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incroyable les pétales, découvert les organes de
la génération , vu les pouflières des anthères,
diftinguéle tendre piftil, notre patient Oblervateur
parvint à débarraffer de Tes enveloppes la bafe
de ce piftil, & après lavoir examinée avec un
verre très-fort , il découvrit une filique ,- ou
plutôt cette bafe étoit la filique elle-même
ou une petite coffe qui avoir la dixième partie
d une ligne de longueur. En étudiant enfuite cette
coffe à la lumière avec foin , il remarque de
petits grains qui occupoient la partie intérieure
de la filique, il ouvrit même cette filique, &
les grains qu’elle contenoit lui parurent de très-
petites femences d’une forme ronde, placées dans
leurs alvéoles, & attachées par leurs attaches à
l’intérieur de la filique, comme on l’obferve dans
ces plantes parvenues à leur état de maturité.
En anatomilant enfuite ces petites graines, il y
vit feulement un tout d’une fubftance limilaire
& fpongieule, qui reffemble affez à une gelée
un peu ferme.
Ces obfervations ne permettent pas de croire
que ces graines aient été faites au moment où
ces filiques ont été formées ; mais il eft aifé de
prévoir, que fi on les avoir obfervées plutôt,
on auroit pu les appercevoir encore dans un
état plus petit ; car il n’y a aucune caufe particulière
f qui ait pu agir pour produire ces
filiques & ces graines, puifque la fleur ne pouvoir
être alors fécondée ; il faut donc renvoyer l’exif-
fence de ces filiques & de ces graines, dans les
’boutons de la plante , & dans la graine de la
plante elle-même qui a donné naiffance à ce
bouton ; car on ne peut conclure légitimement
de l invîfibilité des graines à leur non-exiftence[
V o y e{ F écondation. Mais il falloir s’affurêr que
ces filiques étoient véritablement le rudiment
du fruit que le genet doit produire ; o r , c’efi
ce que l’Abbé Spailanzani démontre encore en
Suivant ces filiques depuis ce moment de leur
petiteffe extrême, jufques à celui où elles ont
acquis toute leur grandeur , & où elles offrent
à nos fens , la graine féconde prête à reproduire
l’individu qui lui a donné le jo u r , lorfqu’elie
fera mifo çn terre. Il rélulfç de. ces obfervations
qu’il y a une reffemblance entière ... entre ces
deux filiques & les graines qu’elles renferment;
que les petites briques & les petites graines, en
le développant, préparent peu-à-peu les grandes
filiques & les grandes graines , enfin, que les
filique^ & Içs graines obfervées avant la fëcon-.
dation , font rigoùreufçment les mêmes filiques
qui la fui vent , quoiqu'elles en diffèrent pas
feulement , parce que les dernières ont reçu
l’influence des pouflières, ou celle du moyen
qui a donné le branle à leur grand développe^
pienr, avec l’aliment qui l’a fayorifé. On trouve
la fuite dç çette anatomie fubtile au mot FÉçoNr
R A T IO N .
feulç plante oJbferyég ne permettait pa$
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de tirer des conclufions générales. Aufli M. l’Abbé
Spailanzani a fait des obièrvations pareilles fur
les pois, les fèves, les haricots qui ont laiffé
voir à-peu-près les mêmes pnén< 'mènes ; il les
»répétées encore avec le même forcés fur le
raifort, l'ixia ch nenfts , \e pied d’alouette , la
courge, le concombre & huit autres efpèces de
plantes.
Mais, comme on pou voit foupçonner que ces
germes étoient portés par les pouflières dans le
pilhl , & qu’ils n’étoient point ceux qu’on vôyoit
à la baledu piiiil, avant la fécondation, M. l’Abbé
Spailanzani a encore prouvé, par des obfervations,
que lui l'eul peut-être pouvait imaginer &fuivre,
que les pouflières ne renf^menc point ces Germes
; il a vu dans les ovaires de quelques plantes,-
les petites graines qui doivent mûrir iong-tems,
avant que la pouflière fécondante put les féconder;
il en a fuivi le développement après la fê - 1
condation; il en a vu paroître fucceffivement la
plantule & les lobes ; il a démoifîré que les enveloppes
des graines elles-mêmes préexifloient à; la
fécondation; & en .faifant figer par l’ébullition
dans l ’eau, l’humeur contenue dans la graine du
pied d’allouette, avant la fécondation, il y a
montré alors la plantule & les lobes.
