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ces produits. Mais c’eft ici que les ténèbres
les plus épaiflés couvrent ce myftère fublimede
la Nutrition végétale : c’eft ici que la Chimie
de la Nature furpaîTe les conceptions du Chi-
mifte Opérateur : c’eft ici que je dois garder le
ftlence, & peut-être effacer tout ce que j’ai écrit.
Foyq- ACCROISSEMENT , AUBIER , ÉcORCE .,
F euilles, .Glandes, L ymphe,R acines, Sè v e ,
T ranspiration , V égétation, V ie .
ODEUR. Toutes les plantes ont une odeur plus
ou moins développée, qui eft le produit de la végétation.
11 n’y a au moins aucune des fubftances
alimentaires des plantes, qui en.paroiflé le principe
particulier. L ’eau , l’a ir, la terre , le feu ,
ou la.lumière font féparément fans Odeur. Les
combinaifons même que nous pourrions faire
d e 'ce s matières, ne fauroient produire une
Odeur remarquable ; ou du moins elles en pro—
duiroient un feule , qui ne reffembleroit pas à
cette multitude d’Odeurs des différentes plantes,
& fur-tout à cette multitude d’Odeurs qu’on
obferve dans le même individu. Ainfi, par exemple
, la .pêche a une Odeur quand elle eft mûre,
qu’elle n’avoit pas lorfqu’elle étoit verte; les
feuilles ont une Odeur particulière à leur naifo
fance, qui eft différente de celle qu’elles auront
après.avoir atteint leur perfection'; l’écorce a
fon Odeur; le bois a fon Odeur. Tout cela
prouve que les Odeurs font un produit de la
végétation; ou' plutôt que, ces Odeurs doivent
être occafionnées par quelques fubftances , qui
font un réfultat de la végétation de la plante,
& qui varient fuivant fes époques.
Au premier coup-d’oeil , on remarque que,
dans la plupart des plantes, les fleurs font les
parties qui exhalent l’Odeur la plus forte. Mais
en y faifant plus d’attention, on obferve qu’il
y a plufieurs fleurs fans parfums ; queplufieurs
plantes ont leurs parties les plus odorantes dans
les feuillès, les fruits , la tige, le bois, l’écorce,
les- racines , &. quelquefois dans les graines.
On a remarqué de plus , que le principe de
ces Odeurs eft très-fugace : ce qui conduit à
foupçonner fa nature, dans les plantes ; il n’y a
que les huiles éthérées, qui foient très-volatiles;
& l’on a obferyé que l’Odeur des plantes, ou des
parties dés plantes .qui fourniffent les huiles
effentielles, eft l’Odeur de ces mêmes huiles
qu’on peut en*retirer; comme on s’en affure
quand on extrait les huiles contenues dans les
logettes de la peau des oranges, ou celles que
les feuilles de la meliffe , & de la menthe peuvent
donner. On a vu que ce principe huileux
étoit diffoluble dans I’efprit-de-vin : qu’il étoit
très-voifm de la partie réfineufe de« plantes ;
puifque la perte du principe odorant des huiles
effentielles change ces huiles en réfine. D’ail-
Jeurs en dîftillant l’efprit-de-vin , fur les feuilles
de menthe à 40° de chaleur, l’efprit-de-vin, fe
charge d’un principe huileux, qui louchit l’eau
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dans laquelle on le verfe. Mais la diftillatioa
de cet efprit ,fu r les fleurs de tubérèufe, ne produit
pas cet effet, comme je l ’ai prouvé. Voye[
Esprit r e c teur .
Les fleurs font fans Odeur dans leur bouton:
elles perdent leur Odeur en vieillifant. Il n’en
eft pas de même pour la menthe, la meliflè, &
peut-être pour les plantes, dont les feuilles &
les tiges font odorantes. Le principe des Odeurs
y eft vraifemblablement plus combiné avec lès
huiles effentielles. Ce principeparoît fe mêler
dans ces huiles au moment de leur produélion :
& cette huile paroît en même-tems que la plante
fe développe. C’eft peut-être la raifon pour
laquelle ce principe eft plus permanent dans ces
huiles, & dans ces plantes.
Il eft bien probable que le principe odorant
fe renouvelle à mefure q u’il fe diflipe ; puisqu'on
le fent toujours, quoiqu’il s’évapore fans
ceffe. Mais on obferve affez de différences pour
le temps dans lequel les différentes plantes ma-
nifeftent leurs Odeurs. Il y en a où le principe
odorant s’exhale avec force, aufli-tôt que les
plantes font hors de l’enfance , & même de ,1a
graine ; tandis qu’il y en a d’autres qui né parviennent
à attaquer l’o d o r a tq u e lorfqu’elles
font en fleurs.
