
M- de Villehervé croit que le ÊlatiC eft produit
par une fève mal élaborée qui filtre au travers
des bouquets de feuilles, dont les bourgeons
font couronnés. On voit alors difiiller de ces
feuilles & de l’écorce du bourgeon , une humeur
gluante : peut-être eft-ce la gomme qui eft plus
délayée que dans fon état naturel. Cette sève .
arrêtée pas des vaiffeaux obflrués n.e peut plus
defcendre; elle s’échappe alors au travers des
pores des feuilles qu’elle force. Quand elle efi
ainfi. répandue, les vents & la chaleur la def-
féehcnt. Audi' lorfqu’on l’obferve au Microf-
cope , elle paroîtformée par des filets particuliers, ,
placés les uns au-deflus des autres, qui femblent
porter l’empreinte du pore ou de la filière qu’ils on t
traverfé & qui leur a fervi de moule. Il au-roit
été curieux d’étudier chymiquement cette matière
blanche : on auroit pu découvrir fa nature.
Mais j ’aurai peut-être occafion de continuer cette
obfervation. Voye^ Sucs des Pl a n t e s , Sè v e .
L ’Auteur du Di&ionnaire d’Agriculture ne
croît pas que cette matière cotonneufe foit une
gqmrne , le goût fucré qu’il lui trouva, 1 avidité
que les pucerons démontrent pour s en nourrir,
les font foupçonner que c’eft une fubfiance analogue
au Mie l la t.
En examinant ces faits avec attention, on
voit d’abord que la fève afcendante n’efi pas
gênée dans fa courfe, puifque la maladie ne fe
manifefte que dans les parties les plus éloignées
des racines. Si la maladie avoir été produite par
une circulation gênée de la fève,, ou même par
une fève altérée, il efi évident que le mal auroit
dû le manifefier dans tous les lieux- où la -fève
paffe. Il fembleroit de même que la fève dépendante
n’efi pas la caufe de ce Blanc, puifque
l’écorce traverfée par cette fève defcendante
n’efi point viciée, puilque 1 arbre efi d abord fain
comme les feuilles, depuis 1 extrémité des branches
qui font les premières infeélées , & qui font
infeélées long-tems avant que P mal fe communique
au refle de l’arbre. C efi donc une
maladie locale qui attaque feulement les feuilles: &
fi l’arbre en fouffre, c’eft par la diminution de la
fève élaborée que les feuilles devroient lui fournir.
• Il feroit curieux de fuivre cette maladie avec
plus d'attention. Il faudroit rechercher îj fi ces
feuilles ont la même puiffance de fudion ou
d’évaporation que. les feuilles faines, examiner fi
le parenchyme des feuilles malades contient
autant de parties réfineufes que dans leur état
naturel, voir l’effet de 1 obfcurité fur elles,
examiner comment elles tiennent a leurs tiges ,
quand elles commencent a S'en détacher ., quelle
efi la quantité & ta qualité, de 1 air pur fourni
par elles fous l’eau au fole il, étudier 1 état des
pores, des fibres, des vaiffeaux. Je voudrois qu on
fournît ces feuilles au inicrqPopè, après les avoir
fournis à ta macération. Voilà ce que je tâcherai
de faire pendant cet été, St dont je rendrai cdtn-»
p te quelque part.
M. de Villehervé croit qu’on peut prévenir
lesfuneftes effets de- ce Blanc, en coupant les
branches à trois ou quatre yeux plus bas que
laparde malade. Le fuccès de ce remède prouverait
que ta maladie efi locale, puifque ta même fève en
développant de nouveaux bourgeons ne repro—
duiroit pas fés mauvais effets,. quoique 1a sève
dût être plus abondante dans les autres feuilles.
L ’Auteur du Diélionnaire 'd’Agriculture indique
avec raifon tes arrafemens en pluie comme
un remède falutaire ; parce que les feuilles ainfi
lavées, perdent cette humeur épaiffie qui gêne 1a
tranfpiration ; & parce que l’épiderme de feuilles
ainfi humeétées , reprend peut-être le degré dé
tenfion qui lui convient. Mais il efi important
de remarquer que les feuilles reçoivent pendant
ta nuitbeaucoup d’humidité avec de l’Air fixe , &
quelles rendent pendant le jour beaucoup d’A ir
pur , de forte qu’iLeft très-important que lespores
excrétoires & fécrétoires foient ouverts pour pré*
venir une diète ou une pléthore dangereufes.
