
<fue lorfque là sève eft fort abondante, parce
que cette sève né petit plus fé diftribuer facilement,
& parce quelle ne trouve pas des canaux
i’ou'r la recevoir ; ce qui occafiônne, ou des
pouffes multipliées, ou dès extravàfations fatales.
J ai comniéncé à faire les expériences que j'ai
promifes fur les Boutons des maronniers, des
I w j w ÿ & des ‘poiriers. J ’ai clairement vu dans
le petit nombre dé celles que j’ai tentées, que
plufieitrs Boutons à fleurs privés de leurs feuilles
ont parfaitement fleuri, & leurs fleurs ont noué,
quoiquils enflent été privés de leurs écailles, &
dé letirs petites feîullès , tandis qu’ils étoient
encore enfermés dans cet étui écailleux. Cependant
cela ne doit pas étonner, car combien de
Boutons qui n’ofit point de feuilles, & dont le
Bouton fe développé très-bien. Aurefte, l’enveloppe
du Bouton peut y jouer le rôle de feuille ;
la partie verte des fleurs, leurs calices peut les
remplacer ; le Bourrelet formé à la bafe du
Bouton vient à leur aide ; de forte qu’après la
fuppreflion des feuilles, il refle encore bien des
moyens pour former l’aliment aux fruits. Mais
ces expreflions ne font encore qu’ébauchées', &
méritent d’être fuivies, comme je le ferai.
BOUTURE. Branche fans racines mife en
terre avec de certaines précautions, & pouffant
des racines. qui en font un arbre complet. La
Bouture diffère de la marcotte par une feule
circonflancè ; la première pouffe des racines en
terre quoique féparée de la plante à laquelle
«lie appartènoit ;-la fécondé a befoin de la nourriture
que la plante lui fournit pour vivre
dans cet état, en forte que la marcotte doit
être attachée à la plante pendant la formation
des premières racinés. Voye{ Marcotte.
Cette opération de l’art eft vraimentcurieufe,
elle éclaire la Phyfiologie végétale fur des points
important - & elle offre des moyens pour multiplier
plus promptement les arbres, & fur-tout
pour conferver les efpèces reconnues les meilleures.
'
L ’idée de faire une Bouture fut fans doute
le produit du hazard, des pieux plantés en terre
formèrent des arbres ; des tuteurs donnés à des
plantes chéries-, fe couvrirent de feuilles : mais
>1 n’y a pas Iong-tems que la Philofophie a
éclairé ce fujet ; les expériences de M. Duhamel
font les plus importantes, les plus fùres & les
mieux calculées.
Une branche coupée jt un faille planté au Printems
dans une terre humide , pouffe des racines
& des branches, voilà un fait vérifié par une
foule d’expériences fur un très-grand nombre
de plantes. Ce fait mérite d’êtrè analyfé: il falloit
pour cela une fuite d’obfervations.
On récherchad abord, lans doute, fi les branches
privées de letir écorce prodtiifoient des racines,
mars on s’àpperçut b ie n - tô t que ces branches
peveBbient des piquets flëriles. On effaya peutêtre
enfuite de planter en terre, une branche
dont la portion enterrée fut à moitié couverte
d’écorce, tandis que l’autre feroit découverte,
& l’on vit clairement que la partie ligneufe né
donnoit- pas naiffance aux racines produites ,
mais quelles fortoient des bords de l’écorce enterrée.
On obferve de même qu’il fe formoitune
, tumeur fur les bords de cette écorce, & que
cette tumeur ou ce bourrelet, donnoit naiffance
aux racines qui s’échappèrent.
On recherche fûrement enfuite , s’il étoit
indifférent pour le fuccès des Boutures, que la
partie de la branche qui eft. hors de terre, fût
une branche quelconque , on a obfervé auffi,
d’après quelques'expériences, que les branches
dévoient avoir des boutons , que celles qui en
manquoient ou qui n’en avoient pas de vifibles,i
ne pouffoient que foiblement ou point du tout.