Quand on fait que l’acide marin oxygéné
détruit d’abord le principe odorant des plantes f
on peut croire que ce principe fe perd en fe
décompofant dans l’air pur : & c’eft peut être,
ainfi qu’il devient meurtrier. Cependant, quoique
les expériences de M. de Marigues dans le
Journal de Phyjique, pour le mois a’Avril 1780,
celles de M. Ingenhous , & diverfes obfervarions
médicinales, annoncent l’influence délétère des
Odeurs végétales fur les animaux ; il feroit pourtant
poftible que ces Odeurs agiffent feulelnent
fur les nerfs., & dérangeaffent la fanté fans altérer
la quantité'de l’air pur contenu dans l’air
atmofphérique. Il eft vrai que les expériences,
de M. de Marigues prouvent que l’air commun
où les fleurs odorantes &>inodôres étoient renfermées
fe gâroit. { Mais cela pourroit arriver,
parce que la fleur elle-même fe gâte.
J ’ai voulu répéter ces expérienc s , & les ré-
fulrats que,j’ai obtenu n’ont pas été uniformes :
mais ils établiffent , jufqu’à un certain point,
cette opinion. Je plaçai des fleurs de tubé-
reufe avec un verre plein d’eau de chaux fous un
récipient fermé avec le Mercure : dans l’efpace
de 24 heures cette eau de chaux fut troublée :
la diminution de l’air fut fenfible quand j’y .in-
trodüifis de l’eau. J ’éprouvai cet air par le
moyen de i’eudiomètre : le mélange d’une partie
de l’air renfermé dans le récipient avec
une quantité égale d’air nitreux fut réduit à
1. 44. tandis que l’air commun traité de cette
manière fu réduit à 1 , o 2.
Je: répéterai
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Je répétai cette expérience dans des vafes fermés
par l’eau : ces vafes contenoient un volume d air:
égal à celui de 5608 grains d’eau : j’y plaçai une feule
fleur de tubéreufe : il y eut un volume jl air égal
à celui de 250 grains d’eau qui fut abforbé. Cet air
ayant été éprouvé par l’air nitreux, comme le
précédent., fut réduit à 1,45. Je fis cette expérience
par le moyen de l’eau avec une tige de menthe dans
-un volume d’air égal à celui de <j02.$ grains d eau :
il y eut un volume d’air égal à celui de 99 grains
id’eau qui fut abforbé : l’air éprouvé avec lair
nitreux fut réduit à 1, 22..
J ’obfervai néanmoins que l’Odeur de la tu-
béreufe fe faîloit fentir au travers de trois pouces
d’eau . qui enfermoit l’air où elle étoit :
mais on ne fentoit pas l’Odeur de la menthe..
Je répétai ces expériences dè la même manière:
l’air commun éprouvé par l’air nitreux,
avant d’être enfermé avec les fleurs , fut réduit
:à 0 .9 9 : l’expérience fut faite à 10 heures du.
matin : la fleur plongeoit par foh‘pédoncule daçs
une petite phiole pleine d’eau: à 11 h. “ 1 air
-du récipient fut réduit à 1,03^ L ’air commun
éprouva la même diminution , l’air du récipient
où étoit la menthe fut alors réduit à 1 ,0 2 .
L ’air où étoit placée la tubéreufe éprouvé à
6 h. T dufoir, fut réduit à 1 , 0 6 ; &Te lendemain
à 8 h. | du matin à r , 11. L ’air où la
menthe étoit renfermé éprouvée à 12 h. avec-
l’air nitreux fut réduit à 1,02 : à 6-h. J à 1, 04 :
Je; lendemain à 10 h. ~ cet air fut feulement
,réduit à 1,05 : l’air commun de l'expérience-
enfermé par l’eau fut toujours réduit à 1 ,0 2 . 1 ■
Les récipients étoient remplis d’une Odeur fuf-
focante. Ces expériences ont été faites avec le
plus grand foin: je ne pus pas lés fuivre alorsj
comme je I’aurois fouhaité. j
Ayant repris ces expériences je les fis fur
d’autres fleurs. Je renfermai fous l’eau dans* un
récipient plein d’air, contenant ^©23 grains d eau,
5 violettes : l’air ne parut prefque pas diminué
au bout de 24 heures : .& lorfque je l’effayai par
le moyen de l’eudiomètre -, une méfure mêlée
avec une mefure d’air nitreux , fut réduite à
1 , 10, au bout de 24 h. : & l’Odeur avoit tra-
verfé deux pouces d’eau qui fermoient le récipient.
