
210 P E T
3.* Le jaxine rougit fouvént ; mais il y a
toujours des traces de jaune, comme on l’obferve
dans les primevères.
q.° Le blanc fé tache quelquefois avec d’autres
couleurs ; le cheiranthus blanc rougit fou-
vent quand fa fleur eft fur le point de palier.
5-° Le jaune blanchit ; mais il prend rarement
une autre couleur. M. Schranck n’en a vu
qu’un exemple dans là Belîis perennis.
6 .e La couleur écarlatte ne change point.
y.° Le bleu ne devient jamais jaune.
8.° Il y a des genres qui affeétent toujours
une certaine couleur : les campanules, les véroniques
ont des fleurs bleues; les hieracia font
jaunes, les dianthi rouges, les ftellaria blanches.
' .
9 -° Il paroît de-là que les plantes parfaitement
jfemblables qui différeroient feulement
par la couleur des organes de la frudification
pourroient être foupçonnées d’une autre efpèce.
10.0 Ce foupçon devient prefque une- certitude
li les graines des plantes précédentes pro-
duifent des plantes dont la couleur des Pétales
foit toujours différente.
1 1 Si la couleur attribuée à une efpèce efl
auflï confiante dans une efpèce, quelle efl
extraordinaire dans fon genre, cette couleur
doit être regardée comme une différence fpéci-
fique*, telle efl la couleur rouge dans les fleurs
de la campanula thyrjoidea.
La forme des Pétales efl aufll variée qu’il efl
poflible. Mais K comme cette forme efl affez
confiante dans chaque efpèce de plantes, les
Pétales fourniffent un caradère botanique dont
on fe fert utilement.
Les Pétales ne font pas pliés de la même
manière dans leur bouton : il paroît qu’il y a
une grande diverfité dans cet arrangement. Mais
ils y font tous placés de là manière la plus convenable
à leur nature & à leur développement :
car ces Pétales, qui font très-délicats, doivent
croître dans ce petit efpace, faire violence aux
enveloppes qui les recouvrent, & s’épanouir fans
déchirement. Ils font pour cela couchés les uns
fur ies autres; ils fe contournent en pointe dans
la rofe ; ils s’appuient réciproquement dans la
renoncule. Mais cette variété efl trop grande
pour la peindre ici dans fes détails. Il fatnlaiffer
ce foin aux Bofaniftes qui fe fervent utilement
de cette particularité pour faire connoître les
plantes!
L ’aecroiffement des Pétales fe fait comme
celui des autres parties des végétaux. L'affluence
de fucs propres, néceffaires à les nourrir, remplit
les mailles du réfeau qui les forme & les
étend autant qu’elles peuvent être érendues :
T é tu i, qui les renferme, a pris alors tout fon
accroiflèmem, il ne peut réfifler à la preflion
q ïfil éprouve par l’augmentation du volume
P E T
des Pétales qui repouffent fes parois naturellement
entr ouvertes : l’étui dilaté s’ouvre alors
davantage & donne libre paffage à la fleur qui
s’épanouit. Koyq Bouton.
La durée des Pétales n’efl jamais longue ;
mais il y en a qui ne voyent qu’un feul
foleil.
Quant à l’ufage des Pétales, on ne fauroit
mettre en doute fa réalité, quoiqu'il ne foit
pas clairement établi. On ne peut imaginer que
la. Nature ait déployé tant de richefles & de
variétés dans les nuances des Pétales, pour procurer
un fpeélacle.ftérile. 11 femblèroit pourtant
que les Pétales ne font pas indifpenfablement
néceffaires au fuiccès de la végétation ; puifqu’il
y a une dixaine de plantes qui en font dépourvues,
& qui fourniffent néanmoins des
: graines fécondes. 11 paroît pourtant que les
Pétales fervent d'enveloppe aux piflils & aux
étamines : mais ce ne pourr-ojt être leur but
unique; puifque ces Pétales font très-variés
pour le nombre. & la figure , dans les différentes
plantes ; & puifque celles dont les fleurs ont
le plus de Pétales, comme celles qu'on appelle
, doubles, font fans piflils & fans étamines. J'ai
coupé des Pétales à divérfes fleurs épanouies,
& je n’ai pas trouvé que ce retranchement nuisît
à la fécondation.