Il paraît donc que tontes les Bouturés réuf-
firont, quand la partie de la branche mife en
terre fera revêtue d’écorce, lorfque cette écorce
tuméfiée formera un bourrelet, & lorfque la
partie de la branche hors de terre fera couverte
de boutons.
^ Etudions ces faits. La Bouture. qui réuffit eft
l’ouvrage de la végétation ordinaire, dérangée
dans quelques-unes de fes circonftances : la partie
de la branche qui eft dans l’air offre les mêmes
apparences, que fi elle étoit reftée fur la plante,
où elle a été ccmpée ; la partie feule placée en
terre a fortffert quelques altérations-^ mais auffi
cet arbre au lieu d’être arbre enraciné fur une
tige ligneufe , eft un arbre qui s’eft enraciné
dans la terre. La végétation s’èft donc faite dan?
la partie de la branche qui eft hors de terre
comme fur l’arbre lui-même : l’écorce a été la
partie la plus aélive de la plante ; les fucs ont
traverfé l’écorce, ils s’y font élaborés, en un
mot l’écorce a rempli toutes fes fondions. Voyez
Ecôrce.
Dans la partie coupée de la branche , il y a
eu une plaie ouverte ; le mouvement des lues’
y aura été dérangé ; les moyens de la nature
pour fermer les plaies végétales fe feront déployés
; les bords de la plaie fe feront gonflés
par l’arrivée continuelle de nouveaux fucs ; cette
abondance de nourriture aura développé des bou-
tons cachés- fous l’écorce.; il fe fera formé un
bourrelet dont les racines feront forties. Voyez
Bou r r e l e t , Pl a ie .
M. Bonnet qui étudioit les Boutures, déeou»
vrit à leur bout de petits tubercules blanchâtres
d’une groffeur inégale , dont les plus gros ap-
prochoient de celle d-’une lentille : ils fortoient
de l’épaiffeur de l ’écorce, & formoient au tour
du bois placé au centre., une efpèce de couronne-
ces _ tubercules étoient fort délicats ; leur forme’
varioit, mais elle ne différait pas trop de celle'
des boutons! : ces boutons étoient cachés dans
l ’écorce ; ils atlendoient pour fe développer uns
tlourriture fuffifante, que le retranchement des
racines leur fournit : & ces tubercules ou ces
boutons auraient produit des branches ou des
racines, fuivant le milieu dans lequel ils feraient
placés.
On voit clairement que la vie de l’écorce a
contribué à la formation des racines, & à la
confervation de la vie de la branche ; car l’humidité
feule de la terre ne développerait pas
des boutons qui n’exifteroient pas, elle ne s’ élancerait
pas dans toutes les parties de' la branche,
elle, ne s’y élaborerait pas, elle n’y deviendrait
pas une nourriture convenable pour le développement
des racines & des branches : ce n’eft
pas l’humidité feule de la terre qui développe
les racines des graines germantes ; elle fait fermenter
la partie farineufe ; les fucs ainfi préparés
pénètrent les lobes, les feuilles féminales ;
ces fucs perfeèlionnés deviennent propres à nourrir
le bouton qui doit produire la radicule; car
Tette radicule eft alors trop petite pour pouvoir
afpirer fa nourriture.
La formation des racines eft le principal des
Boutures : reprenous l’analyfe que nous avons
commencée.-'!
C ’eft un fait que les racines font d’autant plus
notnbreufes & fortes, que- les branches font plus
garnies de.feuilles. Voye^ Branches , Racines..
