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pépins : c’eft-là où fe trouvent les pletfes les
plus grofles; mais elles y font réunies par une
iubftance différente de la chair des poires : cette
boîte pierreufe fe termine par une gaine pierreufe
, dans laquelle paffent les vaiffeaux de la
queue; enfin, depuis cette boîte, en s’étendant,
vers tous les points de la circonférence de la
poire. On trouve des pierres ferriblablcs répandues
dans toute la fubftance du fruit.
Le canal piérréux fe termine à l’ombilic, où
il s’unit aux pierres de l’enveloppe, & ou il
forme ce qu’on appelle la R o ch e .
, Les fruits nouvellement noués font fans pierres;
là partie qui doit fe durcir eft blanche, compaétè
fans dureté; elle fcmble fe divifer en grains
Lianes, qui groffiffent& durciffent, en forte que
lè fruit, alors très-petit, en eft plein. Ces pierres,
qui acquièrent peu-à-peu leur dureté, font
d’abord tranfparentes ; aum l’on y voit des vaif-
fcux qui fe ramifient dans leur fubftance. Ce
nombre de ces pierres femble diminuer à me^-
furg que le fruit groffit. Mais ne fembleroit-il
pas plutôt que ces pierres s’écartent les unes des
autres , que leurs intervalles font remplis par la
pulpe du fruit, & que leur nombre refte le
fnême ?
M. Duhamel croit que ces pierres font formées
par la réunion de plufieurs petits grains
liés entr eux par des vaiffeaux qui font peut-
être pierreux eux-mêmes. Ces pierres, jettées
au feu, répandent l’odeur du pain grillé,.&-fe
diffolvenl par une forte ébullition, quand elles
ne font pas endurcies. J’ai fait bouillir pendant
douze heures dgas l’eau diftillée des coeurs de bons-
chrétiens parfaitement mûrs ; mais il ne m’a pas
paru que le nombre des pierres fe foit diminué,
& quelles euffent perdu de leur volume ; j e n’ai
remarqué dans l’eau bouillie aucune apparence
d’acide tartareux.
Quelle eft la nature de ces pierres prétendues,
puisqu’elles n’ont aucun rapport avec les pierres
proprement dites ? Ces pierres végétales paroif-
îent au moins organifées, & elles femblent croître
comme les corps organifés. M. Duhamel imagine
que ces corps font formés par des pelotons
de glandes ou de vaiffeaux ; leur tiffu le fait au
moins fuppofer, & leur difpofition permet au
moins do le croire. Les fucs néceffaires à la formation
dès pépins doivent être préparés par des
Organes vafculaires; & comme les pépins font
formés tandis qtie la poire eft encore très-petite,
ce fyftême glanduleux doit exifter au moment
de leur formation; aufli ces poires font alors
très-molles, & elles s’endurciffent quand le fruit
prend du volume.
Ces fucs, peut-être vifqueux & tartareux,
adhèrent aux parois des petits vaiffeaux où ils
coulent; ils y forment peu-à-peu ces pierres
qu’on y obfervé, & comme l’écoulement des
fucs y devient toujours plus difficile, l’avion de
CA R
ces fucs fur les pierres contribue peut-être à le#
repouffer & à les répandre dans la poire,.où elles
fe mêlent avec la pulpe qui fe développe ; ces
pierres, ainfi répandues dans une grande maffe,
paroiffent bien moins nombreufes qu’auparavant.
Mes expériences, qui m’ont montré que ces;
pierres ne contenoient pas un atôme de tartre,
pourroient bien faire croire, ou que ces fucs
tartareux ont changé de nature par l’endurciffe-
ment de la glande, ou plutôt que ces fucstar-,
tareux en font fortis avant leur endurciffement.
Au refte, on peut prévoir la petite quantité de
tartre qu’il peut y avoir, puifqu’une once d’eau,
échauffée à dix degrés du thermomètre de Réau-
mur, diffout à peine quatre grains de crème de
tartre.
Ces pierres varient encore .pour la groffeur
& la dureté dans les différens fruits & dans la
même poire.
