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miniature ou celle de leur exiftencé dans cet état
d’obfcurité, qui ne nous permettrait guères de
deviner le fpeétacle & les richelles que nous avons
la coutume d’attendre.
M. Duhamel a choifi le maronnier d’Inde pour
le fujet de fes obfervations. L ’extrémité des jeunes
branches de cet arbre eil terminée par un Bouton
où l’on trouve, pendant l’Hiver,-des feuilles qui
fe déploieront au Printems. Elles y font enveloppées.
d’abord par des écailles brunes qui recouvrent
d’autres écailles vertes plus minces : on les
apperçbit quand la chaleur commence à les étendre
: ces enveloppes font enduites extérieurement
& intérieurement d’une matière réfineufe : les
enveloppes les plus intérieures font fournies
d’une matière cotonneufe : tout cela met les
fleurs & les feuilles à l’abri des- inconvéniens que
le gel & l’humidité pourraient leur caufer. J ’ai
gardé fous l’eau pendant cinq mois des Boutons
de différens arbres, après avoir maftiqué avec de
la cire d’Efpagne l’extrémité du Bouton attenante
à la tige : je trouvai au bout de. ce tems-là , les
Boutons aulfi fains que ceux qui étoient reliés fur
les arbres & l’eau n’y avoit pas pénétré. On a
obferyé que les Boutons font plus garantis dans
les pays froids que dans les pays chauds,. & que
les Boutons des plantes, délicates font mieux
habillés que les autres.
Lédermuller a compté feize écailles au Bouton
du maronnier , les premières font brunes,1
les fécondés font demi-vertes & demi-jaunes
foncées, les troifièmes font demi-vertes & demi-
jaunes dorées ,les quatrièmesfpnt d’un beau vert.
On y voit : i.° les écailles ou feuilles extérieures ;
2.0 les feuill es intérieures aux quatre coins de la
fleur -, 3.0 la tige de la fleur' 4.0 les fleurs. Ces
Boutons font gluants intérieurement & extérieu-,
rement, fur-tout lorfqu’ils font fur le point de
s’épanouir cette glu eft formée par,une matière
réfino-gommeufe,. comme je m’en fuis aflùré.
Les écailles des Boutons font figurées en cuillers
, celles qui font vertes s’étendent avec le
Bouton ; mais les unes & Tes aütre.s tombent
quand le Bouton efl bien épanoui.
Après avoir enlevé • les écailles, les feuillets
verds & le duvet d’un Bouton , on découvre une
très-petite branche chargée de très^petits corps
qui femblent des feuilles entre lefquelles on âp-
perçoit des filets. ._
Si l’on coupe la branche & le Bouton dans fa
longueur pour en pénétrer i’organ'ifation ,t on
voit d’abord la coupe des enveloppes écailleufes
& au centre la miniature d’une jeune branche-
avec fa moelle qui efl: blanche , tandis qu’elle
rouffit en s’approchant de la branche ;on obferve
dans cette branche les filets ligneux, les couches
corticales ; c’efl. de-là que partent lès enveloppes
du Bouton ; l ’écorce femblé diminuer d’épaiffcur
à mefure qu’il s’en prépare un plus grand nombre
tfenveloppes, s ■ .
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En étifdiant ce Bouton dans la'tranche auquel
il eft attaché, on voit bien tôt que la même moelle
fe prolonge dans toute la longueur de ce Bouton,
& quelle varie moins par fa nature que par fa
couleur, le bois ancien fe fuit dans une addition
herbacée de fibrès ligneufes deftinées a devenir
bois & recouvertes par les lames intérieures de
l’écorce qui l’accompagnent pour l’augmenter
encore/parce qu’elles feules peuvent fe lignifier,
tandis que les couches extérieures fe terminent
aux enveloppes du Bouton , parce que les lames
intérieures peuvent former feules le bois &
l’écorçe. Voye{ C ouches L igneuses,
Cependant Pontedera a cru que les rudimens
des Boutons étoient placés dans le bois. Duhamel
croit que toutes les parties de l’arbre fe réunifient
pour produire les Boutons. D’autres, avec Hilî,
ont cru que les Boutons fortoient du parenchyme
de la plante. Cette dernière opinion n’efl pas fans
fondement, parce quelle exclut de certe production
, la moelle qui efl un corps cellulaire, inerte,
& parce qu’il femble plus facile d’expliquer ainft
la formation de tous les Boutons ; il paraît au
moins vraifemblable que les Boutons foientfor^
més dans une fubftance molle & aétive, où l’on
trouve les vaideaux à air , les vaifleaux propres
& cette matière fucculente du perenchyme ; il
faut l’avouer, quand on étudie les Boutons avec
foin , ils paroiffent appartenir au parenchyme de
l'écorce , par leur reffemblance avec lu i , par les
liens qui les y attachent & par leur naifl'ance.