De forte que les racines font nourries comme
routes les autres parties de la plante;
C’eft un fait, que la féèlion de la tige d’un
arbre ou de la racine tenant encore au relie de
la plante, & recouverte de terre , donne naiffance
à un bourrelet entre le bois & l’écorce ,
d où il fort de petites racines ; de forte que, dans
tous les cas , le bourrelet eft néceffaire à la
produélion végétale. Mais ce qu’il y a de remarquable,
c’eft qu’une branche coupée à la tige
& recouverte de fon écorce, peut dans toutes
les . feélions faites à fa longueur produire dés
racines par le moyen de fon écorce , quand elle
eft recouverte de terre, & quelle eft faine ; d’où
il rèfulte que cette écorce renferme tout ce
qui efl_ néceffaire pour ce développement. Je
ne dirai pas feulement que'cette propriété s’étend
aux racines comme aux feuilles , & à toutes les
parties couvertes d’écorce qu’une terre humectée
peut couvrir ; mais je. dirai encore, que les racinés
•coupées de manière que leurs parties coupées
foient hors de terre, fe couvriront de petites
branches dans la partie qui eft à l’air.
Ces expériences indiquoient queTa feule dif-
ference-du milieu où étoit la partie de la racine,
déterminoient la nature de fon produit, puiferae
la fechon d une racine couverte de. terre, four-
mfloit des racines, tandis que la feéiion d’une
racine qui étoit à lair fourniffoit des branches.
Mais les branches elles-mêmes offrent les mêmes
reiuLtats : une branche de faüle courbée de ma-
'Hière quc fes deux bouts foient plantés.en terre,
pouffe des racines dans fes deux extrémités, &
le couvre de branches dans l’arc qui les fépare.
De même une branche femblable enterrée par
fa partie du milieu , pouffe des racines dans cette
partie qui eft en terre, & fe couvre de branches
à droite & à gauche dans les parties extérieures
qui font à l’air. Enfin par la même raifon, une
branche de faule plantée en terre par la partie
qui doit être la partie fupérieure , pouffe des
racines après la formation du bourrelet, comme
l’inférieure en auroit pouffé -, tandis que celle-ci
fe couronne de feuilles comme l’autre auroit pu
s’en couronner. Avouons pourtant que ces productions
extraordinaires ne font pas aufli vigou-
reufes que les autres.
Je n’examine pas ici les conféquences qu’on
peut tirer de ces belles expériences pour la mar-»
che de la sève : mais j’en conclus que l’écorce
eft l’ame de la plante ; qu’elle renferme tous le?
boutons qui doivent fe développer ; que ces boutons
font indifférents à devenir racines ou branches;
& que le milieu dans lequel ils fe développe,
détermine abfoiument le genre de production
végétale qui doit fe faire. On l’avoit déjà
vu dans la racine mife à l’a ir , qui donne des
branches dans fa partie expofée à l’air , quoique
cette partie eût fourni des racines, fi elle avoit
été toujours couverte de terre. Mais on n’avoit
pas démontré ce fait, comme M. Duhamel dan«
faPhyfique des arbres, par une foule d’expériences
tranchantes.
Ces connoiffances ne font point oifeufes dam
la pratique, elles indiquent les meilleurs moyens
pour faire réuftir les Boutures.
La manière de faire les Boutures dépend de
la nature des plantes. Il y en a comme les faule*
& les peupliers, dont les Boutures fe font fans
préparation , il fufftt de choiiir des branches
vigoureufes, couvertes de boutons , dont le bois
foit bien formé ; il faut pourtant préférer encoie
les branches qui auraient des tumeurs au-deffus
de la partie qu’on veut -couper, en ayant foin
de laifler un peu de vieux bois.
Dans toutes les Boutures, les bourrelets des
boutons, les tumeurs, de la branche ferviront
à produire les racines. Mais, en général, les
racines fortent plus facilement des rameaux tendres
, que des rameaux plus vieux , & leurs boutons
s’y développent aufli plus facilement.
Le plus grand nombre des Boutures faites de
cette manière avec d’autres planres que les faule*
& les peupliers,.doivent être coupés de manière
que lorfqu’eiles font plantée?, elles aient une tigè
de deux ou trois pouces au-deffus du terrein ,
avec deux ou trois boutons ; il convient de
couvrir de cire la’ partie coupée.
On rend le fuccès des Bouturesplus sur en
formant l’avance, le bourrelet néceflaire peur la
produélion des racines, foit par une ligature faite
avec une ficelle eu du fil d’archal, poux les petites