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Il croît qu'un arbre d’une moyenne grandeur
a 15 ou 20,000 feuilles \ que chacune d’elles
tranlpire environ dix dragmcs par jour à Vicence •
de forte que la Tranfpiration leroit pour -cet
arbre de 3» livres.
En fuivant la méthode de Haies pour connoître
la quantité d’eau que les plantes perdent, le
même Obfervateur découvrit qu’une plante de ’
maïs avoit perdu 5 ou 7 dragmes dans 24 heures,
un choux ordinaire 23 onces, une plante de
tourne-fol 34 onces.
Ce Phyficien fuivit ces obfervations fur un
mûrier pendant toute l’année : il remarqua que, -
pendant l’Hiver, la Tranfpiration de ccr arbre
étoit prefque nulle • & que, pendant l’Eté, elle
étoit environ de 18 onces* par jour.
On voit déjà qu’il doit y avoir de très-grands
rapports entre la fuélion & la Tranfpiration ;
la fécondé au moins n’auroir pas lieu fans la
première-, & l’on ne voit guères comment la
première fe feroit fans la fécondé. Il réfulte
dc^là qu il doit y avoir la plus,grande harmonie
entre mes expériences fur la fuélion & celles
de Haies & de Guéttard fur la Tranfpiration.
On y apprend au moins que la fuélion comme
ta Tranfpiration font proportionnelles au nombre
des feuilies de la plante , à fa famé, à la quantité
d’eau à tirer, à l’aélivité immédiate du foleiî.
Çela ferpit prefqüè croire que la fuélion efl un
«fFet de la Tranfpiration ; car, dès qu’on fufpend
là Tranfpiration , foit en retranchant les organes
franfpirateurs, foit en diminuant le volume
de l’air où la Tanfpiration peut fe faire, on
fufpend aufü la fuction, De forte qu’il feroit
poifible que l’eau élevée jufqlies aux feuilles fe
remplaçât à;mefure quelle fe difTipe. On fait
que les plantes a l’obfcurité ne tirent prefque
point d eau, parce qu’elles n’en évaporent point-,
quç les plantes fouffrent dans un air humide,
parce que l’évaporation y efl à peine fenfible;
en forte qu’il n’y a point alors de fuélion, parce
qu jl. n y a point d évaporatic*n. 11 efl vrai que
quand on penfe à la quantité de la fève qui
entre dans lès racines relativement à ce qui en efl
tranfpiré , on comprend qu’il doit en refier dans
Ja plante, où qu’il doit s’en décompofer pour
fournir l air pur que Tes feuilles donnent au fo-
Içil , & l’àir inflammable qui. entre dans la corn-
pofition des huiles. Mais on fenr atiffl bien-rôt,
d’après lés expériences rapportées, que certe partie
de l’eau l'ucée qui relie'doit- être, très-péri te
en comparaifon de la quantité de l’eau qui a
pénétré la plante.
Je fus pourrant curieux de favoir les rapports
ip fil ÿ av'ôït. entre l’eau rirée & l’eau rendue
par la' 'Tranfpiration : l'expérience n’étoit pas
difficile à faire : mais les ré fui ta rs n’ont aucune
efpèçe d’uniformité.
Je fis ces expériences au mois d’Août 175)0.
I,e I2.e je coupai une tige de pêcher, je la mis
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tremper dans une bouteille d’eau calibrée &
parfaitement pleine : je fis entrer la tige dans
un ballon de Glaubér très-grand : & je recevois
l’eau produite dans une petite bouteille : je difpofai
cet appareil à midi :
Eau tranfpirée. Eau fucée;
12.« 35 grains. i@c grain9.
iy.e 90 210
H-e 120 220
J ’ai rafraîclif la tige en coupant chaque jour
fon extrémité quand elle étoit remife en expé*
rience.