BOIS. M. le Chevalier de ta Marck définit le
B o is , cette partie du tronc parfaitement ligneufe
placée fous l’Aubier. C ’eft une maffe de fibres ,
compaéle & très-dure-, produite par la continuité
du refferrement de l’aubier. Elle efi la caufe de ta
force des arbres & fait leur foutien.
On découvre bien-tôt le Bois., dans ta feéfion
tranfv.erfalç des tiges & des branches. On le. distingue
de l’ecorce & de ta moelle, par 1a couleur
plus ou moins brune, par fa dureté qui efi beaucoup
plus grande, par fa denfité qui efi plus con*
fidérable, par fon organifation particulière. Voye\
Ecorce, Moelle. Mais cette zône, qui efi entre l’écorce
& la moëlle,n’eft pas parfaitement femblabîe
à elle-même dans toute fa lurface;la partie la plus
voifine de l’écorçe efi feulement un Bois ébauché,
moins;parfait que le refie, & femble faire une
nuance entre l’écorce & le Bois. Voye\ Aubier.
Je me borne ici à m’occuper du B o is , fous
tous les rapports dans 1a Phyfiologie des plantes,
& je commence par fa defcripdon Anatomique.
J ’obferverai d’abord que chaque arbre a une
difpofition organique différente dans fon écorce
& dans fon Bois : peut-être même que lés vaiffeaux
qui forment ces organes ne fe reffemblent
pas plus que leur combinaifon : mais fur ce dernier
article on ne peut faire que des conjectures :
au lieu que 1a différence dans ta compofition des
bois des différents arbres efi un fait bien démontré.
Il y a néanmoins une très-grande reffem—
blance à divers égards dans les Bois de tous les
arbres : aufîi je me contenterai d’en faire une
defcription générale , parce que les différences
ne font pas éffentielles.
Quand on a enlevé l’écorce d’upe tige ou d’une
branche, on trouve l’aubier, & le Bois quelle
•recouvre. Si l ’on coupe tranfverfalement cette
tige
cîae dépouillée de fon écorce , on voit bientôt
qu elle eft compofée de couches concentriques
qui l'enveloppent, & qui ne d.ffèrent emr elles
que par leu? place , leur dureté, leur couleur &
leur denfité; i |J$ ... .
Chacune de c.es couches étudiée * leparément
offre le même fpetfaclc. En pénétrant ^vec des
verres & après une macération prolongée les
couches du Bois de chêne, on croit facilement
que chacune peut fe divifer en d autres couches
plus minces qui fe recouvrent de même, & qui
•font peut-être encore divifibles en d’autres couches
plus légères, fuivant les belles obfervations
de M. Duhamel. Quand on cherche à pénétrer
la nature de ces feuillets corticaux , par la macération
& les microscopes, on voit qu ils font
compofés de fibres ligneufes ou de vaiffeaux
limphatiques : & comme ces fibres font très-
divilibles, les couches formées par ces fibres doivent
être aulfi divifibles qu’elles. On difimgue
•fouvent ces fibres longitudinales quand on fend le
Bois dans leur direction. Voye% F ibres, V aisseaux
L imphatiques.
. Le Boisn’eft donc qu’un compofé de fibres ou
de vaiffeaux. Mais ces fibres ou ces vaiffeaux ne
font pas couverts d’oeils ou d’ouvertures fembla—
blés à ceux que j’ai fait remarquer dans 1 aubier ;
les intervalles des fibres n’,y font pas remplis
comme dans l’aubier par une matière floconneufe.
Audi ces intervalles produits par 1a rondeur des
fibres difparoiffent à mefure que le Bois fe durc
it : il fembleroit même que, dans certains arbres,
comme le chêne crû dans -des lieux fecs , ces
- fibres s’anéantiffent par leur réunion & bp B°is .
devient une maffe compare qui ne lame plus
remarquer ces filtres féparées. On peut cependant
toujours diftînguer ces fibres dans les arbres -
dont le Bois ne durcit pas beaucoup comme le
poirier. - .
