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plus de rigueur ; c’eft pour cela que je chefcîiois
n l’eau chargée d’air fixe qui avoir favorifé une
fi grande produélion d’air pur pendant une
journée la ravoriferoit de même dans le jour fui-
vant : & je trouvois que le pouvoir de cette eau
étoit fort diminué , & qu’il fe perdoit tout-à-
fait lorfqu’on continuoit à y expofer des feuilles
au foleil • parce qu’elles réduifoient cette eau
à l’état d’eau bouillie , en lui enlevant l’air fixe
qu’elle contenoit. Mais je prouvais la même
chofe par une preuve plus prompte ; je parvins
à fupprimer cet effet de l’eau chargée d’air fixe
fur les feuilles, en mettant cette eau aérée avec
une quantité d’eau de chaux fuffilante pour lui
ôter ion air fixe, ou bien en la faifant bouillir.
Alors les feuilles que j’expofois fous l’eau au fole
i l , dans cette eau privée de l’air fixe que je
lui avois donné, ne produifirent plus d’air pur.
Enfin je rendis cette eau bouillie propre à la
produélion de l’air pur que les fa ille s laiffent
échapper lorfqu’ellcs y font expofées au fole il,
en introduifant peu-à-peu ou tout-à-la-fois dans
cette eau bouillie une certaine quantité d’air
fixe.
Je ne fais fi je me trompe ; mais il me femble
que ces expériences démontrent que la préfence
de l’air fixe dans l’eau efl la caufe de l’air pur
fourni par les feuilles qu’on y expofe fous l’eau
laërée au foleil.
Il ne refie qu’une feule objection à faire’ ,
les feuilles expofées fous l’eau au foleil peuvent
rendre l’air pur quelles y prennent. M. Félix
Fontana & d’autres en ont sffeèlivement trouvé;
mais la quantité de cet air pur efi fi petite quelle
ne mérite aucune attention , pour l’explication
de ce fait, & qu’elle efi bien éloignée de repré-
fenter la quantité d’air pur rendue par les feuilles
expofées au foleil fous l’eau chargée d’air fixé.
D’ailleurs comme l’eau bouillie efi privée de fon
air p u r , & que l’eau bouillie chargée d’air fixe
favorifé une très-grande évacuation d’air p u r ,
il efi évident que cet air pur ne peut venir de
cette eau bouillie puifqu’il n’y étoit pas.
A u commencement de cette recherche,' je crus
tp e les acides avoient la propriété de faire donner
1 air pur aux feuilles expofées au foleil fous l’eau
acidulée : mais comme les quantités d’acide que
femployois éroient trop grandes - je n’eus quun
air gâté, produit par l’aétion délétère de cette
eau acidulée fur la feuille.- Je découvris bien-tôt
mon erreur, & j’en avertis d’abord dans le même
livre où je Pavois commife. Mémoires Phyjîco-cài-
iniques, T. 111 p. 35)2. Mais je fis voir en fui te
la caufe productrice de cet air dans mes Recherches
fur Vinfluence de la lumière folaire dans
la végétation. Je crois avoir montré . dans cet
ouvrage, que. lesacides mis dans l’eau ne favorifent
point I émiffion de l’air hors des feuilles qu’on
y expofe au foleil par l’acidité qui y efi dévelop-
L U M
; pée ; mais j*ai montré, prouvé qtie les acide»
produifent feulement cet effet en fc combinant
avec la terre calcaire contenue dans l’eau, dont
ils chaflent l’air fixe qui fe diffout dans l’eau x
& que les feuilles lui enlèvent d’abord. Àufli
.tandis que l’énergie des eaux chargées de terre
calcaire aérée efi augmentée par les acides qu’on
y mêle, ils ne produifent aucun efFer fur l’eau
difiillée, & les feuilles qu’on y plonge ne donnent
alors point d’a ir, quoiqu’elles y foient expofées
au foleil. Il y a plus ; cette eau difiillée 8t légèrement
acidulée qui n’a point favorifé l’émiffion
de l ’air pur hors des feuilles, leur en fera produire
une grande quantité, ii l’on y introduit
de la terre calcaire aérée. Ce qui fait voir d’une
autre manière l’importance de l’air fixe pour
rendre l’eau propre à la produélion de l’air pur
que les feuilles y. produifent quand on les y expofe
au foleil ; & ce qui montre en mème-tems que
les acides ne jouent dans ce cas qu’un rôle leçon-
daire , en développant l’air fixe contenu dans
la terre calcaire. Mais ce qui le prouve encore
mieux, c’eft que l’alkali aéré remplace alors fort
bien dans cette expérience la terre calcaire aérée
introduite dans l’eau acidulée , & qu’il fait produire
aux feuilles le même air que la terre cal-»
caire leur a voit fait alors rendre : tout comme
l’alkali cauflique prive l’eau aérée de fon air fixe,
de la même manière que l’eau de chaux.
