te font, par
exemple , remplies d’abord de l’air inflammable ,
dans lequel ou les' a voit mifes. Voye{ ExpérienceS
SUR les végétaux , T. I I . Ces expériences
font bien faites ; mais elles fourniflent
feulement ce réfultat, quand on fe borne à'les
faire fur les petits joncs, & fur des plantes de
ce genre. Je l’ai vu comme lu i; mais j’avoue
que je n’ai point obfervé la même chôfe fur.un
grand nombre de tiges, & de feuilles des autres
plantes , mifes comme les petits joncs dans l’air
inflammable , où dans la mofète. Mais on ne
peut fe diffimuler que le tiffu de petits joncs ne
foit tout-à-fait particulier ; il laifle toujours plus
d’une ouverture à l’a ir , outre les pores de l’épiderme.
Ces plantes même renferment des réfer-
voir d’air , & l’air peut y couler comme une
rivière dans un canal.
D’ailleurs, li l’air commun entroit dans les
plantes, il faudroit qu’il délogeât celui qu’il rem-
laceroit, il devroit y entrer & en fortir à toute
eure, & l’on s’en appercevroit facilement, fous
l’eau aërée. Cependant il ne fort pas un atôme
d’air hors des feuilles, quand elles y font expo-
fées à l’obfcurité. 11 arrive encore fouvent la
même chofe aux feuilles expofées fous l’eau, à
la lupiière tranquille du jour. Les plantés font
pourtant environnées d’air à l’obfcurité ,. & à
la lumière du jour, comme lorfqu’ellesfont expo-
fées au foleil. Cependant lés feuilles devroient
alors tirer l’air contenu dans l’eau, & rendre
celui qui eft dans leurs vaifleaux , pour faire
place à l’air qu’elles afpirent. Cependant les
plantes terreftres mifes fous l’eau aërée, qui y
auroient un moyen de plus, pour fe débarraffer
de l’air quelles contiennent, & pour en prendre*
n’en rendent abfolument point à l’obfcurité. Les
plantes fubaquées confervëes de même à l’obscurité
fous l’eau, ne fourniflent aucune efpèce
d’air : & il y en a qui n’en rendent point , quand
elles font expofées à la lumière du foleil fous
l’eau chargée d’air fixe ; quoique cette eau fafte
rendre une fi grande quantité d’air à plufîeurs
plantes, lorfqu’elles font dans les même6 circonf-
tances. Vàye\ Air , F euilles , L umière.
Enfin les feuilles privées entièrement d’airfous
la pompe pneumatique & mifes enfuite au foleil
fous l’eau chargée d’air fixe donnent de l’air pur*
comme celles qui n’ont pas été expofées à cette
épreuve, quoiqu’elles n’aient pu prendre dans
l’eau que de l’air fixe. D’où cet air pur tireroit-
il donc alors fon origine ? Il me femhle qu’il
ne peut venir que de cet air fixe qui a été décom-.
pôle, que de fon oxygène qui a quitté le carbone
auquel il étoit u n i, tandis que ce carbone s’eft
combiné avec la planté ; &, que l’oxygène s’eft
féparé de la plante -pour s’unir à -la lumière ou
au calorique en fortant de la plante fous la
forme d’air pur. On pourroit encore fuppofer
que cet air pur vient de la déeompofition de
l’eau : & il ne ine parcît pas qu’il foir poffibe
de faire d’autres fuppofi rions. Quant à la première,
elle Qie pâroît la plus probable* parce que:
Ta fécondé demande pour avoir lieu d’après nos
connoiffances une température qu on ne peut
foupçonner, quoiqu’il y Rît des circonflances ou
la déeompofition de l’eau ne paroiffe pas exiger
la chaleur du fer ‘rouge. D’ailleurs les plantes
expofées au foleil, fous 1 eau bouillie, 'ou diftillée,
©u privée d’air fixé de quelque manière que ce ;
foit ne fourniflent abfolument point d’air.
Mais enfin d’où vient l’air commun que les
plantes laiffent échapper lous 'la pompe pneumatique
? Je crois d’abord qu’il leur vient de
l’air commun lui-même adhérent''a leur furface,
de celui qui les pénètre par toutes les ouvertures
accidentelles qu’elles peuvent 'avoir, comme partout
les pores dont cet air recouvre la bouche.
Je ne puis au moins imaginer la manière par
laquelle l’air entreroit dans des tubes 'qui en ;
feroient déjà pleins fans le déplacer. Mais je
crois que l’air pénètre les plantes avec 1 eau
quelles fùcertt par leurs tacines & leurs feuilles;
on voit au moins fortir de l’air avec les pleurs
de la vigne. D’ailleurs il me paroît tout-à-fait
probable que l’eau entre dans les plantes lorf-
qu’elle eft chargée d’âir fixe ; que cet air fixe fe
décompofe dans - les feuilles "à la lumière ; &
qu’une partie de l’air pur qui ne fort pas réfte
dans la plante , & fe combine de maniéré à former
un air plus ou moins pur que celui que
nous refpirons. Les dernières'expériences de M.
