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particulière qui fe perdoit en vieilliflant. Cette
forme dépend de l’organifarion particulière de
la plante, que rien ne gêne dans fes effets, oui
fe moule alors fur elle-même ; mais la plante
en vieilliflant perd cette forme quelle n’a plus ..
l’énergie de conferver. La vigueur des racines
plus grande d’un côté que d’un autre , leur
nombre plus ou moins confidérable , l’aélion
du foleil plus ou moins aélive fur une furface
des branches, des boutons, des bourgeons plus
ou moins nombreux, plus ou moins développés,
fuffifent pour modifier cette forme naturelle
quand elle n’eft pas prononcée avec force ; ce
font ces caufes qui produifent l’excentricité des
Couches, & qui rendent inégaux les différents
rayons qu’on peut tirer du centre de l ’arbre ,
comme MM. de Buffon&Duhamel l’ont démontré.
Voyei Excentricité des Couches.
On a vu long-tems que le nombre des Couches
ligneufes qu on comptoit fur la coupe tranf-
▼ erfale d’un arbre, étoit celui de fes années :
mais M. Duhamel a bien prouvé que l ’on ne
pouvoir pas dire qu’un arbre de 20 ans eût la
tige compofée de 20 couches, tandis qu’un arbre
de ro ansauroit feulement 10 Couches : & comment
déterminer le nombre de ces Couches
puifqu’il n’eft pas déterminé par celui des zones,
puifque le nombre des Couches ne fe compte
pas comme celui des. années, & puifque mille
cîrconftances particulières influent lur l’épaiffeur
des Couches, & fur leur nombre. Vayei A ccroissement.
L ’augmentation graduelle & fucceflive dans le
diamètre des tiges qui végètent, fe fait remarquer ,
lorfqtt’on les .mefure de tems en tems, & on
la voit fur leurs coupes tranfverfales. Comment
fe produifent ces Couches?
Je ne me propofepas de rendre compte des !
fyftèmes imaginés pour réfoudre ce problème, iis i
font l’ouvrage des plus grands Phyficiens, G rew,
Malpîghi, Haies & divers autres. Ils font plus moine
appuyés fur Inexpérience, ils font plus ou moins
vraifemblables, mais les expériences tranchantes
fur ce fujet, n’avoient pas encore été faites. M.
Duhamel devoir éclairer cette théorie par les
recherches fixes & délicates. :
Voici J’analyfe qui lembioit conduire, aux vérités
que l ’expérience, découvre.
Quand on voit la coupe tranfverfelc de la tige
d’uli arbre, & le nombre des Couches concentriques
qui la forment, oneft porté à penfer, i.°
que l’écorce qui touche le bois-pourroit fé changer
en bois -, 2.0 que le bois pourroit fe reproduire;
3.0 que les fucs de l’arbrepourroientformer
les Couches ligneufes -i ces trois queftions font
les réfultats des trois fyftèmes formés pour expli
quer la formation du bois.
Les premiers rudimens d’un arbre font une
tige herbacée, formée jpar une fubflance paren- J
^hjmateufe, & corticales, où l ’on n’apperçoit »
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d abord aucun filet ligneux. Au bout de la pre*
mière année, on découvre dans le centre, la
première Couche ligneufe ; la plante groflit,
mais la première écorce, l’écorce originale, recouvre
la première Couche du bois.
Une fécondé Couche de bois, recouvre la
première pendan t la fécondé année ; la première
écorce, l’écorce originale, eft toujours repolifiëe,
elle ne recouvre plus la première Couche ligneufe
, mais la fécondé qui vient de fe former.
Enfiu, quelque foit la groffeur de l’arbre, la
première écorce , l’écorce originale eft toujours
repouffée loin de la première Couche ligneufe
qu’elle avoir d’abord recouvert, & elle recouvre
la dernière Couche ligneufe produite cinquante
ans après. Cette écorce fe dilate en s’éloignant
du centre, afin de pouvoir recouvrir la furface
ligneufe dernièrement formée.