Cet air pur produit par les feuilles mifes dans
l’eau aérée au foleil efi bien élaboré par la feuille :
puifque l’eau aérée expofée feule au foleil ne
donne point d’air : puilque l’air fourni par la
feuille efi meilleur que l’air qîi’elle tire de l’eau,
ou plutôt tout-à-fait différent; car l’un efi ab,-
folutnent mauvais & difîbluble dans l’eau, tandis
que l’air produit efi extrêmement pur & ne fe
combine pas facilement avec l’eau: enfin la feuille
efi alors privée de cet air quelle a pris, & d’une
partie de celui quelle contenoit ; elle va au
moins au fond de l’eau , parce quelle doit avoir
perdu une certaine quantité de l’air qui la faifoit
auparavant furnager : enfin ‘il faut l’aétion du
foleil pour mettre les fouilles dans le cas de
produire cet air ; car elles n’en donnent pas un
atome à l’obfcurité même dans l’eau aérée, quand
les feuilles de l’expérience font faines.
Je n’entre pas ici dans des plus grands détails
fur ce fujet. Je dirai feulement que M. In-
genhous croit que les-feuilles placées fous l’eau
â l’obfcurité donnent un air extrêmement niau-.
vais ; que les végétaux abandonnés à eux-mêmes
dans l’atmofphère, pendant la nuit, donnent de
même un air très-fortement gâté. Mais ori trour
yera tout ce qu’on peut fouhaiter fur cette matière
dans les Expériences.de M. Ingenhous fu r
les végétaux, T. I 8t IJ, ou il défend fon opinion
par tous les moyens poftibles., & dans les ouvrages
que j’ai publié fur ce fujet ; mais fur-tout dan,a
qies Expériences, fur l'influence 4c la Liçmière f?&
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taire dans la végétation , où je crois établir que
les végétaux parfaitement fains ne .fouraillent
pas une bulle d’air à l’obfcurité, quand on les
a placé dans l’eau pure, ou même dans l’eau
chargée d’air fixe. Je n’entre pas ici dans de
plus grands détails pour éviter une difeuflion
beaucoup trop longue & qui ferait inutile ; mais
je me propofe de la reprendre pour la traiter
avec, plus d’étendue.
Je reviens à la quefiion qui m’occupe. Que fe
paffç-t-il dans le phénomène que je viens d’ana-
lyfer ? Sans doute l’air fixe diffous dans l’eau
entre avec elle dans la feuille, & il doit y fouf-
frir une décompofition. La nature de l’air fixe
permet de le croire ; car-enfin l?air fixe efi cono-
pofé d’oxygène du principe inflammable ou
de carbone. Qu’arrive-t-il donc ? les élémens
de cet air fixe font féparés par haélion de la lumière
qui changé l’oxygène en air pur en fe
combinant avec lui ; alors une partie de cet air
pur s’échappe hors de la feuille , comme on le
voit dans celles qui font expofées'fous l’eau au
foleil. Quant à la partie qui peut refter, elle fert
fans doute à former les acides végétaux ou à re-
ftnifier les huiles , tandis que le carbone ou lé
principe inflammable devient entièrement une
partie conftituante des végétaux , en fe combinant
à fon tour pour former les huiles & les réfines.
Je ne puis concevoir aùffi facilement que
l ’eau fe décompofe par ce moyen , parce que
l ’eau, difiillée ou l’eau bouillie devrait en produire
le même , ou à-peu-près le même effet
fur les feuilles qu’on y expofe au fole il, que l’eau
chargée- d’air fixe ; ce qui efi manifefiement contraire
-à l’expérience.