Enfin , il y a des graines fécondes fur
quelques plantes, lors même qu’on en-rerranche'
toutes les fleurs à étamines, ou lorfqu’on écarte
les plantes qui ont feulement des fleurs à étamines,
des plantes de la même efpèce qui n’ont que-
des fleurs à pifxils : M. l’Abbé Spailanzani, après
avoir fupprimé de cette manière, avec le fcrupule
le plus jaloux , Paccès des pouflières aux fleurs
femelles de cette efpèce de plantes , a obtenu
d’elles, malgré cela, des graines qui ont été fécondes
fans fécondation apparente; il a prouvé invinciblement
par des obfervations faîtes de cette
manière, & avec ce rcfultat fur le bafilic, l’hybif-.
eus fyriacus, la courge à l’écu, le melon d’eau,
le chanvre, l’épinard, Scia mercuriale, que les
graines obfervées à la bafe des piftils, avant lafé-»
eondarion, font les rudimens du fruit qu’on ob-
ferve quand ces graines, d’abôrd microfcopiques,
fe font développées.
Il réfulte clairement de toutes ces expériences,
i.° Oue ces filiques, ces graines obfervées à la
bafedupiflil, font lesrudimensdu fruit. 2.0 Qu’ils
exiflent dans cette place, avant que la poiiffière
des étamines puifib les féconder. 3.0- Que ces
filiques, ces graines peuvent fe développer dans
divers cas, fans fefecours des étamines, de forte
qu’il faut chercher encore l’origine de ces iniques
, de Ges graines, de ces rudimens du fruit.
Il eft d’abord évident que ces graines ne peuvent
arriver à la bafe du piftil, qu’en venant du
dehors ou du dedans,; mais on ne comprend
guères comment des corps inorganifés, voltigeans
dans l’air, s’organiferoient feulement, parce qu’ils
ont pénétré un corps organifé ; on ne comprend
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pas mieux comment chaque efpèce particulière
de corps organifés, faits pour chaque efpèce de
plantes, flottant dans l’air, après avoir été bàlottée
dans ratvnofpbère au milieu de tous les autres
corps erganifés deftinés à développer des graines
dans toutes les plantes fleuries, parviendrait
toujours à fe dépofer préeifément dans le piftil
de la plante qui doit le développer^
Il eft vrai que les obfervations de l’Abbé Spal-
lanzani, montrent le tems où Fernbryon, qui ne
paroiffoit pas d’abord dans les cavités des graines,
y devient fenfible fous la forme d’un point de
matière gélatineule, nageant dans une liqueur.
Mais on n’apperçoit pourtant aucune liaifon de
ce point avec la graine, quoi qu’il croiffe peu-
à-peu dans cetre liqueur ; cependant, comme
f obferve fort bien ce grand Naruralifle , Une
liqueiir ou une autre matière quelconque , non-
organifée, peut nourrir & développer un corps
organifé ; enfuite, comme je l’ai déjà dit, l’inyi-
fibilité de cet embrydn ne prouve pas fa non-exif-
tence ; d’ailleurs, en faifant bouillir ces petites
graines, M. Spailanzani a vu ce corps gélatineux
prendre de la confiftaii.ee, fe féparer en deux
tranches qui formoient les deux lobes de la graine,
& biffer même appercevoir la plantule : d’où il
-réfulte qu’on peut s’afliirer de l'organifation de
cette gelée, quoiqu’elle ne paroiffe d’abord qu’une
gelée inorganifée, puifque l’évaporation feule,
ou le développement des parties exiftantes, fu f-
fit. pour rendre fenlibles ces germes inapperçus.
Outre cela, quoique ces Germes paroifl'enr nager
dans le fluide où ils fo n t , on découvre néanmoins
dans quelques graines le lien qui les y
attache, & ce lien qu’on remarque dans quelques
cas, anncnce celui qui ne s’apperçoit pas
;dans les autres. On.a éprouvé encore, en fe fer-
vant du microfcope, que la tranfparence des
corps obfervés étoit un très-grand obflacle à
leur facile obfervation.
