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mais, en général, elles font très-tendres, & elles
cèdent li facilement à toutes les impreflions,
quelles n’ont pas befoin de valvules pour retenir
le fluide qu elles contiennent.
M. Hedwig m’a mis facilement dans le cas de
revoir ce qu’il a fi habilement ofifervé., dans
une peinture fort belle, qu’il a faite lui-même:
de-cet organe, tiré d’une tige de ricin, &
dans des préparations anatomiques qui le placent
encore mieux fous les fens. Voye\ Fi-
b r .e s .
M. Reichel, dans fa Differtation de vajîsfpira-
hilibus Plantarum, montre des Trachées dans
toutes les parties organiques des. plan tes. Grew,
Malpighi, avoient déjà montré l’exiftence des.
Trachées dans les racines. Mais M. Reichel allure
avoir vu la liqueur rouge du bois d Inde, dans
les Trachées des racines de la balfaraine, du
ftramonium ; il les a fuiyi de cette manière,
dans la tige & dans les branches, jufqu’aux
côtes des feuilles. Malpighi & Grew ont encore
obfervé ces Trachées dans les pétales des fleurs,
dans le fruit, dans les graines, dans les parties
les plus dures des, végétaux. M. Reichel les a
pourfuivies dans les capfules de la balfamihe,
du ftramonium. M. de la Baille a découvert les
pétales des fleurs teintes en rouge , par la couleur
que les tiges avoient tirées dans les eaux
colorées où elles nempoie'nt. M. Reichel a été
plus loin-, il a diflingué de cette manière les
Trachées dans les pétales/ le calice, les Ailes,
les filets des anthères, dans les anthères elles-
mêmes. Il les démontre enfin dans les poires,
les prunes, les pêches, les cerifes; il les place
fur-tout dans le voifinage des graines ; mais,
pour parvenir à les voir ainfi, il faut dégager
ces vaifleaux du tiflu cellulaire, dont ils font
enveloppés, & avoir une-bonne lentille. Enfin
M. Reichel a découvert ces Trachées, par le
procédé des injections dans la planrule, dans la
radicule & la plumule, M. Hedwig a trouvé ces
vaifleaux fpiraux très-nombreux, fous l’écorce
qui les enveloppe 5 ils y font répandus ou dif-
pofés par paquets ; . on les remarque ainfi dans
les arbres, les arbriffeaux, les plantes rameufes.
Mais ces vaifleaux font ordonnés un peu différemment
dans les herbes, comme os le voit
dans diverfes efpèces d’amaranthes. En général,
on trouve les Trachées fous lepiderme des
plantes qui ont une fubftance corticale.
L ’Auteur de l’article bourrelet du Dictionnaire
d’Agriculture, obferve que la fubftance de la
nouvelle couche ligneufe qui recouvre une plaie
annulaire, faite à un cep, eft à l’endroit de la piaie
& quelquefois au-deffusju fqu’à la diftance d’environ
un pouce , dans fa portion formée,avant la
formation de la cicatrice eft, dis-je, ou paroît être
dénuéede ces canaux appelléstrachées;qui font très-
gros dans la vigne, & en très-grand nombre dans
ion bois, exiflantavant l’opération qui a fait la
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plaie. Cette remarque eft capitale, elle prou.-
veroit que les Trachées fe développent peu-à-
peu, & qu elles ne font pas d’abord ce qu’elles
doivent être, puifqu’elles ne fe montrent pas
en inême-tems que lés premières productions
de fa végétation. Auffi les Trachées paroi fient
feulement, quand le bois eft prêt à. prendre
une certaine confiftance.
Malpighi & Grew, féduits parles idées analogiques
qu’ils avoient foupçonnés entre les animaux
& les plantes, imaginèrent que ces organes
étoient des vaifleaux uniquement deftinés à recevoir
de l’a ir, & qu’ils faifoient les fonctions de poii-
mon cela cadroit avec leurs principes, & ils
n’allèrent pas plus loin.
M. Duhamel s’apperçirt que ces vaifleaux
dévoient recevoir au-dedans d’eux, des fluides
plus denfes que l’air : il obferva fouvent que
ces organes recevoient des fluides particuliers :
mais il vit feulement], dans cette obfervation, une
difficulté contre l’opinion de Malpighi & de
G rew , & fon doute ne lui fit pas pouffer davantage
fes- recherches.