Preiftley rapportées dans le Journal de P h y f que
pour te mois de Mai ijÇ) r-, apprennent que, dans
la combuftion de l’air déphiogiftiqué & de l’air
inflammable très-purs, on obtient à volonté de
l’eau avec acide nitreux & fans cet acide; mais
il y a toujours de l’air plilogiftiqué ou de la
mofette : il faut donc que cette mofette fe formé
dans cette expérience, puifqü’elle n’exiftoit pas
dans le mélange ; & , comme un trouve dans^ les
plantes tous ces élémens qui ont paru fournir la
mofette dans f expérience que je viens de rapporter,
il feroit poffible que cette mofette y eût
la même Origine. > .
D’ailleurs, quand la déeompofition de reau
fourmroit l’air pur que les plantes donnent ,
comme M. Bertholet le foupçonne ; mais ce ne
feroit pas!’air commun, puifqu’il faudroit ajouter
à l’air pur une quantité trois fois auffi grande
de mofette & en fuppofant que l’air commun
pénètre les plantes, certainement ni l’acide nitreux
ni les alkalis volatils contenus dans la plupart
des planresne pôurroient employer cette mofette;
cependant on ne cannoîtroit aucun autre moyen
pour les en dêbàr rafler, même en fuppofant avec
M. Ingenhous que les plantes donnent de J air
mofettique à l ’cbfcurité, puilque, fuivant lui, la
quantité en eft infiniment petite , & fur-tout
puilque j’ai démontré que les plantes à l’dbfcurité
ne donnent aucune efpèce d’air. Voye\ F euilles,
L umière. . j \ {'
L ’origine de la mofette qtte les pîantesfoiïrniffent
par le moyen de la pompe pneumatique
fera donc le produit de l’air fixe qui eft prelque
toujours plus ou moins mêlé avec lui ; il peut*
provenir encore de la*'petite quantité d air commun
entrant dans les plantes avec l’eau qui les
pénètre. Cela étant, comme la lumière tend toujours
à s’unir avec l’oxygène qui eft une partie
conftituante de l’air aunoiphéfiqù'e-, Cet oxygène
métamorpbofé en air pur s’échappe & laifle la
mofette dans les plantes peur former l’alk'ali
volatil & l’acide nitreux. Mais la découverte de
M. Priéftley , dont je viens de parler, ajouté un
nouveau moyen aux précédents, pour expliquer
l’exiftence de cette mofette dans les plantes ; &
ce feroit peut-être 'le plus probable, fi l’on pou-
voit découvrir un procédé# pour produire cette
mofète fans l'inflammation de l’air .pur & de
l’air inflammable.
Mais l’Imbibition de l’eau par les plantes n eft
pas fu,jette à de pareilles incertitudes. On fait
qu’une branche d’arbre coupée fraîchement &
dont la feclïon a été maftiqnée d’abord après
quelle aété faite, perd de fon poids lorfque les
feuilles fe fanent, & que .cette perte de poids
eft produite "par l’évaporation de l’eau. On fait
encore que ces branches .fanées mifes - dans une
cave büraide', ou enveloppées de linges mouillés,
\ y reprennent non-feulement le poids quelles
avoient perdu . mais en retrouvent encore quelquefois
un pli s grand- avec leur fraîcheur ; ce
qui ne peut venir que de l’eau dont elles fe
font pénétrées. M. Duhamel a obfervé que des
branches coupées au Printërns fe font conlervëes
vertes pendant quelques teins dans des linges
mouillés, & quelles y ont pouffé d’une manière
remarquable.
Des plantes fanées par une forte chaleur r c -
verdiffent par une forte roféeoü une petite pluie
qui a feulement baigné leurs feuilles, quoique
les racines n’aient pu contribuer à ce changement ;,
'ce qui prouve clairement que 1 eau a pénétré la
plante en paffant au travers de fes feuilles.
Cfeft à cette propriété qu’ont les plantes de
s’imbiber de l’eau dépofée par l’air fur leurs
tiges & leurs feuilles, que les plantes doivent
une grande partie de leur nourriture. On
n’imagine pas que le femper virens tedorurre
puiffe vivre autrement pendant plufîeurs mois,
chauds & fecs de l'Eté lur les murs & fur les
toits. C’éft ainfi que les plantés tropiques avec
leurs feuilles fort épaiffes bravent les ardeurs
d’un ciel embrafé & d’une terre de fléchée ;
elles fucent l’humidité de l’air ; & ff elles ont
peu de racines , e’eft parce qu elles vivent beaucoup
par leurs 'feuilles.. L buphorbium fe con—
: ferve affez long-tcms pendu au plancher; la
: rcp#fe même y fleurit ; cela doit être dîfpofé
de cette m an iè rep a r c e que la fnélion des
racines eeffe prefque entièrement pendant U
nuit ; mais l’Imbibition fe fait alors fur-toUpar C«*