Il paroît donc que-ces Germes font des parties
intégrantes'des boutons à fleurs, & qu’ils font
par conféquent des patries intégrantes de la
plante, de fa graine, &c. Et fi cela n’étoit pas,
comment y auroit-il cette identité dans les efpèces,
car enfin ce.n’cft pas feulement l'aliment
que le végétal s’approprie , qui fait ce végétal.
On voit les greffes fe développer parfaitement
avec toutes les propriétés de la plante qui leur
a donné naiffance , quoiqu’elles foient placées
fur-une tige qui ne leur appartient pas. Il faut
donc qu’il y ait une organifation particulière dans
chaque plante , pour préparer cet aliment, afin
” de produire la plante particulière qui en réfulte,,;
mais cette organifation ne peut être l’effet de la
nourriture qui n’organife rien, & qui développe
feulement ce qui eft organifé ; en forte que l’or-
ganifarion de la plante doit exifter telle qu’elle
eft clans les rudimens de la plante ,, mais proportionnellement
à fes dimenfions ; l’organifation
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ne paroît pas dépendante des événémens de la
Nature ; on ne voir pas même que quelques
corps s’organifent ; il lemble plutôt que tout ce
qui doit être organifé; eft organifé par le Créateur
, &-que tout fe développe ènfuite graduellement
; c eft au moins la marche qu’on fuit clans
l’Univers, pour tous les effets que nous pouvons
pénétrer; il n’y a donc rien de contraire à l’analogie
de là Nature, dass la fuppofition que la
même marche s’obferve pour tous les effets que
nos fens ne peuvent analyfer..
M a i s f i ces Germes font organifés clans la
graine, ils doivent encore y être vivans; fans
doute leur vie eft trés-fourde, elle donne raif—
fance à un développement très-lent & très-borné,
jufques à ce que la pouflière des étamines leur
fournifle un Annulant & un aliment qui précipite
cet accroiflement. Le Germe vit par la plante,
avant la fécondation, il fe difpol'e à vivre par
lui-même, quand il a été fécondé.
Il paroît d’abord inimaginable de voir ainfi
toutes,ces graines, toutes ces plantes emboîtées
les unes dans les autres* fe développer peu-à-peu
pour nous égayer par le fpeéuicle qu’elles nous
donnent quand elles-font développées; mais la
logique de l’imagination n’eft pas celle de la
raifon; il fuffit que cotre opinion n'ait rien de
contradictoire en elle-même , qu’elle, foit fur-
tout une conféquence rigoure'nfe des faits pour
en impofer à l’imagination , & la forcer de recevoir
la loi d’une raifon févère & plus judicieufè,
qui s’appuie pourtant fur quelques obier varions
frappantes, puifqu’on a vu les fleurs des
Hyacinthes, quatre ans avant quelles fleuiif-
fent. Dans les Amoenitates Académies de Linné,
Tome V I , on lit- qu’on a obfervé les boutons
des feuilles,, fix ans avant qu’ils fe développaient.
Ces germes, après la fécondation , & fur-tout
âpres la maturité de la grainedeviennent perceptibles
à l’oeil, dans les plantes légumineufes
& graminées. Quelques Bcraniftes appellent alors
cette partie l’embryon.
Le Germ.e du feigle eft fitué-à l’extrémité du
grain renfermé dans l’é p i & on le découvre
quand oh coupe ce grain, en fuivant fa rainure.
Si Ton prend clans l’épi un gros grain de feigle,
. pendant qu’il eft v e r t, mais lorlqu’il eft fur le
point de jaunir, & fi l’on enlève la peau de la
poinre dont j’ai parlé , on trouvera lé germe ;
il offre dans la partie inférieure de la pointe
une efpèce de bouclier ventru, avec trois ou
quatre bofi'es defqucllcs il s’échappe des filamens,
qui deviendront les racines. L ’endroit où eft l’oeil
eu plutôt celui dans lequel la tige fortira, eft
un peu recourbé, les feuilles y montent en
pointe ; en prenant le germe,avec une épingle,
il fe dérache aifëmcnt tki grain , & la form&qu’il
offre alors eft ovale.
Ce germe, comme je l’ai déjà dit, eft vraiment