
ij P R É F A C E : -, les abîmes pour y recueillir celles qui s’y plaifent ; on a découvert la plupart
des végétaux que les rivières, les marais, les eaux thermales, la mer nourrirent:
l’avare a fait moins d’efforts, affronté moins de dangers pour aflouvir fa foif
ardente de l’o r , que le Botanifte pour découvrir des plantes nouvelles. Une
logique rigoureufe eft parvenue à en claflifier trente mille efpèces , & les a '
rendues reconnoifîables à ceux qui ont la clef de cette clarification. Mais, la
même curiofité , la même logique n’ont pas infpiré la même paillon pour,
faire des découvertes fur la nature des plantes ; ni dirigé auffi généralement
les recherches anatomiques &£ philofophiques propres à la pénétrer.
C ’eft feulement à la fin du Cède pafîé qu’on étudia férieufernent les
végétaux. Malpighi & Grew furent les premiers qui fe confacrèrent à ces recherches-:
& ils les firent avec tant de fagacité & d’application, que les Livres qu’ils
publièrent prefque 'en même-tems pour faire connoître leurs travaux, font
toujours les Livres elaffiques q.u’il faut confulter pour s’inftruire, fur l’Hiftoite
de la végétation. M. Duhamel a ajouté beaucoup de choies importantes à leurs
recherches. Linné, MM. Lu dw ig, Reichel, Hedwig, Bonnet & Defaufïure
ont fait plufieurs découvertes particulières qui font capitales. L e Dictionnaire
d’Agriculture de M. l’Abbé Rofier renferme plufieurs obfervations excellentes
fur ce fujet. Mais cette madère avoit été totalement oubliée datas l’Encyclopédie ;
& fi les Supplémens qu’on lui a faits renferment quelques idées éparfes fur la
Phyfiologie végétale, il faut avouer qu’elles font au moins fort incompletres»
Je me propofois de donner ici une notice des Phyficiens qui fe font occupés
de la Phyfiologie végétale : mais comme il a paru un Ouvrage dans lequel on
a raflemblé, prefque avec fcrupule, ce qu’on a écrit fur ce: fujet,.-j’ai cru qu’il
fuffiroit d’indiquer l’Ouvrage, &c que je pouvois me .difpenfer de Je copier,
Georg. Rudolphi Boehmeri , Bibliotheca feriptorum Hijtorioe Naturalis
(Economies, aliarümque ylrtium ac Scientiarum adillampertinentium; realis
JyJlematica. Pars I I I . Phytologi, vol. i 8. ° Leipjick. iy 8y, depuis la page 384
jufqu’à la page 548. Mais cétoit moins les titres des Livres qu’il importoitde faire
connoître que les Livres,eux-mêmes, foit en indiquant les objets qu’on y,traite.,
foit en préfentant la manière dont ils font traités; car , en Hiftoire Naturelle,
les idées faulles font non-feulement des voiles qui mafquent la vérité , mais
des cachots qui la retiennent captive. L a Botanique critique que Linné a faite
avec fuccès pour la nomenclature des plantes, devroic être faite pour leur
Phyfiologie, & ce ferait un férvice que le Botanifte philofophe devrait
entreprendre pour ceux qui courent la même carrière que lui. C e t Ouvrage
aurait été trop long pour une Préface ; & , quoique je ne l’aie pas entrepris,
j ’ai pourtant cité dans ce Diétionnaire les Auteurs qui fe font diftingués en
traitant les fujets dont je m’occupe.
Quant à moi, je ne comptois pas publier encore le travail que j’ai fait fur
cette partie de la Botanique, parce que je le trouvois trop imparfait ; quoiqu’il
foit, depuis plufieurs années, l’objet de mes recherches ; mais des circonftancés
particulières qui me déterminèrent à faire quelques articles de cette partie de
l ’Encyclopédie pat ordre de matières, parce que je les connoiftois a fond,
P R É F A C E . nj
Rie forcèrent ênfuite à traiter celles que je n’a vois pas encore auffi long-tems
étudiées. Il y a trois ans que je me fuis voué prefqu’uniquement à cette occupation
qui m’amufoit depuis long-tems : mais j’ai mis S profit les trois Etes que ja i eus
pour fuivte avec ardeur les expériences nombreufes que javois meditees. Enhn
j’ai raflemblé , autant qu’il m’a été poffible, tout ce quon favoit fur 1 Anatomie
& la Phyfiologie végétale ; j’y ai joint tout ee que j’ai pu découvrir ; 8c ) elpere
avoir été encore utile en eflayant d’indiquer quelques-uns des objets que nous
ignorons, afin d’infpirer le défit de les dévoiler. I r r . ,
En lifant ceci, on s’appeteevra bien-tôt que la Phyfiologie végétale elt une
Science Curieufe à mille égards ; quelle eft encore au berceau; & quelle fourme
mille fujets intéreflans, ' fur lefquels on peut s’exercer avec utilité. Lefpoir
certain du' fuccès devrait encourager ceux qui penfent afl’ez bien pour croire
qu’on emploie fon tems convenablement quand on le confacre a la decouverte
de la vérité. Mais l’intérêt de la Société, follicite fortement ce genre detudes ;
& l’intérêt de la Société doit être un motif fuffifant pour déterminer a le fuivre.
C e ne font pas des connôiflances oifetifes : 1 Agriculture les reclame : on ne
fauroit la perfectionner fans avoir des idées juftes fur 1 organifation des plantes.
L a théorie des Jardins, qui eft aflez compliquée, repofe entièrement fur une
théorie de la végétation. En général, & on le comprend facilement, ce neft
qu’après avoir approfondi la ftruéture des végétaux, qu’on peut pofer les^ vrais
principes de leur culture, & préparer le terrein qu’ils exigent. C e n eft qu apres
avoir fuivi l’hiftoire d’une plante, qu’on peut favoir le tems de la femer,
les foins quelle demande, le moment de fa récolte. C e ft feulement par des
obfervations bien faites fur les végétaux, qu’on peut prévoir les habitudes des
différentes efpèces & fixer les moyens de les foigner de la façon la plus propre
à les rendre les plus fécondes. C ’eft enfin de cette manière quon parviendra
plus ou moins facilement à acclimater prefque toutes les plantes dans une
grande partie du globe. , ' r .. . , .
Mais la Phyfiologie végétale dirigera fur-tout la ferpe du Jardinier, dont les
coups ne font jamais indifférens, foit pour tailler les arbres, foit pour guérir leurs
plaies. Elle lui indiquera encore les moyens de perfçétionner les efpèces par la
greffe , de les confetver par les boutures, & même de les varier par le mélange
des pouffières. _
On ne peut ignorer les avantages qu’on retirerait d un bon calendrier 8e
même d’un horloge de F lore , quand ils feraient faits pour les plantes cultivées
dans chaque canton. En déterminant les époques les plus favorables pour femer
ou planter lès végétaux, on en établirait la fucceffion la plus lucrative, & on
fe procurerait le plaifir de voir fleurir enfemble a différentes heures celles qui
doivent étaler ainfi leurs belles couleurs. - r
L a Phyfiologie végétale n’eft donc pas une Science de pure fpeculation ,
elle-n’eft pas formée par une fuite d’obfervations qui ne fe réalifenr que dans
la tête du Métaphyficien où elles-naiflent : c’eft 1 hiftoire des plantes dans leur
état de fanté & de maladie, pendant tout le tems de leur exiftçnce; çeft lê
a ij