Je répétai cette expérience fur deux jonquilles
, dans un récipient contenant 5460 grains i
d’eau : l’air du vafe ne fut prefque pas diminué
: & lorfque je l’effayai par le _ moyen de
l ’air nitreux , une mefure de cet air mêlé avec
une mefure d’air nitreux fut réduite 4 1. 14 ;
l’Odeur n’avoit pas traverfé l’eau.
Une branche de narciffe, compofée de fept
fleurs, mife fous un récipient plein d’air, contenant
5513 grains d’pau , ne diminua prefque
-point l’air : une mefure de cet air mêlé avec
une mefure d’air nitreux fut réduite, au bout de
24 heures à 1. 26. Dans çe§ trois c^s il fe forma
fur l’eau de cbaïuç , que j^avôis enfermée !
Phyfîologic végétale* Tomt J.xr l . eyt Partie*
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avec les fleurs , une légère crème, de chaux ;
mais beau ne fut point troublée.
Je fis ces expériences; en expofant les récipients
au fè lp il, . parce qu’ils avôient été à rom-*
bre dans d’expérience: précédente; Ces récipients
contenoient 9 onces d’eau, l’air où les violettes
avoit féjourné fut réduit par l’air nitreux à 1, io ,
celui de jonquilles ’ à r. 08:, celui des narciffes î
1 1 07. Il y avoir fur l’eau de chaux une légère
pellicule ; mais l’eau -ne fe troubla point de
même que dans la précédante expérience. Si l’oti
prolonge dans les deux cas?le .féjour de la fleur
dansfeet air , l ’eau de.chaux fe trouble entièremenr.
• ■ i Ce changement me fit foupçonner que la
partie verte dés fleurs contribùoir peut-être à gâter
l’air en fe gâtant elle-même. dans cet aie
humide. Je mis, pendant 24 heures, 2 jonquille^
fans calices & fans queues dans des récipients
femblables ; &: je- fis la même expérience avec
des jonquilles, ayant leurs calices & leurs queues.
Dansîle premier cas > au. bout de 24 heures; l’aip
-du récipien t mêlé avec l’air nitreux, dans des
quantités égales , fut réduit à 1,06 ;. dans lefe-
; condi à 1 ,0 9 . Dans une autre expérience' pa-
! Treille l’air du récipient des jonquilles fans calices ni
queues, au bout de 24 heures,.mêlé en quantité
égale avec l’air nitreux , fut réduit à 1 , 11 : celui
des jonquilles , qui avoient leurs calices &
leurs queues , traité de la même manière , au
b0lit du même tems , fut réduit à 1 , 17. L ’air
commun mêlé avec l air nitreux fut réduit â 1 , Q.i.
Je plaçai un bouquet de rue dans un réci-r
pient femblable aux précédents, il ne fut point
ëxpofé au foleil : au bout de 8 heures l’air du
récipient, mêlé avec de l’air nitreux, fut réduit-
à 1 ; 04,-& au bout de 24 heures, à 1 ,0 9 . Uq.
gros bouquet de tanaifie, placé de la même ma*
nière , me donna, à très-peu de çhofe près , les_
mêmes réfuhats. >
Je ;fus curieux d’effayer enfuite l’aéHon des
autres, corps odorants fur l'air , de la même manière
, en obfervant leur effet fur l’eau de
ohaux.: les récipients contenoient onze onces d’eau.
L ’Odeur du camphre traverfoit deux pouces
d’eau : il ne fe forma point de crème dp chaux
fur l’eau : l’air du récipient, au bout de 24
heures ,. effâyé par l’air nitreux, mt réduit k
1 0:5 , & au bout d!e 4 jours à 1 , 1 1 .
L ’Odeur de Vhuile de térébenthine traverfoit
l’eau ; il fe forma une crème légère fur l’eau dé
chaux; l’air du récipient fiit réduit, au bout de
24 heures par l’air nitreux, à 1 ,0 7 , au bout
dë 4 jours : à 1 ,14 .
L ’Odeur de l!huile de menthe poivrée trayer-
foit l’eau : il fe forma une crème très-légère
fur l’eau de chaux : l’air, dq récipient, au bout
de 24 heures, fut réduit , par l’air nitreux à
1 06, au bout de 4 jours à 1 , 4r.
L ’Odeur de l’huile de thym offrit les mêmes
réfuluts que la précédente i l’air du^réçipient^