Il eft important de remarquer que la même espèce
d’arbres donne des fruits plus pierreux ,
lorfqu’elle eft plantée dans un terrein maigre &
fec , que dans un terrein gras & humide : l’en*
durciffement feroit-il augmenté par un fuç concret^,
plus propre à le produire? ou les pierres
feroient-elles individuellement plus grofles ?
Les poires d’Eté font moins pierreufes que
celles d’Hiver, feroit-ce parce que leur accroif—
fement êft plus prompt:
Les contufions, qui forment des taches noires,
comme celles de la grêle, produifent des pierres
plus grofles dans la partie bleffée ; peut-être que
les fucs cheminent moins bien dans cette partie
ohftruée.
Mais un phénomène bien fingulier, c’eftqUé
la greffe des poiriers pierreux fur eux-mêmes
fumt pour ôter aux fruits toutes leurs pierres :
on l’a obfervé fur des poiriers Saint-Germain,
entés fucceffivement plufieurs fois fur. eux-mêmes.
Il pàroîtroit de-là que ces pierrés font
produites par les fucs qui paffent dans les fruits,
& que ces fucs dépendent du calibre des vaiffeaux
qui les filtrent.
Lés pierres des fruits font non-feulement
des glandes pour nourrir lés pépins ; elles font
encore des offelets pour foutenir la pulpe du
fruit.
| Ne pourroit-on pas croire que les fucs continuent
à fe filtrer dans les glandes durcies? alor9
l’enveloppe pierreufe filtreroit là liqueur de la
tranfpiration, & la capfule pierreufe, les liqueurs
qui fervent à la nourriture du pépin. V o y . Pépin ,
T r anspiration.
Cette Carrière ne feroit-elle pas aux pépins ce
qu’eft la boëte ligneufe aux amandes ? M. Duhamel
a du moins cru reconnoître quelqu’analogic
entre ces Carrières & les noyaux. V oy e\ Noy aux .
CAYEU, petit, oignon qui naît à côté des gros,
ou comme M. Duhamel le dit- fort.bien, c’eft
le bouton des plantes bulbeufes. Il fort en divexl
C H A
tèms dans cette partie,! où il fe forme unè’efpè'ce
de vuide entre l’oigbn & fes; racines. Mais on le
voit paroître fur-routdansplufie urs efpèces,>comme
les tulipes, au moment où la végétation commence;
le Cayeu eft alors un très-petit corps
comme un grain de b led, qui croit d abord lentement;
au mois d’A vril, il reffemble à une lentille
;'bien-tôt il prend des accroiffemens rapides;'
quand’ l’oignon eft prêt à fleurir, il pouffe des
racines, & il fe décache de l’oignon mère, qui lui a
donné lè jour, & qu’il remplacé après la floraifon.
C’eft le feul moyen fur de reproduction dans
certainesefpèces de plantes, telles que les Orchis,
dont on né peut faire lever les graines. En général,
le fuccès'de la multiplication pour les
plantes à Càyeu eft plus fûr par ce moyen que
les graines. A mefure que le Cayeu s’accroît, la
bulbe, d’où étoit fortie la plante mère, fè def-
sêche & pourrit ; ce qui occafienne le déplacement
apparent de la tulipe qu’on déracine, &
qui remplacé la tulipe qu’on avoit plantée ;
friais l’oignon, mis en terre,s’ëft pourri, & il a
été remplacé par fon Cayeu, qui fournit l’oignon
de l’année fuivânte. •
Les enveloppes d’un oignon , fes écailles, font
autant de Cayeux, ou comme dit l’Auteur du
Cfi&ionnaire d’Âgriculture , autant de boutures
qui peuvent reproduire l’oignon auquel elles
appartiennent.
, Il y a des oignons comme les.jacynthes qui pro-
diiifentpendant plufieurs années, des Cayeux ;
mais alors,, c’eft feulement au bout de deux ou
trois ans que les Cayeux acquièrent la groffeur
de leur mère ; & ils peuvent en être féparés dès
la première année & vivre de leur propre vie :
dans ce cas l’oignon ne périt pas, mais il furvit
long-tems à fa première progéniture , & il donne
naiffance, pendant plufieurs années, à de nouveaux
Cayeux.
CERCLES. Voyei Couches.