C’eft un fait bien prouvé que les plantes con-.
tiennent beaucoup d air, les Trachées en ont,
on y en trouve fouvent, & M. Hedvig a imaginé
un moyen de le démontrer. Il prend une
partie allez grande d’une plante, pour l’avoir
toute entière, comme le pétiole d’une feuille:
il la coupe dans fon diamètre plufieurs lignes
au-deffousl de la feuille , avec un inftrument très-
rranchant : il met le morceau fous l'eau avec
la plus grande vîtefle, dans um ver de montre
placé au foyèr du microfcope : & il a vu fortir
hors de ces tubes une foule de bulles d’air.
Ces tubes ont l’éclat qu’on leur trouve, lorf-
quih font pleins d’air, comme les feuilles? ont
leur furface inférieure blanche, avant d’être
mifes fous la pompe pneumatique. Cet air entre
dans les trous des vaifleaux qui ont perdu le
fluide qu’ils contenoient par les ouvertures ‘de
la feÇHon qu’on leur a faite. M. Hedwig a vu
ces vaifleaux • à moitié remplis d’air.
On a cru que l]air entroir dans les racines,
fous use forme non élaftique, & qu’il recou-
vroit fon élaflicité, en traverfant ainfi les plantes«
mais on ne fait pas ce que c’eft que l’air fous
la forme non élaftique. D’ailleurs, comme il y
a plufieurs Trachées dans les racines, on ne
voit pas pourquoi l’air n’y entreroit pas fous
la forme ordinaire. Mais il eft plus facile d’imaginer
que l’air fixe pénètre les plantes avec l’eau
qui le diflour, qu’il y monte avec elle, & qu’il
y eft décompofé peut-être dans les vaifleaux très-
nombreux dès feuilles -, car fi l’air commun entroit
dans les plantes Ru travers des feuilles,
il dérangeroit fûrement plus le mouvement de
la fève, par fes contractions & fes dilatations,
qu’il ne le favoriferoit} parce qn*il y a peut-
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être clans le même teins, une fève amendante &
defcéndante. : P .
Haies a fait voir que l’épiderme contient dès
vaifleaux qui ont une ouverture extérieure dans
tes arbres & les arbuftes ; &- il a montre que
cës ouvertures fervent de portes à. la it : car
fi l’on place la tige ou la branche d un arbre,
fous la pompe pneumatique, de manière qu une
partie de cette tige foit hors du récipient au
ctuel elle eft foudée avec du lut, tandis que
fautre partie eft dans l’air; alors on voit fortir
l’air hors ■ du bois de la partie de la tige, qui
eft dans le récipient , quand on fait le vuide:
& l’on conclut que l’air qui fort ; doit être entré
par les pores de l’épiderme de la tige, qui eit
dans l’ air libre. Mais il faut avouer qu’on ne
fauroit tirer aucune conclufion folide de cet
état forcé dans lequel les plantes fe trouvent
pendant cette expérience ; d’autant plus qu il
eft facile de faire voir que cet air pafle au travers
des fentes de l’écorce & du bois. Voyei
A ir . Enfin HiU montre que cette difpofition
des vaifleaux, qui iritroduifent l’air dans les
plantes ligneufes, ne s’obferve pas dans les plantes
herbacées : & il fcmble pourtant que ces deux
efpèces pourroient bien vivre dans 1 air de la
même manière.
M. Reichel voit, avec quelque fondement, dans
les Trachées, des organes propres à la nutrition
du végétal; puifque ces vaifleaux font répandus
dans tontes les parties des plantes; puifquils fe
pénètrent de l’eau colorée des injeélions, non-feulement
torique les plantes font coupées, mais
encore lorfqu’elles font entières; puifque Ion ;
pourfuit ce lue dans les racines, les tiges, les
feuilles, les fleurs, les organes fexuels, les fruits,
les graines; puifque le tiflu cellulaire, qui ayoï-
fme ces Trachées,- s’en colore plus ou moins;
puifqn’on ne découvre aucune trace de cette
couleur dans l’écorce & dans la moelle, qui
ne renferme point de Trachées; puifqu enfin
l ’on ne trouve quelquefois dans ces Trachées,
ni a i r , ni vapeur; il faut en conclure que les
fucs contenus & conduits par les trachées, doivent
être trés-néceffaires à la confervation ‘ de la
planté, puifqu’on les trouve par - tout avec
elles.