La moëlle eft une partie eflentielle du Bouton
qui fe forme peut-être par le développement du
germe de ce Bouton qui reçoit alors une nourriture
abondante. Il feroit poflible de même que
ce germe en fe développant fe foudât avec la
plante-mère, s’entât avec elle : au moins le bourrelet
formé autour du Bouton, n’eft autre chofe
que cette partie de 1-écorce qui eft gonflée, & qui
le replie à droite & à gauche. L ’hiftoire des greffes
& fur-tout celle des cicatrices de l’écorcë rend
cette idée probable : alors l’écorce qui èft flexible
& fufce.ptible d’une grande extenfion s’étend avec
le Bouton , & profite de la grande abpndance des
fucs attirés par le bourrelet pour conferver fa
molleffe , favorifer fa dilatation & produire avec
elle le développement du Bouton. Je ne dis rien
ici des différentes, efpèces de Boutons qui peuvent
fournir un caraéièrë botanique , & qu’on trouve
fous ce mot au DiéHonnaire de la Botaniquè.
Je n’ai point dit qu’on y appercevoit déjà-dans
les Boutons des feuilles roulëès & placées Avec la
forme qu’elles doivent avoir ; mais je traiterai
ce fujet en parlant des feuilles. Voye\ F euilles.
Le Bouton à bois eft donc une petite ^ige
ligneufe couronnée des feuilles ;en miniature ;
c’eftün petit arbre enté fur le grand.
On diftingue deux efpèces de Boutons à bois ;
les uns très-petits d’où il fort un bouquet de feuib»
les & qui deviennent des Boutons à fruits • les
* ftjll
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autres qui font plus gros produifent des branches :
on obferve ceci furies pommiers, les poiriers.
Je ne m’arrêterai pas à faire remarquer que
les Boutons des plantes différentes fi femhlablesa
divers égards, ont des différences qui leur font
propres-, elles n’ont pas échappé aux Botaniftes.
Les uns font anguleux, courts & ronds comme
ceux du noyer ; d’autres longs & pointus comme
les Boutons du charme -, d’autres velus comme
ceux du viorme ; d’autres liffes fur le cerifier ;
d’autres réfineux fur le tacamaca : le chêne a de
petits Boutons -, ceux du maronnier font gros.
Après avoir fait l’anatomie des Boutons à bois,
il eft curieux de fuivre celle des Boutons à fruit:
nous confulterons toujours le même Anatomifte.
Les Boutons à fruits font recouverts par des
enveloppes écailleufes dont je ne dirai rien ; elles
reffemblcnt aux écailles dont j’ai parlé.
J ’obferverai encore que le Bouton à fruit renferme
en miniature les fleurs qui s’épanouiffent
& elles y font dès le moment où le Bouton paraît ;
les fleurs du bojs gentil fe voyent dans le Bouton
avec leurs pétales, étamines, & c ., dès le mois
d’A o û t, quoiqu’ils ne doivent en fortir qu’à
la fin du mois de Janvier, ou dans celui de
Février.
Quand orî a dépouillé, un Bouton à fleurs du
pêcher , de fes enveloppes, on voir le calice de
la fleur dont les découpures rapprochées fervent
d’étui aux autres parties de la fleur; mais, en ouvrant
cet étui par l'écartement clés découpures du
calice, on découvre les étamines & le piflil on
y apperçoit même les pétales fort courtes : on
obferve tout cela au mois de Février.
Si l’on coupe ce Bouton en deux datls fa longueur
, on trouve que les. enveloppes écailleufes
'extérieures font plus courtes & plus épaiffes que
les intérieures qui paroiffent encore garnies de
jDoils vers les bords.