• CHALEUR. Ce mot réveille des idées particulières
au Phyficien qui s’occupe à en mefurer
l ’-intenfité ou à en fuivre les effets. Le Chÿmifte
y cherche une matière qui a fês affinités. Le B o -
tanifte Philofophe y trouve la force qui ranime
la végétation & qui fort de la terre, comme du
bois dès arbres , la verdure & les fleurs, qui mûrit
les fruits & les graines, qui délivre nos campagnes
des chaînes de l’Hiver: n’imaginons pas pourtant
que la Nature foit oifive pendant cette paufe apparente;
elle travaille en filence pour achever
les boutons à bois& à fleurs, & les mettre en
état de profiter des douces influences du Printems.
• L ’obfervation des boutons, au mois de Janvier
& de Février montre qu’ils font plus avancés que
dans le mois de Novembre ; mais quand ils n’au-
roient pas changé d’état, il n’én feroit pas moins
vrai que, puifqu’ils^ fe développent au Printems,
ils ont confervé la vie qu’ils avoient en Automne,
& que l’arbre fous fon épiderne., le bouton dans
CH A f*
| fes écaillés’, ont bravé la rigueur du froid ; cepen-
• dant le gel le: plus foible détruit les boutons des
> vignes au fortir de leurs enveloppes : feroit-ce
cet étui léger qui les auroit garanti de la gêlée ,
, ou plutôt ne feroit-ce:pas à la petite quantité
des fucs qu’ils renferment & à la qualité de ces-
fucs qu’ils doivent leur confervatiori ?
Le bouleau & plufieurs autres plantes indigènes
des climkts du nord , braverit des froids de trente
degrés au-deffoùs de la glace : nos plantés affrontent
des froids de dix-fept degrés au-deffous du
zéro fans périr. Quelle eft la caufe; de ce
phénomène?
Leproblêmeeft embarraffant;Ia fèvequi monte
dans les plantes eft fort aqueufe; elle'doit donc
gêler comme l’eau ; le lieu où les humeurs de la
plante, font les plus abondantes, & celui ou ces
humeurs forit les plus expofées au froid , c’eft
l’écorce , ou près de l’écorce ; l’immobilité de la
plante doit lui faire prendre d’abord la température
de l’air : voilà bien des difficultés em—
barraflantes.
D’un autre côté, la fève defeendante, les fucs
rëfineux craignent péu l’aélion du froid ; mais
une petire quantité d’eau imaginée dans ces fucs,
devient fufceptible de fe gêler & produire en fe
gêlant mille défordres dans une organifation aùfli
délicate que celle de l’écorce.
M. Jean Hunters’eft occupé de cette queftion
curieufe : voici le réfultat des recherches qu’il a
faites : on les lit dans les, TranfaBions philofo-
phiques , tom. L X Y , pag. 450 , & L X V I I I , p. 7 . ,
M. Hunter cherche d’abord le degré de froid
qui geloit le jus des plantes herbacées ; il trouva
que c’étoit au‘vingt-neuvième degré du Thermomètre
de Fahrènheit, ou trois degrés au-deffous du
point de la glace.
Il fait voir enfuite qu’une plante de fè v e , un
oignon de tulipe fe gelent plus tard que l’eau où
ils éthient plongés.
Un jeune pin fauvage, Scotch F ir , âgé de trois
ans, ayant trois tiges, placé (dans un vafe d’eau
enveloppé par un mélange de glace & de fels qui
faifoit defeendre le Thermomètre à quinze ou
dix-fept degrés, eût fa plus jeune tige gêlée ; la
plante remife en terre, végéta, la feule branche
gêlée fut féche.
Une feuille de fèves placée de manière qu’une
partie touchoit le vafe plongée dans le mélange'
gêlant, tandis que l’autre partie étoit placée feulement
dans l’atmofphère froide, la partie de la
feuille qui touchoit le vafe fut beaucoup plutôt
gêlée que celle qui ne le touchoit pas , quoique
le Thermomètre eût defeendu a quinze ou dix-
fept degrés.
Les fucs exprimés de ces plantes gelèrent à vingt-huit degrés du Thermomètre de Fahrenheit.
M. -Hunter conclut-de ces expériences; i.° que
I les végétaux périffent avant de fe gêler ; 2.0 que
les végétaux produifent de la chaleur, tant que