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, fa r les pruniers à Fleurs doubles.' Mais ces'arbrës
donnent peu de fruits ; & il y a peu de Fleurs
en état d en fournir. . On doit dire la même chofe
des.pêchêrs , cerifiers, mérifiers , épines , &c. à
Flsu-rs doubles.
Ces Fleurs doubles fécondes produifent fouvent
des graines qui donnent, naiffance à des Fleurs
quelquefois femi-doubles, & quelquefois plus
dubles que la mère plante. Il en provient aufli
des plantes à Fleurs Amples.
Il arrive quelquefois que la fève qui fe porte
toujours avec plus d’affluence dans la direction
de l’axe de la plante, tend à faire éclore une
fécondé Fleur à côté de celle qui doit occuper le
centre ; mais infuffifante pour fournir à ce double
emploi, elle laide fon opération imparfaite ; &
il en réfultè qu’une mondruofité d’un genre particulier,
Une Fleur jumelle dans laquelle le nombre
des étamines varie au-deffus de celui qui eft
affeéfo à l’efpèce, fans cependant être jamais
doublé, on obferve dans le teucriumw ffo-lianuni, 1
la confiance dès autres Fleurs de l’individu préviendra
les méprifes.
Il faut obferver que les Fleurs dqubles font
très-raresdans les bois & dans les prés. La Nature ,
ne penfe jamais qu'à la reproduction desefpèces.
Il feroit très-difficile de, déterminer la place où ;
fortent les Fleurs , la variété de-s plantes fe remar- ■
que dans là pofition de leurs boutons à feuilles,
& cette pofition détermine pour l’ordinaire celle
des boutons à Fleurs, parce qu’il n’y a point de •
boutons à Fleurs, fans boutons à feuilles. En général
, on remarque fur les rameaux des arbres &
des arbuites de petites éminences, de petits tubercules,
de petits noeuds, des boutons dans lef-
quels ces Fleurs font enfermées & garanties des
inconvéniens de l’Hiver , leurs places , leurs
figures, l’état de la Fleur dans le bouton font
indiquées au mot Bouton. Les ‘plantes privées de
branches n’ont point ces boutons ; elles fortent
'de la racine ou de la bulbe qui leur fert de bafe &
de nourrice , comme on le voit dans les Tulipes. :
Ii paroît que les Fleurs ou plutôt quelques- j
unes de leurs parties font formées par le déve- j
loppement des parties de la plante; la fubftance ;
de l’écorce fié change en calice, celle de liber
en corolle, celle du bois en étamine, celle dé
fa moelle en pifiil ; c ’eft au moins l’idée de Linné. î
M. Desfontairies. à vu dans l’afarnm , que.
douze étamines de douze fibres s’échappoient du
bois vers la couche du liber. Ces étamines font
compofées fuivant cet Obfervateur., devaifleaux
•qui renferment les pouffières. Ces vaifleaux st’ap- :
pellent fuivant lui les anthères. .
Le pifiil fort de la fubftance médullaire qui eft
au milieu ; c’efl la place du germe. •— On obferve
que les plantes, qui ne donnent pas beaucoup de
•Fleurs , donnent beaucoup de feuilles, ' & que
les plantes exotiques qui ne fieurifient pas dans
£Q pays font .très--fouillées. . .
P LE
L*s péfàles font Compofées d’un épiderme, qui
rècouvr« des fibres ou des fibrilles extrêmement
divifées, avec des trachées ; les intervalles. font
remplies par le paienchyme , dont les utricules
renferment le lue coloré. Dans le glayeul les
utricules extérieurs font 'rouges, & les intérieurs
blancs;on obferve la même chofe dans la pivoine.
Il fembleroit que les pétales feroientun.développement
du corps ligneux, parce qu’ils ont des tranchées
qu’on n’obferve pas dans récorce. Mais il
en réfulteroit aufli que le bois n’eft pas une pror-
duétion de l’écorce , puifque le bois a des trachées.
Je fuis fort porté à croire que ces trachées
font des vaifleaux qui 1e préparent, & qui ont
befoin de certaines cireonfiances pour fe développer
& pour paroître. Ce font ces cireonfiances qui
les produifent dans le bois & dans les pétales. Voyez
Epiderme,P ar en ch ym e , Pétales,T rachées.
Les Fleurs font remarquables par leurs couleurs.