L ’anatomie des Boutons à fruits du poirier offre
à-peu-près le mêipe fpeélacle ; au mois de Janvier
ces Boutons font renflés, leur pointe devient
.obtufe; une branche allez groffe prefqu’entière-
.ment formée parle tiffu cellulaire, rieur fen d e
tige : chacun de ces Boutons eft formé par vingt-
cinq ou trente écaillts creufées en cuilleron ; les
plus extérieures font fermes, quelquefois : dures
& toujours auftT brunes que l ’éçorce des jeunes
branches. Au fond dq chaque çuilleron , on
-obferve un toupet de poils jaunes. Les écailles intérieures
font plu§„ grandes que les. extérieures :
leur bafe. eft verdâtre : leur furface la plus près
de nous.eft couverte d’un duvet très-fin : en dedans
elles font garnies de poils. Les écailles les
:plus voifines du Bouton font beaucoup plus
«petites & phi s minces que les précédentes : elles.
font légèrement vertes &. velues.
Sous ces. enveloppes > on voit Tes rudimeqs des
Jlcurs au nombre: de,huit ou dix grouppées fur.
Phyjîlogie végétale. Tome. P f f Z.«« Partie,
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une queue commune & attachées & elle par de
petites queues particulières.
Au milieu.de ces petites fleurs qui font lphe-
riques on diftingue plufieurs petites feuilles fort .
minces de différentes formes & d’un vert pale ;
ces feuilles font déjà les nourrices de ces fleurs,
comme les fleurs féminales font les nourrices des
plantules ; les expériences que j'ai faites fur ce
fujet me permettent de le croire. Ces fleurs ret-
femblent alors à des Boutons de rofe ; en les oh-
fervant avec une forte lentille , elles paroiffent
chargées de poils ; on voit dans leur intérieur tes
étamines dont le fommet eft blanc. Les pétales
ne font alors guères apparents & les pubis échap-
pent entièrement.
Au mois de Mars les fommets dés étammçs
font rouges ; les pétales s’obfervent clairement de
même que les petits ; on commence à diftinguer
les pépins, ils font blancs, nourris par un vail-
feau particulier, ces pépins exiftoient fans doute
au moins depuis la formation du Bouton, mais
leur tranfparence empêchoit de les apperceyoïr.
Ainfi,l’on n’exagère pas quand on dit avec Grew’
que les fleurs du Printems font formées depuis
l’année précédente. V o y e i Etamines , Fleurs ,
Germes , Pépins , Pétales , Pistîls.
Comme le Bouton du pin eft un peu différent
des autres, j’ai cru qu’il feroit utile de donner
ici la defeription que M. Tfchudi en a faite.
Les Boutons font placés à l’extrémité des branches.
Il y en a ordinairement plufieurs ; mais celui
qui eft à l’extrémité eft environné d’autres Boutons
plus petits que lui. Ils font tous dans une
gaine membraneuie formée par plufieurs pièces
cylindriques ajuftées les unes dans les autres &
accompagnant le développement du Bouton; qui
ne voit le jour que lorlqu’il a deux pouces de
longueur. Il continue alors à s’étendre ; bientôt
il sroflit ; fes petites feuilles agglutinées fe développent
; là branche s’échappe. On diftingue long-
tems à l'avance, fur l’extrémité des branches, let
Boutons quelles doivent avoir. *
Les boutons ne font point placés indifféremment
fur les branches des arbres; comme ils
donnent naiffance aux feuilles & aux branches,
il falloit qu’ils euffent une place déterminée.
M. Bonnet a découvert la difpofinon de ces
Boutons, qui eft confiante dans chaque efpèce;
il en a fait cinq claffes. i.° Celle des Boutons
alternes, cqmme ceux du coudrier. 2.0 celte des
Boutons oppofes, ou à paires çroifées, comme la r
! le frêne. 3.0 Celle des Boutons verticilles, formant
des efpèces d’anneaux autour des branches,
comme le grenadier ; les jeunes branches ont
leurs Boutons oppofés. 4.0 Ils parodient décrire,
les uns relativement aux autres, des quinconces,
ou une fpirale fort alôngée, parcourant
lès branches de la même manière qu un
tire-bouchon, comme fur ie prunier. On voit
mJJ. 1 MËSÈüfflfë rlaffe les Boutons formani