Quand on déchire un morceau d’aubier, il
•arrive fouvent, comme Hill l’aobfervé , que. les
fibres près de la déchirure reftent plates, foit parce
.que l’évaporation peut les avoir defléchées, ^ foit
parce que le fuc qu’elles renferment peut s être *
écoulé. Mais ce qu’il K a de remarquable, c’ eft ;
que les filets du Bois confervent toujours leur
forme.
’ Les fibres longitudinales du Bois forment les
couches ligneufes, ces fibres fe rapprochent , fe
lient parallèlement dans quelques arbres, comme
te faute & le peuplier ; fous ta forme d’un ré-
feau,'dans d’autres arbres , comme le grofeillier.
, Ce n’efi pas que cette organifation réticulaire
n’exifte peut-être de même dans les autres arbres*,
car le Bois efi le tiffu cellulaire endurci & le
tiffu cellulaire eft vraiment un r.éfeau -, mais ce
réfeau ne s’apperçoit bien-tôt plus à caufe de fa
fineffe, de la dureté du Bois & de l’identité de
la couleur de fes fibres avec celles du tiffu cellulaire.
D’ailleurs comme il y a des fibres de l’é-
ffhyjiologie végétale. Tome Iser I ,ere Partie*
corce qui communiquent au travers du Bois
avec la moelle , on eft forcé de reconnoitre les
mailles du réleau ligneux qui leur fervent de
paffage.
Il eft aifé de comprendre que le tiffu des
vaiffeaux ou des fibres dans l’écorce doit être celui
des vaiffeau'x ou des fibres dans le Bois, avec ta
différence produite par l’état de perfection que
le Bois peut avoir acquis. 11 réfuite de-là que
les fibres ligneufes qui ont été une fois corticales,
doivent être comme ces dernières compofées de
différentes efpèces de fibres *, ce qui fait que les
Bois doivent vârier comme leurs écorces.
Les Bois font compofés, i.° des vaiffeaux
lymphatiques qui ne paroiffent pas contenir ta
lymphe comme dans l’écorce , car le Bois
comprimé ne rend point de lymphe; l. ° Des
vaiffeaux . propres qui s’entrelacent avec les
vaiffeaux lymphatiques & qui contiennent le
fuc réfineux' de 1a plante ; on . voit au moins
ce fuc découler de ces vaiffeaux quand on
;■ coupe tranfverfalement des branches de pin , de
picea, ou de figuier , & les gouttes de ce fuc qui
s’échappent montrent ta polition circulaire des
vaiffeaux qui le contiennent : tout comme on
voit dans ie fapin une couche de bois blanc 8c
une couche de bois plus brun qui luit ia première
& qui fournit laréfine. M. Duhamel conjecture,
avec beaucoup de raifon , que chaque eipèce de
ces vaiffeaux forme des couches particulières &
très-diftinéles.
Il paroît que les vaiffeaux propres du Bois
font plus déliés que ceux de l’écorce , foit
parce qu’ilsfont plus comprimés ou moins remplis.
3.0 On trouve^encore dans le Bois les trachées
on vaiffeaux a a ir , ces vaiffeaux font particuliers
au Bois : on ne les obferve pas au moins dans
l'écorce: 8t fi l’on trouve ces trachées dans les
feuilles 8t lès pétales , elles y font peut-être produites
par le développement de quelques filets
ligneux. Ces trachées font bien remarquables-:
elles font des bandés brillantes, roulées comme
un ruban étroit fur un fort petit cylindre ; ce
ruban forme un étui aufli-tôt que le cylindre en
eft retiré ; & ces bandes comme le ruban fe déroulent
fi on les tiré par un des bouts. Lewenhoêk
croit avoir vu ces trachées dans ia partie herbacée
des branches: qui deviendront ligneufes. Mais
M. Duhamel affure qu’il n’a pas pu les découvrir.
Cependant ces trachées font- dans le Bois ; il faut
quelles aient été dans la partie de l’écorce dont
le Bois a été formé : peut-être fe font-elles développées
: peut-être exifloient-elles d une autre
manière. Comment paffent-elles dans les pétales?
Les voit-on ‘dans les pétales cachées fous l’enveloppe
des boutons ? Quoi qu’il en fo it , c’eft un
problème de Phyfiologie végétale , dont la folu-
tion feroit curieufe & importante. Koyej
T r Achée.
U m’a paru intéreffant de faire quelques expé