J ’ai refait la même expérience de la même
manière fur deux jets de menthe 911 mois de
Septembre
Eau évaporée. Eau fucée*
Pendant 2 jours. 5)0 grains. 2co grains»
10 120 57Ç
3 J e, répétai cette expérience fur des tiges dont
j’avois maftiqué la leéüon avec de la cire d’Ef—
pagne : je trouvois alors la quantité d’eau rendue
par les feuilles ^beaucoup plus grande que celle
qui avoit été tirée. Mais une tige qui ne tira
de cette manière que quelques grains d’eau, n’en
rendit abfolument point pendant plufieurs jours
& fe sécha entièrement : ce qui me feroit croire
que, dans mon appareil, toute l’eau fortie en
vapeurs hois des feuil les ne s’éteit paaréduite en eau
dans l’appareil. J ’ai eu , pendant 12 jours, une
tige de menthe, contenant 10 paires de feuilles,
plongeant, dans 1 eau, qui étoit placée dans cet
appareil de Glauber : elle tira 812 grains d’eau
& n’en rendit point;, ce qui preuve que l’eau
fe diflïpa à mefure quelle fe reprodmüt. Et une
tige femblaMe, placée dans l’air, tira dans le
même tems 1125 grains d’eau. J ’ai refait ces éx*
périences plufieurs fois.. Voici quelques réfui-
tats généraux : Une tige de framboisier tira en
deux jours 725" grains'd’eau & en rendit 5Ô0 :
une autre fo is .elle en tira 1232 & en rendit
f w Ene tige de pêcher tira de même en un
jour 710 grains, & en rendit 295 : une tige
d’abricoter en tira 210 St en rendit 180. Ces
faits font finguliers & curieux ; mais ils ne font
pas encore mûrs pour pénétrer la caufe de ce*
anomalies.
En comparant ces expériences avec celles de"
Wordwad, que je viens de rapporter on voit
bien-tôt.que les réfultats ne cadrent point, car
les rapports entre le poids de la plante. & l’eau
tirée font bien différent*de ceuxfque nous avons,
entre 1 eau tirée & l’eatt rendue. Ce qui peut
venir, i.° de ce .qii’i l y aune partie de l’eau
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évaporée, qui relie, dans l’air-, 2.“ de ce qu’il
y a l’air fixe contenu dans l’eau qui fe décom- ;
pofe & qui fe change en air pur j 3.0 de ce
qu’il y a peut-être une partie de l’eau qui fe
dêcompofe, pour former le végétai“-, 4.0 la plante
fait une déperdition continuelle qu’on ne peut
pas évaluer, quoiqu’elle foit confidérable, dans
les odeurs qui s’échappent, les parties qui fe
détruifent,l’air pur qui s’échappe , &c. ç.°Enfin
les expériences de Haies nous apprennent
que l’eau entre avec 11 fois plus de vîteffe
clans un chou par les racines qu’elle en fort par
fes feuilles.
L ’eau tranfpirée n’efi pas tout-à-fait l’eau af-
piréeT j’ai fait tremper', le 16 Août, les tiges
dans l’eau teinte avec la cochenille, pour voir
ce qu’il arriveroit, & je fis cette expérience
comme la précédente.
La tige de pêcher a tiré 52 grains d’eap colorée,
& elle a rendu 44 grains d’une eau parfaitement
tranfparente. On fuivoit les marques
de l’infufion dans la partie ligneufe & feulement
'dans l’écorce, à un ou deux pouces au-def-
fus de l ’endroit où la tige plongeoir dans l’eau
colorée. •
Cette eau a été bien tirée, cariorfque la tige
de pêcher a feulement tiré 40 grains d’eau colorée,
il n’y a point eu d’eau rendue dans le
ballon , & lorfqu’il y a eu plus d’eau tirée , il
y a eu aufli plus d’eau rendue. Je mêlai un
tiers d’eau pure dans cette eau colorée : alors la
tige ayant tiré 80 grains d’eau , fes feuilles en
rendirent 76. Il fembleroit que certe matière
colorante ait influé fur l’eau quia été rendue:
au moins il paroît d’abord que les feuilles de
la tige, qui plongeoir dans cette infufion ont
bien moins rendu d’eau que fi leur tige avoit ‘
Jflongé dans l’eau pure. Mais, d’un autre côté,
a quantité d’eau rendue eft bien grande, relativement
à l’eau fucée en comparai fon de la quantité
d’eau que les feuilles des tiges plongeant
dans l’eau pure ont rendue dans les expériences
précédentes, quoique la quantité-de l’eau colorée
qui a été fucée, foit bien petite auprès de
l’eau pure tirée par des tiges fcmblables dans le
même tems & de la même manière..