Les nuances les plus douces-, les plus variées
femblent fe réunir pour les peindre. C’efi ici
que l’on remarque combien la Chymie eft bor-
née , quand elle veut fe repréfenter les couleurs
que la Nature emploie pour nuancer les Fleurs.
11 paroît d’abord que la lumière n’influe pas directement
fur la coloration de tous les pétales ; il efi
démontté que la partie colorante eft' dans les vaiffeaux
propres, quelquefois dans les utricules.
Il y a des pétales colorés à l’obfcurité ; j’ai vu
des tulipes de, Perfe fleurir dans les ténèbres les
plus profondes; leur couleur étoit néanmoins aufli
éclatantes quecelle des tulipes fleuries à la lumière.
Il n’y a rien de plus vraie que les\ nuances &
les couleurs'qu’on trouve fur le même pétale;
mais ce qui étonne , ces couleurs déjà, fi variées
par leurs nuances font encore variées par leiir
nature. Les unes forjt tout-à-fait réfineufos, les
autres font gommo,-réfineufes. Que de chofes à
étudier fur ce foui objet ! d’ou viennent ces nuances?
Comment ces.couleurs fe modifient-elles, fe
préparent-elles dans le pétiole ? Y arrivent-elles
préparées? Sa couleur eft - elle produite fur le
moment ? Ou bien feroit-elle le long ouvragé
du tems? Les nuances ferqient-elles dans le fuc
coloré Ou clans,1’épaifieur de T épiderme , au travers
duquel on voit la’ matière colorante ? Il y a
des pérales qui fortent colorées du bouton ; il y
en a d’autres qui fe colorent feulement lorfqu’ils
en font for.tis. On ignore encore la caufe de tou s
ces faits ; mais ce qu’il y a dé rema- quable, c’eft
que c«es couleurs varient dans lés mêmes individus
; les mêmes oignons de tulipes d’hyacinthe
changent de couleurs ? A quoi cela tient-il ?
Voyei Couleur des Plantes.1
Les; feules couleurs des Fleurs qui font permanentes.,
font les.jaunes. Les nuances pourpres,
cramoifi , violet périflent alfoment. Le rouge
développé par les acides,, mêlé dans leur jus eft
plus- durable que le rouge original ; mais il paffe
après être devenu pourpre. . .
Les odeurs
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Les odeurs font aufli variables que les couleurs
avec lefquelles les. premières fombleroient
avoir quelque rapport ; il y a au-motns des fleurs
qui perdent leur, odeur , en perdant leurs couleurs
• le romarin épuifé de fa couleur n eft plus
odorant. Il paroît que les odeurs font produites
par une émanation très - volatile , qui peut être
huileufe, comme je l'ai infinité au mot £/pm-
reâtur. Mais comment cette huile particulière le
prépare-t-elle? comment fe répand-ellè? à quelle
époque fe fait - elle appercevoir ? e’eft ce qu'il
faut encore découvrir. Voye\ Esprit-recteur ,
O deur. ;
Il y a des fleurs abfolumcnt fans odeur, comme
les tulipes .& les anémones. 11 y en a qui ont
une odeur douce & agréable, comme les rotes,
le lilas & La violette ; d’autres ont une odeur forte
qui plaît, comme l hiflope & la tubéreufe ; d autres,,
en ont une nauféabonde, comme le chéli-
doine; quelques autres ont une odeur aromatique
çomme les oeillets, la menthe ,* dans d’autres
elle eft vineufe comme celle de lamélme ,
de l’aigremoine ; on éprouve qu’elle eft réfineufe
dans le fapin & le genevrier.
L ’odeur des Fleurs a été fouvent nuifible : il
y a eu desTemmes tuées par l’odeur des violettes
enfermées avec, elles dans une chambré pendant
la uuit. Il paroît que cette émanation change
l ’air pur, de l’air commun en air fixe. Mais il
n’en n’eft pas de même, je crois, pour les émanations
homicides du Toxicodendron.
Il ne m’a pas paru que les pétales donnafiènt
de l’air fous l’eau au foleil; mais il eft fur que
la fraxinelle & la capucine en fleurs, répandent,
quand l’air eft chaud, une émanation qui s enflamme
lorfqu’on en approche un corps^ enflammé.