Les cerifiers feuls n’ont donné aucun fruit,
quand j’ai enlevé aux fleurs leurs Pétales, ou
quand je les ai découpés. JVI. Muflel a obfervé
que lorfqu’on coupoit trop-tôt les Pétales des
fleurs, le fruit périffoit : mais il n’a pas. dit ce
qu il appelloit trop-tôt. Je n’ai pas voulu couper
le Pétale dans les boutons-, de peur de gâter
les piflils & les étamines : mais je les ai coupés
au moment où ils fortôient du calice,1 dans les-
fleurs légumineufes. M. Necker a-fait cette expérience
en 1783, fur ïAquilegia vulgaris, &
: 1 e-Chirantus c h é r i, de Linné;1. 11 ehoifït trois
boutons à fleurs bien fermés, fur chacune de
ces plantes^: il fépà'ra avec foin les parties du
calice & lés Pétales, de manière que lés piflils
& les étamines ne paroifll ient pas avoir fouf-
fert de cette opération ; il mit ces flx fleurs
ainfï déshabillées à l’abri de la pluie, pour éviter
les obftacles à la fécondation : il arrofa la plante r
■ ril vit les étamines fe développer, répandre leurs
pouflières fur les piflils ; mais il n’y eut point
de graines fécondes, & le piflii ne prît aucun
aecroiifement. M. Necker attribue avec beaucoup-
de raifon cet avortement au déchirement occa—
fîonné par le retranchement du calice & des
pétales; Les, vaifleaux de ces différentes parries,
qui s’abouchoient pour fe nourrir, ent été peut-
être coupés, & la nourriture portée par ces vaifà
féaux fut fuppriijnée. L'avortement ne feroit; donc
pas produit, parce que la plante n’a pas été
fécondée* mais parce que le piflii n’a pas p
P H Y
Être nourri. A ci a Académies Theod. Valut. T.
v , p- 42- ■ _
M. Muflel croit encore que le fruit fouffre,
lorfqu’on coupe les Pétales avant qu’ils tombent.
Je ne le comprends pas; mais je n'ai
pas pu l’obferver.
On peut croire que les Pétales fervent à
élaborer les fucs, pour les piflils & les étamines:
mais fi la fécondation fe fait, lorfque les Pétales |
font retranchés, alors cet ufage paroît moins
fùr ; quoique cependant ils auroient pu fervir
au développement des organes fexuels , fans être
utiles, lorfque ces organes ont acquis leur perfection.
On fait pourtant que les pétales ne fe
forment daosle bouton, qu’après les étamines
& les piflils ; mais, quand la fleur s’épanouit,
ne paroiffent qu’après ces organes : au refle,-les
écailles du bouton auroient remplacé les Pétales
au commencement de fon développement, tout
comme les Pétales peuvent remplacer ces
écailles, lorfqu’elles font tombées ; foit pour
favorifer l’abord de la fève, foit pour fervir
d’étui, comme elles. En général, il me paroît
que les Pétales reffemblent aux feuilles, à tant
d’égards, qu’ils peuvent avoir aufli des, ufages
approchons, fi ce ne font pas les mêmes.
Les expériences de M. Bonnet font voir
que les Pétales tirent l’eau par leurs deux fur-
faces : ce qui feroit foupçonner qu’ils afpirent
comme les feuilles, l’eau chargée d âir fixe, &
qu’ils Concourent, à leur manière, à la nourriture
des organes générateurs. Mais il ne paroît
pas que la' lumière leur faflè rendre aucun
air, & par conféquent qu’elle agiffe fur les
Pétales commq' fur les feuilles.
Les couleurs".du plus grand nombre de Pétales
font réfino-gommeulès. Un grand nombre
de Pétales fe colorent dans la plus profonde
obfcurité : comme je l’ai vu dans la petite
tulipe hâtive, que j’élevai fous un tube de fer-
blanc; elle fut completteinent étiolée dans fes
feuilles; mais fes Pétales furent peints avec'
leurs- vives couleurs.