L écorce èft repouffée loin du centre de l’arbre,
parce qu’elle ne tombe point ; parce que des fils
d’argent introduits dans la moitié de l’épaiffeur
de l’écorce , font repouffés avec elle pendant
plufieurs années, & y confervent toujours leur
place; tandis que les fils d’argent enfermés dans,
•le bois font recouverts par l’écorce -ék par les
Couches ligneufes ; les faits apprennent que la
partie ligneufe s’eft accrûe , que la moitié de la
partie corticale, qui eft toujours également volu-
mineufe, eft plus éloignée du centre de l’arbre
. quelle n’étoit d’abord, & qu’elle a toujours recouvert
la partie ligneufe. Enfin l’on eft porté à .
croire qu’une partie de l’écorce fournit les élé-
mens du bois, puifque le premier bouton n’offre-
rien de ligneux ,, mais ceci n’eft qu’un appercu..
de la raîfon qui attend de nouvelles expériences^
Les lues-que les racines font entrer dans l’arbte
font prefque purement aqueux, les fucs qui m’ont
paru defeendre font plus ou moins réfineux ; mais-
ils ne font sûrement pas. organifés, comme le bois
qui paroît formé, par des vaiffeaux de différents
genres liés en'tr’eux par d’autres vaiffeaux plus 01»
moins fins & placés dans un parenchyme qui prend
une certaine fondité-Les fucs circulent dans, ces
organes, mais ils ne faurcient les avoir formés..
Les fucs ne fauroient donc être la caufc efficiente,
de la formation du bois.
Le bois ne rire pas fon origine du bois lui-
même ; car le bois en s’approchant du centre
devient plus d u r , plus compaél,. moins vivant :
fes plaies faites au bois ne fe guériffent jamais ; il
refie bleffé fans aucun changement dans fa fubfo
tance. Mais lè bois le plus extérieur pourroit fe
reproduire; les plaies faites à l’extérieur du corps
ligneux fe réparent quelquefois. Un arbre que
I on garantit du foleil, de l’eau & du contaél de
l’a i r , fe recouvre d’écorce fous laquelle il fe
forme un nouveau bois. Ces expériences ont été
laites par M. Duhamel. Mais elles me femblcnt
prouver que le bois qui n’eft pas encore parfaites
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ment bois 1 que l ’aubier où la végétation eft encore
affezaéÜve, reproduit une écorce qui produit
enfuitc dubois. Mais l’aubier n eft pourtant
pas du bois ; c ’eft une partie de 1 écorce plus ou
moins endurcie, avec fes vaifleaux & fes lues : &
comme l’expérience prouve que la même partie
de l’écorce qui peut produire du bois peut aulli
produire de l’écorce , il eft bien probable que ,
dans ce cas, le bois a reproduit une écorce & en-
fuite du bois, non comme bois, mais comme
aubier, comme écorce plus ou moins endurcie.
Si l’expérience prouve que le bois^ ne forme
pas le bois, elle montre aufli que le bois nouveau
fe forme entre l’écorce & le bois : on le juge par
la molleffe du nouveau bois & de l’aubier; parce
que cette molleffe eft la plus grande dans la partie
la plus voifine de l’écorce, tandis que la plus
dure eft la plus proche du centre : on peut donc
foupçonner que l’écorce fertà la reproduction du
bois, parce que les parties nouvellement formées
font toujours les plus molles.
L ’écorce bleffée reproduit une nouvelle écorce,
l’écorce détachée du bois produit des fibres ligneufes
, la jeune tige qui fort de fa graine eft toute
écorce ou matière corticale ; il paroît donc que
l’écôrce a la faculté de reproduire le bois, &
dé le reproduire fans aucune union • avec les j
bois.
Mais l’écorce qui forme une couche affez épaiffe.
reproduit-elle le bois dans toute fon épaifteur ?
D ’abord les plaies légères fe confolident fans former
du bois, elles ne réparent que l’écorce &n e
produifent qu’une couche corticale. Des fils d argent
plantés pendant plufieurs années dans la partie
extérieure de l’écorce font repouffés en dehors
à mefure que l’arbre groflit, ce qui n’arriveroit
pas ii l ’écorce entière fe changeoit en bpis & s’il fe
formoit une nouvelle écorce ; mais ces fils font
toujours repouffés quand ils font enfoncés feulement
jufqnes à la moitié, ou aux deux tiers de
fon épaiffeur. Donc toute cette partie de l’écorce
n’a pas sûrement été changée en bois,
Mais ii ces fils font placés dans la partie intérieure
de l’écorce dans le liber fans entrer dans le
bois, on les trouve au bout de quelques années
iocruftés dans le bois, recouverts par lui. Qu’eft-
il arrivé ? Sans doute cette partie intérieure de
l ’écorce s’eft changée en bois, les fils d’argent
placés dans cette écorce y font reftés quand elle a
ceffé d’être écorce, & ils fe font trouvés dans le
bois qui s’eft formé. Il faut donc en conclure que
cette partie de l’écorce ou le fil d’argent fut plac
é , eft le bois que cette partie de l’écorce a formée.