M. Hagren a v u , en 1763, un éclair lur
des fleurs de la calendula officinalis ou du fouci :
il s’occupa de ce phénomène •, premièrement,
pour, s’afiurer de fa vérité qui lui parut mcon-
teftable ; fecondement pour l’étudier. Il obferve
que ces éclairs font plus remarquables fur les
fleurs, qui font les plus hautes dans leurs nuances
rouges ; il a fouvent vu ces éclairs deux ou trois
fois de fuite fur la même fleur ; il a obfervé ces
éclairs dans le mois de Juillet & d Août à midi,
&: demi - heure après, quand le ciel eft ferem,
& quand l’air eft fec ; il a vu ces éclairs fur la
capucine , fur le lis rouge, fur les oeillets d Inde ,
t âge tes patula crecla. Mais la couleur de feu
eft néceflaire pour produire ce phénomène.
M Hagren s’eft afflué que cette lumière n’étoit
pas produite par des infeéles phofphoriques : &
il croit avec M. Alexandre Volta ,q u e Ie *rot~
tement produit par les pouffières qui s’échappent
des anthères contre l’air, occafionne une forte
^leélricité , qui donne naiflance à ces éclairs;
parce qu’il obferva les pétales d’un lis rouge,
couverts de ces pouffières immédiatement après
la fulguration . quoiqu’il n’ait point vu de
Phyjioîogie vtgitaU, TomclS* J.,er* Partie,
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potiffière auparavant fur ces pétales.
M. Ingéniions, dans le fécond volume de fes
expériences fur les végétaux, dit qu’il a cherché,
plufieurs fois, à voir les éclairs de la capucine,
vus d’abord par Mademoifelle Linné , par Linné
lui-même & par. divers antres , & enfin , par
M. Hagren , mais.qu’il n’a jamais pu parvenir
à rien voir de pareil ; suffi il fôuhaite que ce
phénomène foit de nouveau étudié.
Les pétales ne diffèrent des feuilles que par
leurs couleurs , & par les glandes corticales dont
elles font privées.'Ils paroifient néceflaircs à la
fruélificarion : ils tombent au - moins quand le
fruit eft formé. J’ai vu quelques plantes dont on
peut endommager les pétales fans lui nuire? ;
j’en ai vu d’autres dont la privation des pétales
anéantifloit le fruit : mais cela dépend peut-
être du moment où ces pétales font fupprimés.
Il faut fuivre ces expériences. Voye\ Pétales.
Tournefort a trouvé dans les corolles un.
caractère botanique,^ qu’on fuit encore peur
la diftribution des plantes.
Enfin, les parties fexuelles des plantes font
prefque les feules qui donnent des preuves ma-
nifeftes d’irritabilité ; on les remarque fur-tout
quand elles ont .été frappées par le foleil , &
quand on peut augurer une prompte fécondation
des graines. ' , '■
FLEURAISON ET DEFLEURAISON. Cet
événement de la vie des fleurs, peut être con-
fidéré relativement à la faifon où les fleurs paroif-
fent , ou relativement au moment de leur épa-.
nouiflement ; & ce double événement dépend de
l’état des plantes, & de toutes les cireonfiances
qui peuvent influer fur lui. C’eft au-moins ce
que la fucceffion des fleurs apprend , & ce que
l’influence de la chaleur & du froid , fur la
promptitude ou le retard de la Fleuraifon confirme.
On obferve que les plantes feptentrionales fleu-
riflent plutôt dans nos climats que dans leur
patrie. Par la même railon, les plantes méridionales
fleurifîenc plus tard en Europe que fous
leur ciel. Ainfi donc , quand on' faura la patrie
d’une plante, on faura le tems où elle fleurira
dans notre pays, le moment où il faut la planter,
& les foins qu’il faut en prendre pour la con-
ferver. En général, la chaleur du climat, l’ex-
pofition du lieu, la qualité du terrein produifent
les plus grands effets fur la Fleuraifon.
Les premières fleurs qui s’ouvrent dans une
plante, font pour l’ordinaire les plus voifinesde
la tige; les autres fleuriflem fucceffivement en
montant vers le haut de la tige. Je ne crois
pas cette règle générale, j’ai vu fouvent les fleurs
paroître à-la-fois dans toutes les parties des arbres.
Cette connoiflance du tems de la Fleuraifon ;
peut être auffi utile que la conno:fiance du tems
de la feuiiiaifon. Plufieurs Botaniftes ont fuivi
O