PHYSIOLOGIE végétale. J ’ai préféré ce mot,
pour indiquer la fcience qui nous découvre
l ’organifation des plantes, & l’hiiloire de leur
v ie , à celui de Phyfique végétale, que M. Duhamel
avoit adopté , parce que le premier me
paroît avoir une acception plus particulière que
le fécond.
La Phyfiologie végétale indiquedonc la fcience
qui nous fait connoître la nature des végétaux,
leur économie dans l’état de vie & de lamé.
Elle étudie leurs parties & leurs ufages. Au lieu
que la Phyfique , bornée à la recherche des
corps naturels, nous inftruit des phénomènes
que ces corps:offrent à nos fens, lorfqu’ils font
féparés de leurs effets naturels, par les com-
binaifons, auxquelles on les foumet, pour leur
feins exprimer plus nettement leurs propriétés.
P H Y 21c
La Phyfiologie s’occupe des corps organifés:
la Phyfique de ceux qui ne le font pas. Mais
la première ne fauroit exifter fans la fécondé;
parce que, pour la première analyfe des êtres
qui ont leurs parties formées par des corps naturels
, il faut connoître les rapports de ces corps
& leurs effets afin de fe faire une jufte idée des
organes, dans la compofition defquels ils entrent
ou avec qui ils doivent fe combiner.
La Phyfiologie'végétale, s’il y avoit une fcienc®
qui pût mériter ce nom , nous enfeigneroit
l’organifation générale des plantes, la flrutlur«
de leurs organes particuliers, la liaifon de leurs
parties, leurs,rapports avec les différens êtres
qui ont fur elle quelqu’influence. Elle nous
découvriroit les fecrets delà nutrition,.de l’a c -
eroiffement, depuis le moment où la graine
commence à germer, jufqu’à celui où la plan-
tule atteint fa perfeélion. Elle nous menrreroit
enfuite fa dégradation jufqu’à la mort. Elle nous
dévoileroit les myflèrcs de fa reproduction, foi«
par graine, foit par boutures, foit par marcottes,
foit par greffes, &c. Elle nous donne-
roit une hiltoire complette de la plante & de
fes parties, dans tous les inflans de fon exif-
tence. Elle nous y traceroit les caufes de fes
maladies & de fa deflruélion, comme celles de
fa vigueur & de là durée. Tous les organes des
végétaux à découvert mettroient fous nos yeux
leurs opérations. Nous connoîtrions les fluides
qu’ils préparent. Mais nous faurions tout ce que
nous ignorons, & tout ce que nous croyons
important de rechercher.
. Cette Science eft aufll épineufe qu’elle efl
intérefiànte. Une foule d’obflacles rendent les
fuccès incertains, & font craindre la lenteur
de fes progrès. Plufieurs objets différens .s'offrent
en même-tems à notre examen : mais ces objets
confidérés comme des folides ou des fluides, ou
comme agiffant les uns fur les autres, font éga—
i lement couverts de ténèbres. Aucun des organes
des végétaux n’efl bien connu. L ’écorce, fou
parenchyme nous échappe encore. Le réfeau
cortical, le réfeau qui le recouvre, ces parries
que M. Defauffure a le premier découvert &
fi bien développées, lui iaiffent encore bien des
, chofes-à regretter. Les fibres des végétaux font
bien plus inconnues encore. On ignore leur
nature, leur origine, leur ulage : à moins de
regarder les trachées, ou les vaifleaux à air
avec M. Hedwig, comme l’origine des fibres
ligneufes. Mais quelle que foit la partie-des v égétaux
qu’on veuille étudier, il n’y en a aucune
qui ne fourniffe une foule de problèmes info-
lubles, & qu’il feroit très - important de refondre,
pour connoître la végétation & les végétaux.
Cette connoiflànce ne fervîroir pas feulement
à latisfaire la curiofité, en nousfàifant pénétrer
les mvftères d'une partie confia érable des corps