M. Hedwig confirme cette théorie, par des
expériences dans fa Theoria getieradonis & fruc^
tificationis plantarum cryptogamie arum : il repréfente
les Trachées comme recevant le premier
aliment de la plantule, & le fourniffant à la
plumule ; il prouve au moins par les injections
que les premiers .accroiffemens ne fe .font pas !
dans la radicule, en s’étendant du centre à la
circonférence, mais qu’ils partent leulement de
fa circonférence, ou de l’écorce, comme dans
les plantes adultes; pour envelopper le centre ;
& que lies^co m m en cerne ns de> toutes les parties
Phyjiologie végétale. Tome /.*' I .èrc Partie.
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des plantes & de la plantule elle—même y fon t
produits par les vaideaux fpiraûx. ^
M. Hedwig remarque encore .qu on ne du*
couvre pas ces vaifleaux fpiraux dans les cotylédons
; qu’on ne les voit pas s’élancer dans la
plumule ; mais qu’ils y deviennent perceptibles,
quand les parties font moins molles. Et pourquoi
les Trachées, traverferoiem-elles les filets
des étamines , fl ce n’étoit pas pour nourrir les
anthères & leurs pouflières? il faut conclure
la même chofe pour tous les organes qui ont
ces Trachées.
Les réflexions que j’ai faites, pour montrer
la néceflité des Trachées dans la confervation
de la plante, expliqueront pourquoi récorce
n’en contient point : les fucs qu elle élahoi e ,
font deftinés à reproduire du nouveau bois -,
mais ils ne doivent point pourvoir à la con-
fervation de la plante : tandis que les fucs qui
montent au travers de la plante , fervent à la
nourrir, à fournir à fon accroiffement, à de-
i venir tous les fucs néceftàires à i’exiftence de
I la plante. Aufli les arbres écorcés totalement,
vivent encore quelques années dans cet état,
parce que les racines les nournflent. mais ils
fouffrent fans doute; parce qu’il fe fait alors
une trop grande évaporation; parce qu ils ne
s’accroiffent plus; parce qu’ils ont peut-être ainfi
des fucs propres, qui font furabondans. ;
On pourroit peut-être joindre ici une obfervation
de M. Hedwig I il croit que ce font
ces petits vaifleaux, placés entre les extrémités
des petites racines, .contenus par l épiderme,
& le tiflu cellulaire, qui tirent les lues nourriciers:
il affure l’avoir vu fur—tout dans les tulipes &
les hyacinthes, lorfqu’elles pouffent auPrinrems,
& qu’on leur fait-alpirer des fucs colorés.
J’ajouterai à tout ceci une remarque que
M. Reichel ne pouvoir pas faire. Les pétales qui ne
donnent aucun air fous l’eau, ainfi que les racines
ne pouvoient guère avoir des vaifleaux
pleins’ d’a ir , fans avoir un moyen de le renouveler
: n’arriveroit-il pas que lorfque la production
d’air eft grande dans les parties des plantes
ou il y a des Trachées, & lorfque cet air ne
peut s échapper par les pores de la plante, il fe
fo»e dans les Trachées qui en deviendroient un
dépôt • & ce feroit feulement alors qu’on le
trouverait dans ces organes? N’arriveroit-il poinc
encore, que toutes les fois qu’on obferve ces
Trachées, ouïes tiraille, que les.fucs qu’elles
contenoient s’échappent, & qu’on n’y découvre
plus que l’air qui V entre pour les remplacer ?
M. le Chevalier de Lamarck remarque au moins
que les fluides pénètrent, pendant la nuit, dans
les Trachées, parce qu’ils ne font plus alors
repouffés par l’air qui. les remplit..
Enfin , il eft prouvé qu’au Printems, les fucs
montent dans les. plantes au travers des trachées,
eue c’eft par elles qu ont paffé .les pleurs de U
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