On en douterà bien moins ü l’on remar que
dans lè nouveau bois la même organifarion , les
mêmes vaiffeaux que dans l’écorce. Si l’écorce
n’éfoit pas le rudiment du b o is , imagineroit-on
une nouvelle formation de vaiffeaux femblables
à ceux de l’écorce ? cela ne me" paroît pas vrai-
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femblable*; il me paroît bien plus naturel de croire
que les bois eft une production de l’écorce.
Mais le bois a des trachées qu’on n’apperçoit
pas dans l ’écorce : cela eft vrai : aufli cet organe,
comme les pépins, ne devient fenfiblequ’au bout
d’un certain tems ; & quoique les trachées foient
dans l’écorce, on ne peut les appercevoir parce
qu’elles ne font pas affez développées.
Enfin comment croît l’arbre ? Car fi une partie
de' l’écorce fe change en bois, il faut renouvellër
l’écorce. C’eft aufli ce qui doit arriver, & ceft
ce que la végétation opère. 11 paroît que la plan-
tule apportoit en naiflant tout le tiffu réticulaire
qui doit former l’écorce & le bois pendant toute
la durée de l’arbre : mais le tiffu néceffaire à la
formation d’une couche d’aubier, ne fe développe
dans l’écorce que quand la couche d’écorce qui
touche l’aubier eft devenue aubier elle-même. Dès
le moment que l’aubier eft formé les fucs qui
nourriffent l’écorce développent une partie du
tiffu réticulaire de l’écorce néceffaire pour les
recevoir ; ces fucs alors dilatent ce tiffu, en font
l’écorce, qui doit fe changer en b ois , & ainfi de
fuite pendant toute la formation du bois : le
tiffu réticulaire changé en écorce devient aubier,
parce qu’il reçoit la fève defeendante , qu’elle
s’incorpore fa partie réfineufe ; alors tous ces nouveaux
feuillets paffent ainfi fucceffivemem de
l’état de tiffu réticulaire à celui d’aubier ; & enfin
de bois, parce qu’ils fe pénètrent toujours davan-
, tage de réfine.
Les Couches purement corticales fe dilatent,
& elles ne prennent de l’accroiffement, que parce
que leur réfeau reçoit dans fes mailles beaucoup
de matières nourricières -: on retrouve peut-être
dans un arbre de cent ans, la première écorce de
la première année quand il n’a reçu' aucune
bleffure. Les Couches corticales détruites fe repro-
duifent par le liber ; mais alors la nature de la
reproduélion dépend peut-être de la nature des
aliments qui pénètrent le tiffu réticulaire reproducteur
& de la place où fe trouve la furface reproduite
; c’eft aufli peut-être pour cela qu’il ne
paroît alors ni de b o is , ni de trachées. Les vaiffeaux
propres font au moins plus intérieurs que
la couche corticale : & les fucs qui baignent l’écorce
extérieure font plus aqueux , moins élaborés : c’eft
ainfi que les parties de la fruCHfication difparoif—
fent dans la formation des fleurs doubles : c’eft
ainfi qu’une végétation trop vigoureufe fupprime
toutes les fleurs pour produire feulement des
branches & des feuilles. L ’accroiflëment de l’arbre
eft donc déterminé par le nombre des couches
du : tiffu réticulaire qui peuvent le changer
en bois ; ce nombre eft fixé pour chaque efpèce,
tout comme l’étendue de l’élargiffement des
mailles que l’écorce réelle peut recevoir.
Cette analyfe en formant un tableau dont les
parties font rapprochées, offre une hypothèfe
bien probable fur la formation du bois & l’a c -