Pour terminer cette recherche , je fus curieux
de connoître mieux la nature de certe eau
tranlpirée : celle de la vigne, du figuier, du
pommier, du cerifier, de l’abricotier, du pêcher
, de la rue , du raifort, de la rhubarbe ,
du panais, du chou n’offrent au goût aucune
différence fuivant l’obfervation de M. Duhamel :
cette eau étoit à -p e u -p r è s femblable à l’eau
commune : elle avoit feulement une légère odeur
de la plante quand le foleil avoit été chaud
& ardent-, mais l’eau pure enfermée avec cette
plante auroir pris cette odeur. M. Duhamel ob~
lerve encore que cette eau fe corrompt plus
yitç que l’eau commune.
X R A "2,87
J ’ai voulu analyfer l’eau de la tranfpiration
des plantes. Je difpofai des rameaux de vigne
comme les tiges des expériences précédentes
dans un ballon de Glauber : & pour rendre cette
apalyfe plus inftruélive , je l’ai faite fur la Transpiration
des plantes au Printems & en Automne:
les deux failons furent affez humides. J ’obtins
de cette manière pendant une partie du mois de
Mai & de celui de Juin 2 livres huit onces d’eau
de -rameaux de vigne mis en expérience. Je fil- 1
trai cette eau, & , après l’avoir évaporée à un feu
doux, j ’obtins deux grains foibles d’un extrait
qui altéroir l ’humidité de l’air.
L e fp n t-d e -v in en diffout les d’un grain
fort : l’éther enleva la moitié de cette matière
diffoute dans l’efprit-de-vin.
L ’eau diffout h moitié du grain reliant j mais
l’eau teinte étoit louche.
Le demi-grain que j’avois fit cffervefcence
avec l’acide du vinaigre , & il ne relia au bout
de 12 heures que la douzième partie d’un grain
d’une félénire blanche , comme je m’en fuis af—
luré.
Voici donc des matières réfineufes & gom-
meufes, la terre calcaire & l’acide vitriolique qui
ne laiflent pas le moindre équivoque. En répétant
cette analyfe fur fix livres 5» onces & demie
d’eau obtenue de la même manière dans les mois'
de Juillet & d’Août par la Tranfpiration de
plufieurs rameaux de vigne mis en expérience'
• & traités de la même façon, j ’eus deux grains
& -3- fort d’un réfidu gris & fans liant.
L ’efprit-de-vin en diflbut 4 grain fort : l’éther
fe colore fur-k-champ quand on le mêle avec
cette diffolution : l’eau verfée dans ce mélange
devient nébuleufe , mais fans couleur.
Le grain & demi reliant perdit dans l’eau un
demi-grain ; Peau en fut troubiée.
Le grain de matière que j’avois alors fit effer-
i vefcence avec l’acide du vinaigre -, il relia le quart
d’un grain de félénite.
Il paroît que cet extrait eft plus chargé de
principes réfineux que de parties extraélives,
& q uil contient plus de terre calcaire que le
précédent.
Enfin, j’ai répété cette analyfe fur Y a fier mvoe
anglioe de Linné : l’eau de la Tranlpiration a été
retirée pendant les mois de Juillet & d’Août
qui furent très-fecs. J ’en eus le poid de 1354
onces qui me fournirent 3 ~ grains d’une matière
folide altérant l’humidité de l'air : l’efprit-
de-vin en a emporté un grain j ; l’eau en a
enlevé autant -, & le relie offroir la terre calcaire
pure mêlée avec un peu de félénite.
Il ne faut point s’étonner de voir cette matière
folide mêlée avec la tranfpiration des plantes ;
la terre calcaire eft unie à l’eau d’une manière'
très-forte ; l’eau filtrée au travers de plufieurs
doubles de papier conferve fa terre ; on la
retrouve même lerfqu’elie paffe au irayers 4$