Mais comment arrive-t-il que l’air pur fourni
par les feuilles expofées au foleil fous l’eau ,
chargée d’air fixe, foit confidérablement meilleur
que l’air fourni par les feuilles expofées
1 au foleil dans l’eau commune r cela provient uniquement
de la furabondance d’air pur , qui fe
forme alors , dans Je même moment, par la décompofition
fubite de l ’air fixe. L ’air- pur formé
y fouffre' une altération moindre , parce que la
proportion de mofette , qui s’unit à lu i , efi beaucoup
plus petite, relativement à la quantité d’air
pur qui fe produit, que lorfque les feuilles-1
font placées dans l’eau commune , où il fc forme
feulement à-la-fois une petite quantité d’air pur.
Aufii j’ai remarqué que l'air fourni par les feuilles
de cette manière efi d’autant meilleur que la
quantité d’air rendu par elles a été plus glande :
quoiqu’on inrroduife de l’air fixe dans l’eau
difiillée , l’air rendu par les feuilles efi alors
moins bon quand l’eau n’eft pas chargée de tout
l ’air fixe que lés feuilles peuvent y fi.tpporter ;
parce que la quantité d’air pur élaboré dans
le .mème-tems n’eft pas aufft grande' quelle
peut être.
Enfin il refte à confidérer comment les choies
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fe pâjffènt dans l’air atmofphériçue. J ’ai fait
voir pour cela que les plantes qui végètent
pendant quelque tems au foleil dans l’air cori-
mun, & fous des grandes cloches de verre,
font cet air meilleur d’une quantiré qui ne
peut être douteufe. J’ai prouvé que ces plantes ~
produifoientde l’air pur, parce qu’elles rendoient
non-feulement beaucoup meilleur l’air commun
où on les faifoit, végéter au foleil ; mais fuf-
' tout parce qu’elles amélioraient beaucoup un
mélange d’air inflammable ou d’air .moféiique
dans lequel on les expofoit à l’aèlion de la lumière
; & parce que l’air inflammable très-pur
détonnait quand les plantes y avoient végété au
foleil , comme fi l’on y avoir introduit de l’air
pur. 11 falloir donc que ces plantes, qui ont végété
enfermées & expofées au foleil dans cct air
commun ou dans ce mélange d’air inflammable -
ou d’air mofétique ou dans cct air inflammable
feul, aient fourni l’air p ur, qui a fait détonner
l’air inflammable & qui a amélioré l’air commun
8l les mélanges d’air dont j’ai parlé au
point qu’ils ont alors été confidérablement plus
diminués par l’air nitreux que dan.' le moment
où les plantes y furent d’abord placées.
On peut donc croire.*que cet air pur fourni
par les, plantes végétant en plein air a été produit
par la décompofition de l’air fixe que Jes:
feuilles élaborent. Mais d’où vient cet air fixe
changé en air pur par les feuilles ? Il parait
quelles le reçoivent, i.° avec la sève des racines
, comme je le ferai voir dans les pleurs de
la vigne. Voye% Lympiie, Pleurs de la Vigne*
Zv^avec la rofée & le brouillard qui fe dépofent
fur les feuilles & qui s’emparent alors de l’air
fixe contenu dans l’atmofphère. Lcs^xpériences
de M. le Comte Morozzo & les miennes
prouvent au moins mamfeftement que la rofée
contient de l’air fixe. I- oyc\ Rosée.
On ne peut douter que cet air fixe ne foit
élaboré dans les feuilles : on ne peut au moins
imaginer qu’il fubit un ch;logement aufli grand
que celui qu’il éprouve , quand il fournir de
l’air pur , fans erre fourniis à une élaboration
préalabié. 1D'ailleurs quelqules expériences de M.
Jugeniions femblenr appi lyer cette idée. Ce
Fhyi(icien at vu que les feui lies coupées en rrorceaux
donnèrent encore dt2 l’air , tandis que les
fouit les pilées, n’en donnèrent point du tout. Ce
qui prouverait vque cette p rç du cl ic n d’air fùppofic
une organifation p;irticulière , & qu’elle
n-cft l’effet ni de la, coiàleur ni de la matière
feules des feuilles. Cn fai t, entre ce!la , crue lés
fouilles sèches ne donnent point d’air au foleil,
que les fouilles gelées 11 en lai fient pas échapper
davantage-, que les feuilles jaunes en procîuifont
peu , que les. feuilles malades n’en préparent
.prefojUe p e in t, que les feuilles panachées n’en
font remarquer que dans leur partie verre, & que les
feuilles étiolées n’en fournirent abfolument point»
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